Logo

Tennis

Marti n’a rien perdu de son mordant

Offensif, le Valaisan crée la surprise et s’impose devant plus jeune et mieux classé que lui en finale

Yann Marti, 34 ans, vainqueur pour la première fois à Marly.

 Pierre Salinas

Pierre Salinas

18 juillet 2022 à 04:01

Open de Marly » Assis au bord du court, les spectateurs ont pris fait et cause pour Damien Wenger (N1 7), le plus jeune des deux finalistes du tableau N1/R1 de l’Open de Marly. Le plus sympathique aussi, a priori. Si, pour qui a le loisir de le connaître ou d’avoir pu tailler le bout de gras avec lui, la gentillesse du 409e mondial ne fait aucun doute, qu’en est-il de Yann Marti (N2 14), dont l’attitude sur un terrain laisse souvent à désirer, osons l’écrire?

Le Valaisan jure et injure, râle, marmonne, chipote. Mais s’il prend un malin plaisir à rentrer dans la tête de ses adversaires, une arme à double tranchant qui lui a déjà joué des tours, il aime encore davantage entrer dans une balle de tennis. Hier, n’est-ce pas au filet, à grand renfort de montées à contretemps comme autant de marques d’intelligence, qu’il est parvenu à déborder celui qui, par son classement, aurait dû l’emporter? Indécis (7-5 6-7 10-5), le match aurait pu basculer dans les deux camps. Il a choisi celui du plus mordant.

Sourire déçu

Car à 34 ans, Yann Marti n’a rien perdu de son instinct «tennis», particulièrement développé. Matricule 200 à l’ATP en 2014, l’ancien membre de l’équipe de Suisse de Coupe Davis, qu’il a quittée en mauvais termes, a des casseroles aux fesses et sa carrière «derrière lui», convient-il. «Mais quand je vois ce que je suis encore capable de faire à mon âge, je me dis que j’aurais pu évoluer sur le circuit professionnel jusqu’à 37-38 ans», souffle-t-il avant d’ajouter de sa voix douce: «Sauf que mon épaule ne l’a pas voulu. Parfois, elle est comme bloquée. Impossible de servir!»

Sur son visage, un sourire déçu. «J’ai beaucoup plus de hauts et de bas que par le passé, reprend-il. Quand il faut mettre la deuxième vitesse, je n’y arrive pas toujours. Aujourd’hui (hier) par exemple, j’aurais dû m’imposer avant le super tie-break. Mais je lui ai permis de revenir dans la rencontre…»

Des leçons

Déjà, Yann Marti prépare sa reconversion. En marge des tournois dits d’argent – à Marly, il a remporté 2000 francs ainsi qu’une montre d’une valeur de 500 francs – et des interclubs de ligue A qu’il disputera cet été encore sous les couleurs de Froburg-Trimbach, le citoyen de Venthône donne des leçons. Au sein de l’Académie de Jonathan Wawrinka à Lausanne, mais aussi dans son canton natal, auprès de jeunes espoirs valaisans. «Je collabore encore avec une société qui organise des camps d’entraînement», précise-t-il.

Marti, c’est aussi une famille. Papa Jean-Marie n’est jamais très loin. Quant à sa sœur Sandy (WTA 822), qui a longtemps été aussi à l’aise avec une raquette dans les mains qu’avec un snowboard aux pieds, titres de championne de Suisse de halfpipe à la clé, elle a décidé à 30 ans de se donner une deuxième chance dans le tennis. «Je la coache un peu. Avec mon père, je l’accompagne aussi de temps en temps sur le circuit», lâche le grand frère, comme nostalgique.

Yann Marti jure et injure, râle, marmonne, chipote. Mais quand il gagne, il est poli et presque attentionné avec les journalistes. Ne mérite-t-il pas le bénéfice du doute?

Ce contenu provient de notre ancien site web. Il est possible que sa mise en page ne soit pas idéale. En savoir plus