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«Tout le monde dit que j’ai raison»

A dix jours de prendre sa retraite sportive, Beat Feuz est à la fois soulagé et motivé à briller à Wengen


 Pascal Dupasquier, Wengen

Pascal Dupasquier, Wengen

12 janvier 2023 à 02:01

Ski alpin » Il est arrivé en début de semaine depuis Innsbruck, là où il réside depuis qu’il a rencontré l’amour et sa compagne Katrin Triendl, ancienne skieuse autrichienne de Coupe d’Europe. Une fois n’est pas coutume, et parce que ce sera sa dernière samedi sur le Lauberhorn, il est arrivé en hélicoptère à Wengen. Avec la famille au complet: avec Katrin, avec Clea et Luisa, leurs petites filles pour lesquelles il a décidé de dire stop, de ne plus prendre les risques inhérents à un descendeur de sa trempe.

Beat Feuz, c’est de lui qu’il s’agit, l’avait annoncé le 21 décembre à la surprise générale: il se retirera du cirque blanc après la descente de Kitzbühel, le 21 janvier. Un cadeau de Noël avancé pour sa famille, un cadeau un peu plus amer pour ses camarades et ses fans. «Repousser mes limites et prendre des risques ont été ma passion pendant des années dans le ski de haut niveau. Mon intuition a souvent été la clé du succès. Aujourd’hui, mon intuition me dit que mes limites physiques sont atteintes», avait alors confié Kugelblitz.

Samedi, si la météo le permet (les prévisions ne sont pas très optimistes pour ce week-end), Beat Feuz disputera donc sa dernière descente de Wengen, sa dernière compétition, aussi, sur sol helvétique. Interview.

C’est votre dernière fois à Wengen. Y a-t-il de la nostalgie?

Beat Feuz: Sur ces deux derniers jours d’entraînement, j’ai surtout ressenti le bonheur de tout refaire une dernière fois. Je veux profiter de tout et m’imprégner de tout: du public, de l’ambiance qui règne dans la station. Avoir la chance de skier encore en tant qu’athlète sur cette piste si difficile me réjouit. Sinon, il n’y a pas d’émotions particulières, pas plus que les autres années. Plutôt que de la nostalgie, je dirais que je ressens un soulagement.

Comment vos coéquipiers et les autres coureurs du cirque blanc ont-ils réagi à l’annonce de votre retraite?

Comme j’étais malade et que je n’étais pas présent à Bormio, je n’ai pas parlé avec beaucoup de monde jusqu’à présent. J’ai croisé deux ou trois collègues dans le train à Wengen et tous ont eu des mots sympas. Ils comprennent ma décision, car ils me connaissent et connaissent aussi mon histoire de skieur. Tout le monde dit que j’ai raison et oui, ils sont réellement heureux pour moi.

Donc, aucun regret de partir?

Aucun! J’ai compris qu’il était temps pour moi de dire stop quand j’ai manqué l’étape de Bormio. J’ai suivi les courses à la télévision et, vous savez quoi, cela ne m’a pas du tout chagriné. Je n’étais pas à dix centimètres de mon écran à me dire: «J’aurais dû être là-bas!» C’est bon signe (rires).

Wengen, cela représente quoi pour vous?

Pour un Bernois comme moi, Wengen, c’est «la» course. Quand j’étais gamin, je regardais la descente en famille à la télévision et, le Lauberhorn, je rêvais d’y être un jour en Coupe du monde. Depuis le début de ma carrière, Wengen et Kitzbühel sont les deux classiques que je voulais gagner chaque saison et ce, même s’il y avait les championnats du monde ou les Jeux olympiques. Moi, je n’ai jamais été de ceux qui disaient: «Je veux être en forme pour les Mondiaux ou les Jeux.» Mon but était d’être en forme pour les grandes courses du mois de janvier, pour Wengen et Kitzbühel… Reste que cela m’a quand même réussi pour les championnats du monde et les Jeux.

Vous souvenez-vous de votre premier Lauberhorn?

Bien sûr, c’était en 2010. J’avais pris six secondes (5’’96 exactement, ndlr) sur Carlo Janka qui avait gagné (rires). Je me souviens également de ma victoire deux ans plus tard. C’était un sentiment un peu contrasté. J’étais encore jeune coureur et je m’étais dit: «J’ai battu Cuche, le champion des champions qui n’a jamais gagné ici.» J’étais triste pour lui, mais très fier de moi.

Et pour votre dernier Lauberhorn samedi, qu’espérez-vous: une victoire?

Ce serait l’épilogue parfait. Si tout va dans le bon sens pour moi, je sais que je peux skier très vite et, pourquoi pas, gagner ici ou à Kitzbühel. Si je ne m’en sentais pas capable, j’aurais arrêté à la fin de l’année.

Inévitablement, il y aura de la pression, non?

Au contraire, je n’aurai aucune pression. Que je finisse premier ou dixième, cela ne changera rien à ma carrière.

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