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Sports de combat

La fin du noble art aux Jeux?

Le CIO en a vraiment marre de la gestion rocambolesque de la Fédération internationale de boxe (IBA)

L’avenir de la boxe aux Jeux olympiques est flou.

30 septembre 2022 à 04:01

Boxe » Sport olympique sans discontinuer depuis l’Antiquité, la boxe va-t-elle disparaître des JO? La gestion rocambolesque de sa fédération internationale (IBA) le fait désormais craindre, au risque de pénaliser les pratiquants de cette discipline très populaire. «Extrêmement inquiet» après le congrès de l’IBA tenu dimanche à Erevan, le Comité international olympique vient de passer un cap dans l’exaspération et a mis la boxe à l’agenda de sa prochaine commission exécutive du 5 au 7 décembre, a confirmé un porte-parole à l’AFP.

Depuis plus de trois ans déjà, le CIO a suspendu l’IBA – à l’époque Fédération internationale de boxe amateur (AIBA) – la privant en mai 2019 de l’organisation des épreuves de boxe des JO 2020 de Tokyo, donc de la manne olympique, avant de reconduire la même décision en juin dernier pour les JO 2024 de Paris.

Scandales d’arbitrage

L’instance de la boxe, discréditée par des scandales d’arbitrage à répétition, une dette abyssale et un ex-dirigeant considéré par les Etats-Unis comme «l’un des leaders du crime organisé» ouzbek, a pourtant clamé sa volonté de réformes en se dotant en décembre 2020 d’un nouveau président, le Russe Umar Kremlev. Mais si cet entrepreneur de 39 ans, qui a dirigé une société de sécurité privée et appartenu à un groupe de motards pro-Kremlin, a confié une enquête indépendante sur l’arbitrage au juriste canadien Richard McLaren, ni ses liens financiers avec Gazprom ni sa gouvernance ne rassurent le CIO.

En mai dernier, le Russe avait été reconduit à la présidence de l’IBA sans opposition: son adversaire, le Néerlandais Boris Van der Vorst, avait été écarté de l’élection pour des motifs balayés un mois plus tard par le Tribunal arbitral du sport, laissant augurer une nouvelle élection. Or l’IBA persiste à s’en dispenser: réunis dimanche à Erevan, ses délégués se sont prononcés contre la tenue d’un nouveau scrutin, dans «des circonstances chaotiques» intégrant une coupure d’électricité en plein vote, rappelle le CIO. «Pendant le congrès j’ai pris la parole pour dire qu’on se ridiculisait à la face du monde», a raconté à l’AFP Dominique Nato, président de la Fédération française de boxe, déplorant un «énorme gâchis» et «l’image déplorable vis-à-vis du CIO».

Cascade de sanctions

Par ailleurs, alors que la guerre en Ukraine a déjà valu au sport russe une cascade de sanctions et fragilise considérablement les sportifs ukrainiens, l’IBA a suspendu dimanche la Fédération de boxe ukrainienne en invoquant une «ingérence politique» derrière son changement de président. «Après ces développements perturbants, la commission exécutive du CIO va devoir entièrement réviser la situation lors de sa prochaine réunion», explique son porte-parole, laissant planer la menace d’une éjection pure et simple du programme olympique.

L’instance de Lausanne semble au bout de ses moyens de pression, après avoir retiré fin 2021 la boxe du programme initial des JO 2028 de Los Angeles – tout comme l’haltérophilie et le pentathlon moderne – en se laissant la possibilité de la réintroduire en 2023 si l’IBA s’amende. «Je suis dépité quand je vois le risque qu’ils font prendre à notre sport», déplore Dominique Nato, pour qui «les JO font partie de l’attractivité» de la boxe. «Depuis 2017-2018, le CIO prévient «attention, on va vous gifler»… Jusqu’au jour où on va la prendre, la baffe.»

Discipline populaire

Mais pour Jean-Loup Chappelet, spécialiste de l’olympisme à l’Université de Lausanne, la boxe est si populaire et universelle, du pancrace antique aux salles américaines en passant par le Moyen-Orient, l’Asie et l’ex-URSS, «que le CIO fera tout pour la garder». L’instance a «probablement fait son deuil de l’IBA», estime-t-il, mais peut encore organiser une tutelle indirecte de la boxe en attendant «de reconnaître une autre fédération internationale» à laquelle se rallieraient les fédérations nationales attachées au rêve olympique, ce qui est «sûrement en train d’être étudié».

Le CIO, qui ne reconnaît pas des sports mais des fédérations internationales chargées d’organiser les compétitions, est d’ailleurs familier de ce type de manœuvres, rappelle le spécialiste: il avait «suscité» des organisations semblables quand l’escalade et le skateboard étaient entrés aux Jeux.

ats

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