Tribunal pénal fédéral. Dans l’affaire du diplomate égyptien tué, l’accusé principal réaffirme son ignorance
Le Tribunal pénal fédéral a commencé vendredi l’audition de l’accusé principal dans l’affaire de l’assassinat d’un diplomate égyptien en 1995 à Genève. Ce vendeur de voitures de 55 ans a eu parfois du mal à répondre aux questions précises du président de la cour.
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ATS
13 décembre 2024 à 11:54, mis à jour à 17:39
Le président Jean-Luc Bacher a rappelé les éléments matériels qui incriminent le prévenu ainsi que sa compagne d’alors, accusées de complicité d’assassinat. De l’ADN et une empreinte ont été mis en évidence sur le silencieux retrouvé sur le lieu du crime. Cet atténuateur de son a été bricolé avec de la mousse d’appuie-tête de voiture et de la bande autocollante.
L’accusé a réaffirmé n’avoir jamais vu cet objet. Durant l’enquête, il avait exprimé l’hypothèse qu’il aurait pu le ramasser quelque part, ce qui expliquerait la présence de ces éléments.
Le président lui a rappelé une phrase échangée à voix basse avec son avocat lorsque la police l’avait confronté pour la première fois à ces éléments: «J’ai été rattrapé par la technique…» Pour le prévenu, ces paroles ont été mal interprétées, il voulait juste exprimer son ignorance des techniques forensiques et une forme de lassitude.
Le témoignage de l’agent infiltré dans la cellule du vendeur de voitures à Champ-Dollon a aussi été évoqué devant la Cour des affaires pénales. L’intéressé aurait mimé à plusieurs reprises avec sa chaussure comment le silencieux pouvait avoir été fabriqué.
Il aurait aussi parlé d’un accident de moto en 1988, qui lui aurait réduit la mobilité de sa main gauche. Ce handicap ne l’a pas empêché de travailler durant 30 ans dans la mécanique automobile, a relevé le procureur fédéral Marco Renna.
Répéter des interrogatoires
Selon le collaborateur infiltré par la Police fédérale (Fedpol), l’accusé lui aurait demandé de jouer à l’enquêteur afin de tester des scénarios d’interrogatoire. Il aurait aussi parlé du fils du président Hosni Moubarak qui gouvernait l’Egypte à l’époque.
Ce dignitaire serait venu à Genève peu avant l’assassinat pour «recruter des mercenaires». Il serait descendu à l’Hôtel Métropole. Le prévenu aurait dit craindre «d’être éliminé par les services secrets égyptiens».
L’accusé a aussi été confronté à des écoutes où il avertissait une connaissance au Canada de ne pas venir en France ou en Genève parce qu’elle était recherchée. Il avait ensuite envoyé un message «13.11.1995», puis avait précisé «La date où le Monsieur il est mort». Comme sur d’autres points, l’intéressé a expliqué ces communications par des «embrouilles» sur des voitures.
L’audience se poursuit. Le prévenu sera aussi interrogé sur les viols et l’agression ainsi que sur les délits financiers qui lui sont reprochés. Il conteste la plupart de ces griefs et est présumé innocent.