Entre coups d’épée et bancs d’école

Escrime » Face à elle, un tireur plus expérimenté, plus âgé. Galadrielle Sapin ne se laisse pas impressionner, elle le touche et lâche un cri de rage. Samedi lors de la 22e édition du Marathon de Fribourg, il ne faisait aucun doute. La Fribourgeoise de 18 ans s’est endurcie lors de son année de formation auprès de Daniel Levavasseur à Paris. Mais après cette parenthèse enchantée, la tireuse est revenue à la réalité et a retrouvé les bancs d’école depuis mardi dernier au Collège de Sainte-Croix. Avec une idée claire en tête: continuer à tout donner pour vivre sa passion, malgré la délicate tâche de combiner sport et études.

De retour en Suisse

«Il y a eu des moments difficiles, où j’ai dû crocher, mais j’y suis arrivée. Et j’aime toujours autant ce sport, même après une année à ne faire que ça.» Partie pour mettre à l’épreuve sa passion pour l’escrime, Galadrielle Sapin est revenue avec la certitude de vouloir continuer. Mais si une année de pause dans ses études était concevable – «qui s’en souviendra quand j’aurai 35 ans?» –, prolonger sa déscolarisation n’était pas une option. Et c’est en Suisse que la Fribourgeoise continuera sa carrière, malgré son envie de poursuivre l’aventure parisienne. Un choix motivé par les soucis de santé qu’a rencontrés Daniel Levavasseur qui ne lui permettaient plus d’entraîner la Suissesse au même niveau.

Rentrée dans sa famille à la fin de l’été, la jeune escrimeuse n’a pas eu la possibilité de s’inscrire dans une école sports étu-des. «Il n’en existe pas dans le canton de Fribourg et c’est très compliqué de pouvoir aller dans un autre canton», regrette celle qui a été accueillie par le Collège de Sainte-Croix. En plus de devoir rattraper la matière des premières semaines, Galadrielle Sapin passe son temps libre à parcourir la Suisse romande avec son épée pour participer aux entraînements nationaux. Le mardi à Bienne, le mercredi à Lausanne et le jeudi à Berne. «Nous sommes tous encore en train de faire nos devoirs cinq minutes avant l’entraînement», sourit-elle.

Repos nécessaire

Si elle s’entraîne si dur, c’est parce que pour sa deuxième année junior (M20), elle a un objectif bien précis: les championnats du monde aux Etats-Unis en avril. Actuelle 5e du classement junior suisse, elle espère intégrer le top 4 pour être sélectionnée. «Est-ce que je vais y arriver avec l’école? C’est une motivation!» lance-t-elle. Blessée à une épaule durant plusieurs mois en début d’année, l’escrimeuse n’a pas réalisé les résultats escomptés lors de ses dernières compétitions la saison dernière. Elle a néanmoins réalisé une belle performance aux championnats de France par équipes avec le club de Dieppe, dans lequel elle a une licence, et a été sélectionnée pour toutes les épreuves Coupe du monde avec la Suisse.

«Je savais que les résultats allaient être assez pauvres, c’était une année de grand changement dans ma vie, mon corps devait s’habituer. Et j’ai fait deux manches alors que j’étais blessée.» Galadrielle Sapin s’est alors accordé une pause nécessaire cet été pour soigner son inflammation et être en forme pour la reprise. Et le repos semble avoir été bénéfique puisqu’il y a deux semaines, elle décrochait la 9e place sur le circuit national français à Toulouse.

De la rage

Dans la salle du Collège de Sainte-Croix samedi, elle faisait équipe avec Virgile Braillard, un de ses coéquipiers du Cercle de Romont. L’occasion pour la jeune paire fribourgeoise de se mesurer à des escrimeurs expérimentés. «C’est principalement pour le plaisir, mais c’est un bon entraînement pour la Coupe du monde le week-end prochain en Allemagne», explique Galadrielle Sapin.

Les plus fins connaisseurs auront certainement remarqué le changement de style de la jeune Fribourgeoise sur la piste. Entraînée «à la française» durant une année par les maîtres d’armes Daniel Levavasseur et Georges Karam, elle a intégré le meilleur de leur technique et progressé dans son jeu de jambes. «Je ne tiens plus mon épée de la même manière, par exemple», mime-t-elle. Et même si elle se dit encore un peu «trop gentille» face à ses adversaires, les épreuves de la vie ne font que gonfler la rage qu’elle met dans ses pointes.

Marathon de fribourg

Tournoi par équipes de deux et selon un système de handicap organisé par la Société d’escrime Sarine-Fribourg et le Cercle d’escrime de Romont. 22e édition. Classement final: 1. Cologne (ALL). 2. SESAF (Samuel Villet et Zarachary Jaccoud). 3. Team Frunze (KGZ, Andrei Kreptov et Marià Sapin). Puis: 32. CE Romont (Galadrielle Sapin et Virgile Braillard). 35. EEB Bulle (Aurélie Margueron et Noé Schaller).