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Portrait. Sabri Jouilli, enfant de la cité, baroudeur du tennis

Capitaine du TC Bulle, Sabri Jouilli, 51 ans, est issu d’un quartier difficile de la banlieue parisienne. Portrait

Tennis, portrait du Français Sabri Jouilli, capitaine du TC Bulle qui évolue en ligue B.Charly Rappo

 Pierre Salinas

Pierre Salinas

1 juin 2023 à 21:28

Temps de lecture : 1 min

Tennis » C’est l’histoire d’un homme qui s’amuse d’être devenu papa à 51 ans et qui avoue que, pour la première fois peut-être, il prend enfin le temps de souffler. Sabri Jouilli se qualifie de débrouillard – «Je me suis toujours démerdé», sourit-il. A cet adjectif duquel il tire sa force, nous ajouterons un autre, qui relève plus de la conséquence: aventureux. De son Val-de-Marne natal au TC Bulle, dont il est le capitaine de la première équipe, première équipe qui accueille demain dès 12 h Drizia Genève pour le compte de la 4e journée des interclubs de ligue B, le Français a tout vu, tout connu. Assis sur la terrasse du restaurant où il a ses habitudes, il ne lui a pas fallu assez d’une heure pour compter les jalons, nombreux, qu’il a posés, jusqu’à devenir ce père soucieux de l’avenir de sa fille et du bien-être de sa compagne.

«Le tennis m’a permis de sortir d’une spirale négative»
Sabri Jouilli

Trop de péripéties et d’anecdotes, trop de décisions fortes et de changements de cap: tel un chat qui rebondit toujours sur ses pattes, Sabri Jouilli a déjà vécu mille vies. La première renvoie à la banlieue parisienne. «Je viens de la boxe anglaise et j’ai grandi dans un quartier difficile issu de l’immigration maghrébine», raconte-t-il avant de prononcer des mots forts, déjà. «J’ai fait des choses un peu illicites, des conneries d’ado. Le tennis m’a permis de sortir d’une spirale négative. Pour cela, je lui en serai éternellement reconnaissant.»

Avec Bob Brett

Sabri Jouilli n’a pas été mieux classé que 3/6, l’équivalent de R1 en Suisse. «J’ai dû taper mes premières balles à 16 ans, sur un terrain municipal, à côté de la cité, sur une écluse. Je n’ai pas été un grand compétiteur, mais mon niveau a été suffisant pour envisager une carrière d’entraîneur», résume-t-il. Celle-ci n’aurait pas été possible sans Lionel Devigny, «un formateur réputé qui a vu quelque chose en moi», et Bob Brett, ex-coach de Boris Becker et Goran Ivanisevic notamment. «Bob Brett venait d’implanter son académie à Montreuil. Je connaissais le mec qui était au bar, c’est lui qui m’a poussé à lui demander s’il voulait bien que je l’aide un peu.»

«Il n’y a pas un seul circuit dans le monde que je n’ai pas fait!»
Sabri Jouilli

Sabri Jouilli y est allé au culot. Telle une éponge, il a bu les paroles de feu le coach australien pour mieux les appliquer à ses propres élèves. Même chose auprès de Louis Borfiga, alors responsable du centre national à Roland-Garros. «Le matin, j’étais à «Roland», où j’emmagasinais autant que possible, puis je donnais des cours de 14 h à 22 h. Les journées étaient longues et j’étais payé au lance-pierre, mais c’est la passion qui parlait.»

L’intarissable «quinqua» marque une pause avant de se faire plus sérieux: «Le tennis m’a soustrait à un environnement. J’avais eu l’exemple des anciens et je ne voulais pas faire comme eux. Avec le recul, je n’ai aucun regret. Au contraire, puisque les gars avec qui j’étais sont toujours en train de tenir les murs…»

De ses propres ailes

Nommé à la tête du tennis-études de Paris, Sabri Jouilli commence à visiter du pays. L’expérience durera 6 ans, «à raison de 55 heures par semaine, week-ends compris.» Désireux de voler de ses propres ailes, il part ensuite rejoindre un ami en Afrique, avant de se mettre à son compte. Entraîneur free-lance, qu’est-ce que c’est? «Qui n’avait plus de structure ou voulait se relancer faisait appel à moi, souligne-t-il. Cela pouvait durer de 3 à 6 mois, rarement plus, ce qui contribuait à créer une certaine insécurité de l’emploi. Il n’empêche, je me suis occupé de très bons joueurs tels que le Sud-Coréen Lee Hyung-taik (ex-36e mondial) ou le Philippin Cecil Mamiit (ex-72e mondial)» Et d’ajouter, hilare: «Asie, Asie centrale, Afrique, Amérique du Sud, Amérique du Nord, Europe… Future, Challenger, ATP, WTA, il n’y a pas un seul circuit dans le monde que je n’ai pas fait!»

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