Pour Francine*, l’arrivée à l’âge de la retraite n’est pas le soulagement qu’il aurait dû être. Cette ancienne secrétaire, qui fêtera ses 64 ans en avril, appréhende chaque jour qui la sépare de la rente AVS. «Nous allons perdre nos prestations complémentaires», explique-t-elle sobrement. Pour quelques centaines de francs, Francine et Jacques*, ancien petit patron à la retraite, au bénéfice d’une rente pleine AVS, dépasseront les barèmes de cette aide versée par le canton.
C’en sera fini de l’aide au logement, des transports publics gratuits et des frais médicaux pris en charge. Pourtant, le couple vit déjà chichement. Sans fortune, ni second pilier très conséquent, il voit l’angoisse du lendemain ressurgir malgré une vie de labeur bien remplie. «Nous ne sommes pas tellement à plaindre, nous ne sommes pas à la rue, mais ce n’est pas normal. Nous ne devrions pas avoir besoin de l’aide sociale pour vivre dignement. C’est pour ça que la treizième rente AVS est si importante», dit-elle spontanément.
Sous le seuil de pauvreté
Au 25, rue du Vieux-Billard, le siège genevois de l’AVIVO, l’association de défense des retraités, la campagne pour l’initiative s’affiche et occupe les conversations. «Certains retraités vivent bien en Suisse, mais ici nous voyons surtout ceux qui ne s’en sortent pas et ils sont de plus en plus nombreux», témoigne son président Ueli Leuenberger.
Pour près d’un résident suisse sur six, la retraite est synonyme de pauvreté, selon l’Office fédéral de la statistique. C’est deux fois plus que pour l’ensemble de la population. Des femmes, des étrangers principalement, des milliers de personnes ayant eu des revenus modestes et un deuxième pilier insuffisant, voire inexistant: un demi-siècle après l’adoption du système des trois piliers, le quart des bénéficiaires de l’AVS n’ont pas de rente LPP.