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Sports de combat

Lutte. Le cadeau qui fait grincer des dents

Estavayer 2016 a un budget de 243’800 francs pour envoyer une délégation à la fête fédérale de Zoug

La fête fédérale Estavayer 2016 a été magnifique. Elle a également été la première, organisée en Suisse romande, à dégager un bénéfice.

 Patricia Morand

Patricia Morand

26 juillet 2019 à 21:11

Lutte suisse » L’orage gronde autour des ronds de sciure. Un budget d’un quart de million, 243’800 francs exactement, a été adopté afin d’envoyer une délégation d’Estavayer 2016, tous frais payés, durant trois jours à la fête fédérale de Zoug du 23 au 25 août prochain. Le montant fait grincer les dents de ceux qui auraient préféré voir cet argent, ce pactole qui reste encore en caisse après l’organisation de la manifestation dans la Broye et la distribution de 840’000 francs aux 240 sociétés/clubs (¾) et 6000 bénévoles (¼), utilisé pour la relève. Notamment.

«C’est facile d’être négatif», regrette Albert Bachmann, président d’Estavayer 2016. «Les gens devraient, au contraire, être contents. Nous avons réussi une magnifique fête fédérale. Comme nos prédécesseurs, nous nous déplaçons à la suivante. Les organisateurs de Berthoud avaient eu droit à 350 billets, qu’ils ont payés, pour accéder à notre arène. Nous nous acquitterons de ce que nous devrons à Zoug. Le coût des billets, 70’000 francs, représente une partie importante des dépenses estimées.»

«L’assemblée a accepté»

«Nous avons proposé d’inviter 278 personnes, tous ceux qui ont eu une responsabilité dans l’organisation de notre fête: les membres du comité directeur, du comité de pilotage et de toutes les commissions. J’espère qu’un maximum de gens en profitera», disait Albert Bachmann au printemps. «Nous avions fait nos provisions en fonction», précisait encore le Staviacois. «L’assemblée d’Estavayer 2016 a accepté, à deux reprises, cette proposition. Elle l’a fait le 15 mars dernier, à l’unanimité moins trois abstentions et sans intervention.»

« Nous avons reçu des remerciements avec les inscriptions »

Albert Bachmann

«C’est de l’abus. Aberrant», réagit Manu Crausaz, président fribourgeois. «Le comité aurait mieux fait de donner de l’argent pour les jeunes ou toute autre action en faveur de la lutte. Tous les gens qui ont organisé Estavayer ont déjà été remerciés.»

«Je l’ai refusée»

Les invitations – nominatives – pour ce déplacement aux frais de la princesse ont été envoyées au printemps. «Nous avons reçu des remerciements touchants avec les inscriptions», apprécie Albert Bachmann. De nombreuses personnes ont toutefois renoncé à y donner suite. Guido Sturny, ancien président des lutteurs fribourgeois, a travaillé durant sept ans pour Estavayer 2016. Il a dirigé le comité de candidature, puis assuré la responsabilité de la sécurité. «Les avis divergent. Je crois pour ma part que le bénéfice de l’organisation d’une fédérale appartient à la lutte suisse et c’est pour cette raison que je me suis investi. J’ai reçu l’invitation mais je l’ai refusée!»

Président romand, Dominique Werlen a pris conscience des remous autour des ronds de sciure. «Ce qui est inadmissible, c’est que nous avons des soucis pour trouver de l’argent afin de former les jeunes. Et là, le montant articulé est énorme. Je trouve cela choquant.» Le Gruérien Jean-François Sottas, son successeur désigné, calme le jeu: «J’ai toujours soutenu l’organisation d’Estavayer 2016. Il existait une réserve. Les responsables ont négocié les arriérés au mieux. La délégation envoyée à Zoug en profitera. La décision a été prise à la majorité.»

«On ne va pas au Brésil»

«Un budget reste un budget. Les dépenses seront peut-être la moitié de ce qui a été prévu. Je pense, qu’au final, il y aura 120 personnes dans la délégation», rappelle Gaby Yerly, remonté contre Manu Crausaz qu’il estime à l’origine de la rébellion. «Depuis qu’il a été évincé du comité de pilotage, il essaie, d’une manière ou d’une autre, d’obtenir une tribune pour semer la zizanie», observe le Gruérien, vice-président d’Estavayer 2016. Le Broyard botte l’accusation en touche: «Il y a longtemps que j’ai oublié et tourné la page.»

Gaby Yerly s’emporte en songeant à la grogne: «On ne va pas passer une semaine au Brésil! La possibilité a toujours été donnée à ceux qui avaient organisé une fête fédérale d’être de la partie trois ans après. Estavayer 2016 a été la première fête fédérale organisée en Suisse romande à engendrer un bénéfice. Les gens ont été nombreux à bosser pour que la fête soit belle. Ils pourront venir à Zoug, mais ils ne logeront pas dans un hôtel de luxe. Ils auront une place de couchage dans une halle de gym.» Le Gruérien de conclure: «Les clubs ont des centaines de milliers de francs dans leurs caisses. Ils ont assez pour faire la promotion de la lutte et ils ont déjà touché de l’argent d’Estavayer 2016.»

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