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Tennis

Djokovic seul sur le toit du monde

Le joueur serbe a remporté hier après-midi le tournoi de Roland-Garros, son 23e titre en grand chelem


12 juin 2023 à 04:01

Tennis » Novak Djokovic est désormais seul sur le toit de la planète tennis. Le Serbe est devenu le joueur le plus titré de l’histoire à la faveur de son troisième sacre à Roland-Garros. Novak Djokovic a cueilli son 23e titre du grand chelem après sa victoire 7-6 (7/1) 6-3 7-5 sur Casper Ruud dans une finale longue de 3 h 13 min qui fut, malgré la sécheresse du score, plus ouverte qu’on pouvait le croire.

Finaliste malheureux déjà l’an dernier face à Rafael Nadal, le Norvégien a, en effet, eu sa chance dans la première manche. Il devait signer le premier break de la rencontre pour mener 3-0. Mais au fil des jeux, Novak Djokovic a su trouver ses marques pour recoller au score avant de prendre les commandes du match grâce à un jeu décisif magnifique. «Nole» s’y est montré chirurgical pour virer en tête après 1 h 21 min de bras de fer. Il s’agissait de son sixième tie-break de la quinzaine parisienne, son sixième sans la moindre faute directe commise…

Il devait ensuite ravir d’entrée l’engagement de Casper Ruud dans le deuxième set pour s’envoler vers la victoire. Malgré tout son courage, Casper Ruud n’a pas pu réussir l’impossible contre Novak Djokovic qui donne parfois l’impression d’être un véritable mur. Un joueur contre lequel gagner un point peut tenir parfois du miracle… Acquise sous les yeux de Gustavo Kuerten, Kylian Mbappé, Zlatan Ibrahimovic ou encore Tom Brady, cette victoire assure au Serbe la reconquête aujourd’hui de la place de No 1 mondial que détenait son malheureux adversaire en demi-finale Carlos Alcaraz. Il entamera ainsi sa 388e semaine dans le costume du patron. Personne n’a, bien sûr, fait mieux.

Novak Djokovic avait par ailleurs rejoint Rafael Nadal à 22 titres majeurs en janvier avec son sacre à l’Open d’Australie. Le Serbe a tiré au mieux profit de l’absence à Paris du Majorquin, victime d’une blessure tenace à la hanche gauche et hors circuit pour une durée indéterminée, pour remporter ce titre de plus qui change tout. Il est enfin devenu dimanche le premier homme vainqueur au moins trois fois de chacun des quatre titres du grand chelem. Se pencher ainsi sur les statistiques souligne combien Novak Djokovic a marqué et est toujours en train de marquer à 36 ans l’histoire de son sport.

Les félicitations de Nadal

«Ce n’est pas rien pour moi de remporter ici mon 23e titre du grand chelem parce que ça a été pour moi le tournoi le plus difficile à remporter, alors je suis submergé d’émotions», a déclaré Djokovic en recevant le trophée des mains de Yannick Noah, vainqueur il y a 40 ans. «Je suis très heureux de partager avec vous ce moment très spécial pour moi», a-t-il lancé au public qui l’a soutenu comme rarement, en espérant voir cette page de l’histoire du tennis s’écrire sous ses yeux. Avant même que Novak Djokovic ne reçoive sa coupe, il a reçu les félicitations de Rafael Nadal sur Twitter pour son «incroyable exploit».

Dans la bataille des générations, Novak Djokovic a enfoncé un autre clou en devenant le plus vieux vainqueur de Roland-Garros à 36 ans et 20 jours alors que Rafael Nadal avait 36 ans et deux jours l’an dernier. Le Serbe est le troisième joueur le plus âgé à s’imposer en grand chelem dans l’ère Open (depuis 1968), derrière Ken Rosewall (37 ans et deux mois à l’Open d’Australie 1972) et Roger Federer (36 ans et 6 mois en Australie en 2018). ats

Résultats

Paris. Internationaux de France à Roland-Garros. Deuxième levée du grand chelem (49,6 millions d’euros, terre battue). Finale du simple messieurs: Novak Djokovic (SRB/3) bat Casper Ruud (NOR/4) 7-6 (7/1) 6-3 7-5.

Finale du double messieurs: Ivan Dodig/Austin Krajicek (CRO/USA/4) battent Sander Gilles/Joran Vliegen (BEL) 6-3 6-1.

Finale du simple dames: Iga Swiatek (POL/1) bat Karolina Muchova (CZE) 6-2 5-7 6-4.

Finale du double dames: Su-Wei Hsieh/Xinyu Wanh (TPE/CHN) battent Leylah Fernandez/Taylor Townsend (CAN/USA/10) 1-6 7-6 (7/5) 6-1.

Juniors. Finale du simple garçons: Dino Prizmic (CRO/3) bat Juan Carlos Prado Angelo (BOL/8) 6-1 6-4.

Finale du simple filles: Alina Korneeva (RUS/3) bat Lucciana Perez Alarcon (PER/6) 7-6 (7/4) 6-3.


