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Sports de combat

Romain Collaud, dix mois après

Sacré roi de la lutte l’an passé, mais chez les jeunes, le Broyard de 17 ans brille déjà parmi les adultes

Romain Collaud dans le local de lutte d’Estavayer-le-Lac: une première couronne chez les actifs qui en appelle beaucoup d’autres.

 Pierre Salinas

Pierre Salinas

22 juin 2019 à 00:46

Lutte suisse » Le 26 août 2018 à Landquart, Romain Collaud écrivait l’histoire des culottes en jute et des ronds de sciure en devenant le premier Romand à être sacré roi de la lutte. Mais chez les jeunes, dans la catégorie «nés en 2002». Voilà qui vous pose un homme, car le Broyard, apprenti mécanicien sur machines agricoles, est déjà un homme. Malgré ses 17 ans. Pour preuve, Romain Collaud a remporté dimanche, à la Vue-des-Alpes, lors de la fête cantonale neuchâteloise, sa première couronne chez les actifs. Dans ce monde d’adultes qui ne lui fait pas peur, au contraire, il franchira un cap supplémentaire dès dimanche, au Lac-Noir, à l’occasion de la Fête alpestre du même nom. Sa première du genre, ce qui n’est pas rien.

«J’y vais l’esprit zen, en n’ayant rien à perdre. Parce que là-haut, avec tous ces Bernois et les représentants de l’association Nord-Ost, je serai un peu le Petit Poucet», rigole-t-il. Mais un Petit Poucet de 187 cm pour 105 kg, alors même que sa croissance n’est pas terminée et qu’il pourrait prendre encore cinq bons centimètres, prédit la faculté.

La grosse tête?

Dix mois après son exploit dans les Grisons, Romain Collaud s’est étoffé physiquement mais n’a pas foncièrement changé: même sourire, même numéro de téléphone, même disponibilité. La grosse tête? «J’en connais qui l’ont prise, pas moi. En tout cas, je ne l’espère pas», soupire-t-il assis à la table de la buvette du local de lutte d’Estavayer-le-Lac, où il a commencé sa carrière et où il la finira sans doute. «Y’a pas de raison.» Ce soir-là, le citoyen de Vallon a obéi aux ordres du photographe sans rechigner. Sans compter son temps non plus. Et quand il a fallu demander aux plus jeunes sociétaires de participer à la mise en scène, ceux-ci se sont exécutés avec un entrain presque aussi grand.

« Depuis mon titre à Landquart, je sens que le regard des gens est différent »

Romain Collaud

«Depuis mon titre à Landquart, je sens que le regard des gens est différent. Par exemple, quand j’arrive à la salle d’entraînement, j’entends les plus petits s’écrier: «Oh, Romain est là!» Cela fait plaisir et c’est toujours sympa. Pour leur rendre la pareille, je me prête au jeu et me «trique» volontiers avec eux.» Comme il s’est longtemps triqué avec Simon Grossenbacher, son copain de toujours ou presque. Un contemporain qui, comme lui, a coiffé sa première couronne récemment.

Nouvelle popularité

Romain Collaud est devenu un modèle, tel Vincent Roch, meilleur Fribourgeois à Estavayer 2016, était le modèle de Romain Collaud. Il est aussi devenu un produit d’appel. N’est-ce pas la photo de sa victoire à Landquart, lorsqu’il se fait porter en triomphe, qui trône sur l’affichette de la prochaine Fête de Granges-Marnand? «Quand elles me croisent dans la rue, certaines personnes viennent me serrer la main. Cela fait un peu bizarre au début. Je passe plus souvent dans les journaux aussi. D’ailleurs, je collectionne tous les articles. Même ceux publiés dans la presse alémanique, que des connaissances m’envoient.»

Romain Collaud s’est fait un prénom. Il n’est plus le fils de Frédéric, la légende à crampons du FC Domdidier, mais l’un des plus grands espoirs romands de la discipline, même s’il ne faut pas le dire trop fort. Dans son dos, désormais, une cible. «Une semaine après la Fédérale, l’été passé, j’ai participé à une fête de jeunes dans le canton de Berne, raconte-t-il. L’expérience fut particulièrement douloureuse. A devenir fou! Je n’avais plus de jambes et n’arrivais pas à battre des lutteurs contre lesquels j’aurais dû, normalement, m’imposer facilement.»

Autre preuve que son statut a évolué, Romain Collaud a reçu le soutien de Fribourg Sports, une coopérative formée d’entrepreneurs du canton. Un premier sponsor qui en appelle d’autres, pour peu que le Broyard réussisse à faire fructifier son image, car la lutte suisse est aussi un business. Outre-Sarine plus que chez les Welches, il est vrai. «Fribourg Sports me verse un peu d’argent pour payer mes cotisations, mais aussi des entraînements extérieurs et quelques affaires. Je suis très chanceux, cela me permet de lancer le truc.» Et jusqu’où ce «truc» va-t-il le mener? «Je peux m’arrêter à 100 couronnes comme à 20, je ne sais pas, le principal étant de toujours prendre du plaisir et de garder la santé.» Romain Collaud n’a que 17 ans, mais parle déjà avec la sagesse d’un grand.

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