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Sports motorisés

«Le but, c’est d’être professionnel»

Champion de Suisse de karting, le Fribourgeois Danny Buntschu s’apprête à passer la vitesse supérieure

Danny Buntschu: après le karting, la formule Renault.

 Pierre Salinas

Pierre Salinas

23 février 2023 à 02:01

Sport automobile » «De base, je suis d’un naturel réservé et introverti. Mais dès que je m’assieds derrière le volant et que je baisse ma visière, je deviens une autre personne. Un combattant. C’est ça, un combattant».

Triple champion de Suisse de karting de compétition, la première fois en étant «rookie», c’est-à-dire un débutant, la dernière en 2022 après avoir obtenu de très bons résultats à l’international, Danny Buntschu s’apprête à passer la vitesse supérieure. Finis les petits cubes, les «bleus» aux côtes, les poussettes dans l’arrière-train et les dérapages intempestifs: le Fribourgeois de 19 ans, élève de 4e année au Collège Saint-Michel, représentera l’écurie Lamo Racing Car lors du prochain championnat Trophée Tourisme Endurance (TTE) de formule Renault. Les premiers tests ont été agendés: ils auront lieu demain et samedi sur le circuit de Magny-Cours, dans la Nièvre. «Pour y être déjà allé, l’endroit est assez impressionnant. Là-bas, ça respire le sport automobile!» se réjouit-il.

Comme son demi-frère

Un coup de «boost» pour un jeune homme sérieux, à l’image de son coup de volant. Danny Buntschu aurait pu taper dans un ballon, comme l’a fait son papa Marcel, ancien milieu de terrain de Fribourg, Bulle et Guin. Il a préféré suivre la route de son demi-frère, Michaël Tinguely, dont les archives de La Liberté ont gardé trace des exploits.

«A quatre ans, j’allais déjà voir ses courses et à huit, je faisais mes débuts en compétition. Je baigne dans le milieu depuis tout petit», sourit timidement Danny Buntschu, le nez sur une feuille de notes qu’il a prises pour être sûr de ne rien oublier de son histoire. «Michaël était très bon, reprend-il. Il a été vice-champion de Suisse dans le Team Hope PoleVision. Alors qu’il était sur une belle lancée, il a dû arrêter net, faute de moyens. Ce fut un crève-cœur. Si j’ai envie de réussir, c’est bien sûr pour moi, mais aussi pour lui: pour qu’il prenne sa revanche à travers moi, si je peux m’exprimer ainsi.»

Malgré la frustration d’une carrière avortée trop vite, Michaël Tinguely n’a jamais quitté le giron du sport automobile ni le sillage de son cadet, dont il s’occupait de la mécanique lorsque celui-ci s’illustrait encore en karting. «Il reste mon plus grand soutien et sera encore à mes côtés pour la suite», précise, caché derrière sa frange et un verre de thé froid, un Danny Buntschu plein de reconnaissance.

Soutien, financier celui-là: le mot n’est pas tabou. A moins de pratiquer ce sport au-delà des frontières helvétiques ou d’être repéré par un constructeur, dont il s’agit alors de suivre la filière de formation, impossible de faire son trou sans le sou. Danny Buntschu et sa famille ont réussi à trouver quelques sponsors. Une saison de karting avoisine les 50 000 francs mais il lui en faudra le double pour amortir celle qui arrive, en formule Renault. «L’argent, c’est le nerf de la guerre. Il en manque toujours, souffle-t-il. Pour exemple, ma victoire au trophée Kartmag 2022, une épreuve importante où il y a de nombreuses têtes d’affiche, m’a ouvert des portes et permis de prendre confiance en moi. Mais elle ne m’a rapporté que 2500 francs.» Et d’ajouter: «Même si les résultats comptent beaucoup, il est important de se créer un réseau et de trouver des sponsors. Seul, impossible de percer.»

L’avant-veille

La «Buntschu family» fonctionne comme une PME, qui sillonne l’Europe au gré des compétitions du p’tit dernier. Si les courses ont lieu le week-end, Danny Buntschu doit être sur place la veille, idéalement l’avant-veille, pour finaliser les réglages avec son mécanicien et prendre part aux qualifications. Une routine qui implique de manquer des cours. Le tout sans bénéficier du programme Sports Arts Formation (SAF) de l’Etat de Fribourg qui octroie des allègements scolaires, entre autres privilèges. «Avec le collège, la donne est simple: si tu loupes, c’est tant pis pour toi. Il faut assumer!» lance le futur bachelier avant d’esquisser une grimace: «Au Cycle d’orientation, c’était beaucoup plus compliqué. Malgré mes bonnes notes, la direction ne voulait rien savoir et ne me laissait jamais partir. A tel point que j’ai dû intégrer une école privée.»

Sainte Ursule, priez pour lui. Danny Buntschu est un garçon normal qui a des rêves anormaux, mais pas extravagants. Au rayon «ambitions» du supermarché de l’automobile, celui qui vient de déménager à Guin aspire à devenir le nouveau Max Verstappen, qu’il apprécie particulièrement pour «ses prises de risques et la manière dont il sait se faire respecter». Loin du bling-bling de la formule 1, il se contenterait de vivre de sa passion. «Le but, c’est de devenir pilote professionnel. Dans l’endurance si possible», lance-t-il sans effusion de décibels, comme s’il avait déjà pris la mesure de la route qu’il lui reste à parcourir. A quand un Fribourgeois sur la grille de départ des 24 Heures du Mans?

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