COMMENTAIRE

Une détermination et un palmarès. Mais le reste?

C’est rigolo, déconcertant et révélateur à la fois. Au moment où le tennis découvre en Carlos Alcaraz le joueur le plus complet de tous les temps, foi de glorieux anciens, il consacre aussi le joueur le plus titré de son histoire, mais qui n’est pas le plus complet, loin de là. En se défaisant hier de Casper Ruud en finale de Roland-Garros, Novak Djokovic est devenu le premier homme à coiffer 23 couronnes en grand chelem. Un chiffre impressionnant, d’autant plus éloquent que le Serbe n’a pas manqué de rivaux qui sortent de l’ordinaire comme lui. A commencer par Roger Federer et Rafael Nadal, lesquels rôdent toujours dans les parages, sans être vraiment là.

On dit du «Big Three» qu’il a laissé une empreinte indélébile sur une petite balle jaune qui n’a jamais connu pareil âge d’or. Alors, c’est qui le meilleur? Avec cette nouvelle démonstration de force de Novak Djokovic, le débat du GOAT (greatest of all time) est clos pour les uns, puisque le plus beau des records a choisi son seul et unique détenteur. Il n’est que relancé pour d’autres, alors que les plus sages se refuseront éternellement à comparer les époques.

Né sous les bombes, Novak Djokovic n’est pas né sous la même étoile que les autres non plus. Pour des raisons viscérales peut-être, il se nourrit à l’ambition, qui confine à l’obsession. Et tant pis si son état d’esprit, sa façon de faire parfois, ne plaisent pas: n’est-ce pas dans l’adversité que l’on devient plus fort? Au-delà de ses qualités mentales hors du commun, celui qui a retrouvé aujourd’hui la place de No 1 mondial est un corps malléable, capable de tous les prodiges et qui fait du «Djoker» un garçon singulier, à 36 ans encore. Là où Roger Federer a remis la technique au cœur du court, en redonnant notamment au revers à une main ses lettres de noblesse, Novak Djokovic et Rafael Nadal ont placé le jeu à des hauteurs athlétiques insoupçonnées.

Le coup droit lasso de l’un, «chonométré» à plus de 4000 tours/minute, les fentes en grand écart de l’autre, sa faculté à dépasser la douleur en veillant à la montrer ostensiblement: les qualités physiques déployées tant par l’Espagnol que par son cadet de 11 mois relèvent de l’inhumain. Copier est inimaginable, voire impossible, s’en gargariser devient presque lassant, à la longue. La question de l’héritage n’en devient que plus légitime: que va léguer Novak Djokovic au sport qui l’a fait roi? Une détermination, une mécanique et un palmarès que Carlos Alcaraz lui-même, aussi talentueux soit-il, ne peut envisager d’égaler, même si l’on n’est jamais sûr de rien. C’est beaucoup, c’est immense, c’est historique. Mais est-ce que cela fait rêver? Pierre salinas


«Je ne douterai plus de ma force»

Blessée aux côtes en mars et à la cuisse en mai, Iga Swiatek a néanmoins remporté samedi Roland-Garros face à Karolina Muchova qui l’a bousculée, et la Polonaise en tire une conclusion: «Je ne douterai plus de ma force.»

Ce troisième titre à Roland-Garros a-t-il quelque chose de spécial?

Iga Swiatek: C’est difficile de comparer. L’an dernier, c’était une confirmation que mon premier titre (en 2020, ndlr) n’était pas un concours de circonstances. Celui-là, il a été un peu plus difficile à aller chercher à cause des blessures, de la pression et du fait que je défendais mon titre. Alors je suis très heureuse d’avoir géré tout ça.

Pouvez-vous décrire vos émotions à la fin du match?

D’abord la surprise, parce que j’avais vu tous les matches de Karolina dans lesquels elle a su renverser ce type de scores. Avant la balle de match, je me disais qu’elle allait revenir. Alors j’ai simplement joué et j’ai tout donné. Et je suis très heureuse.

Comment avez-vous réussi à reprendre le contrôle du match en fin de troisième set?

Après tellement de hauts et de bas, j’ai arrêté de penser au score. J’ai fait davantage confiance à mon intuition, parce que je savais que je pouvais un peu mieux jouer si je réussissais à me relâcher un peu. Cela m’a aidée dans le troisième set. Mais honnêtement, le match a été tellement long, avec tellement de hauts et de bas, que là, je ne sais pas vraiment.

Vous avez gagné vos quatre premières finales en grand chelem. Jusqu’où imaginez-vous aller?

Je ne me projette pas vraiment. Je suis juste heureuse de ce qui s’est passé ces dernières semaines. Je ne sais pas ce dont je suis capable. Alors je vais travailler jour après jour pour jouer le meilleur tennis possible et grandir en tant que joueuse. Je ne me fixe pas à moi-même de records ou d’objectifs fous. Je sais que ce qui fonctionne le mieux pour moi, c’est de rester cool, c’est ce que je m’attache à faire. ats

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