Tir groupé sur le Lauberhorn

Coupe du monde » Aleksander Aamodt Kilde franchit la ligne d’arrivée, se tourne vers l’écran géant, regarde le chiffre 1 affiché en vert à côté de son nom. Le Norvégien se retourne alors vers la tribune et, d’un petit haussement d’épaules, adresse un signe d’excuses à l’attention du public. Aleksander Aamodt Kilde le sait: avec son dossard 15, il vient de gâcher la fête. Tous les cadors sont descendus, la victoire dans ce super-G de Wengen ne lui échappera donc pas. Stefan Rogentin (2e à 0’’27) et Marco Odermatt (3e à 0’’66), qui rêvaient d’un doublé sur le Lauberhorn, patienteront. Peut-être pas très longtemps, puisqu’ils auront l’occasion de se venger dans la descente d’aujourd’hui (12 h 30).

Mais ça, même très proche, c’est de la musique d’avenir. Revenons plutôt à ce super-G qui, pourtant disputé dans des conditions de neige difficiles en raison des températures élevées (il faisait 1 degré au départ situé à 2025 m d’altitude), a consacré les meilleurs. Un super-G qui, surtout, a mis en lumière une chose: l’équipe de Suisse de vitesse regorge de talents. En plus de Stefan Rogentin et de Marco Odermatt sur le podium, elle a placé cinq autres coureurs dans le top 14: le futur retraité Beat Feuz (7e), Gino Caviezel (8e), Loïc Meillard (9e), Justin Murisier (11e) et Niels Hintermann (14e).

Sortir de l’ombre de Feuz

Un top 14 occupé à 50% par des athlètes de Swiss-Ski: voilà de quoi vite effacer la déception de la victoire, méritée cela dit, d’Aleksander Aamodt Kilde. Voilà, aussi, de quoi voir l’avenir en rose en dépit du départ de Beat Feuz dans une semaine à Kitzbühel. «On le voit aujourd’hui avec Stefan (Rogentin) et Marco (Odermatt), la relève est assurée, sourit Beat Feuz. Je ne me fais aucun souci pour l’équipe. Les jeunes arrivent et il y a une telle densité dans ce groupe que mon départ et celui de Mauro Caviezel (annoncé en début de semaine avec effet immédiat, ndlr) n’auront aucune incidence. Au contraire, c’est peut-être bien qu’un vieux renard comme moi disparaisse», se marre l’Emmentalois. Et d’étayer ses propos: «Je dis cela de manière positive: beaucoup se cachaient derrière mes résultats et maintenant, ils devront sortir de l’ombre et prendre leurs responsabilités. Mon départ leur permettra de se développer.»

«Beat est encore là une semaine et j’entends en profiter au maximum», réagit de son côté Stefan Rogentin qui, avec le premier podium de sa carrière hier, fait partie de cette relève dont parlait Beat Feuz. «Il y a eu Janks (Carlo Janka, ndlr) l’année passée, maintenant Mauro et Beat: en 12 mois, nous perdons trois athlètes avec d’excellentes connaissances du ski. Mais c’est comme ça dans le sport, les rôles évoluent», poursuit le Grison de 28 ans. Confiant en l’avenir, il promet alors: «Notre magnifique tir groupé d’aujourd’hui l’atteste: il y a une super dynamique dans l’équipe. Chacun peut faire des bons résultats, même sans Beat Feuz.»

Propos corroborés par Justin Murisier: «Beat est irremplaçable. Avec ce qu’il nous apporte, ses conseils, il va nous manquer», glisse le Bagnard qui, à 31 ans, possède un bagage de plus en plus précieux dans le clan helvétique: «Nous sommes une bonne équipe, nous avons des bons entraîneurs et il y a des jeunes comme Alexis Monney qui sont vraiment bons et qui n’ont pas peur. Nous allons continuer à tous nous tirer vers l’avant.»

Odermatt en chef de file

Beat Feuz bientôt retraité, Marco Odermatt se profile comme son successeur tout désigné. Une pression que l’actuel leader de la Coupe du monde se dit prêt à assumer. Mais aussi à partager: «Mon rôle changera peut-être un peu après le départ de Mauro et de Beat. Cela dit, en vitesse, ce n’est pas moi le plus expérimenté. Il y a Niels (Hintermann, ndlr) et il a de l’expérience. Ce ne sera pas facile, mais il faudra compenser ces deux immenses départs.»

Compenser par un doublé Odermatt-Hintermann dans la descente d’aujourd’hui? Réponse à partir de 12 h 30.