Réserves de gaz. comment éviter la pénurie?
Le Conseil fédéral a préparé un plan pour prévenir une pénurie de gaz naturel cet hiver en Suisse
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30 juin 2022 à 04:01
Energie » Et si le gaz venait à manquer en Suisse cet hiver? Le scénario n’a rien d’hypothétique avec la Russie qui est en train de resserrer le robinet du gaz qu’elle exporte en Europe. A Berne, c’est le branle-bas de combat pour éviter une rupture d’approvisionnement aux allures de film catastrophe. Les conseillers fédéraux Simonetta Sommaruga et Guy Parmelin sont venus présentés hier aux médias le plan qu’ils ont mitonné avec les principaux acteurs de la branche.
1 Faut-il vraiment s’inquiéter?
Sans verser dans le catastrophisme, il y a des raisons d’être inquiet. «A la veille des vacances d’été, nous aurions voulu vous parler d’autre chose que d’une nouvelle crise», a tenté de désamorcer Guy Parmelin. Simonetta Sommaruga s’est montrée plus directe: «Nous sommes confrontés à une guerre en Europe et à une crise énergétique mondiale. Dans un tel contexte, il n’y a pas de certitude.» La ministre de l’Energie a confessé que la situation était «tendue» et que cela s’était encore «renforcé ces dernières semaines».
2 Quelle dépendance au gaz en Suisse?
En comparaison internationale, la Suisse mise peu sur le gaz. Mais il remplit tout de même 15% des besoins énergétiques. Il y a 300 000 ménages qui se chauffent au gaz. D’où les craintes pour cet hiver: «La Suisse consomme 35 térawattheures (TWh) de gaz par an, dont 30 TWh en hiver», précise Martin Schmid, président de l’Association suisse de l’industrie gazière.
3 Quel est le plan pour éviter une pénurie?
Depuis le mois de mars, le Conseil fédéral travaille avec l’industrie gazière à l’élaboration d’un plan pour éviter une pénurie cet hiver. Celui-ci repose sur trois piliers: la création de réserves de stockage à l’étranger, des options sur des livraisons de gaz non-russe et des recommandations pour économiser la ressource. L’objectif est que chacun de ces piliers assure 6 TWh chacun. Pour ce qui est des réserves de stockage, près de 3,8 TWh sont déjà garanties.
4 Pourquoi stocker du gaz à l’étranger?
Pour l’heure, la Suisse ne dispose pas de capacité de stockage sur son territoire, même si Guy Parmelin a évoqué un projet à l’étude dans le Haut-Valais. D’où la nécessité de constituer des réserves à l’étranger, malgré les risques. Personne n’a oublié qu’au début de la crise du Covid, des masques achetés par la Suisse avaient été bloqués en route.
De ce point de vue, la Suisse romande semble mieux protégée, car elle pourrait bénéficier d’un accord existant avec la France. La Confédération aimerait faire de même avec l’Allemagne. Les conseillers fédéraux Simonetta Sommaruga et Guy Parmelin ont eu l’occasion d’en discuter le mois dernier avec le vice-chancelier allemand Robert Habeck dans le cadre du Forum économique de Davos.
5 Quels conseils pour économiser le gaz?
Directeur de l’Office fédéral de l’énergie, Benoît Revaz l’annonce: «Nous préparons une campagne de sensibilisation pour économiser la consommation. Elle démarrera après l’été en prévision de la saison de chauffage.»
En attendant, l’Office fédéral pour l’approvisionnement économique du pays (OFAE) publie déjà un appel à réduire la consommation sur une base volontaire. «Chaque degré de moins pour le chauffage, c’est entre 5 et 7% de gaz économisé», explique Guy Parmelin. L’OFAE recommande des températures maximales allant de 18°C dans le salon, jusqu’à 22°C dans la salle de bain et 16°C pour les chambres à coucher d’adultes.
L’eau chaude peut aussi être source d’économie: ne pas rincer la vaisselle à l’eau courante, préférer la douche au bain ou arrêter le chauffe-eau durant une absence prolongée. Enfin, en cuisine, privilégiez les produits qui nécessitent peu de temps de cuisson!
6 Le salut par les bicombustibles?
Un certain nombre d’entreprises sont équipées d’installations bicombustibles, à savoir qui peuvent fonctionner au gaz ou au mazout. Si la pénurie menace, elles seront tenues de commuter sur le mazout. Le Conseil fédéral les appelle d’ores et déjà à remplir leurs citernes malgré le niveau élevé des prix. «Si tout le monde attend l’automne pour faire le plein, nous aurons un problème de logistique», prévient Guy Parmelin.
Le ministre de l’Economie a aussi indiqué que le Conseil fédéral planche sur des restrictions d’utiliser le gaz dans des domaines non essentiels. Et de citer «le chauffage des piscines, des bâtiments non occupés et des halles de gymnastique». Si cela ne devait pas suffire, un contingentement est envisagé. Il épargnerait les ménages privés et les services essentiels.
7 Quels effets sur l’électricité?
La pénurie de gaz pourrait avoir un effet domino sur l’électricité, dans un marché déjà très tendu. Ce n’est pas le cas en Suisse, mais environ 20% de l’électricité en Europe est produite par du gaz. Le Conseil fédéral a déjà pris là des mesures. Des réserves devront être constituées cet hiver sous forme de retenues d’eau par des barrages. Il a aussi créé une bouée de sauvetage sous la forme de liquidités à hauteur de 10 milliards de francs qui pourraient être avancées aux géants suisses (Alpiq, BKW et Axpo) pour protéger l’approvisionnement sur les bourses européennes. Au besoin, là aussi des mesures d’économies et de restrictions pourraient être prises.
Bref, en prévision de cet hiver, il serait peut-être sage d’envisager l’achat d’une nouvelle doudoune… avec PAS
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