Rémi Bonnet champion d’Europe. «J’en ai gardé sous la pédale»

Ski-alpinisme » Comment l’intouchable Rémi Bonnet n’avait-il pas encore inscrit de titre de champion d’Europe de ski-alpinisme à son palmarès? Qu’on se rassure: l’anomalie est désormais réparée, grâce à son triomphe lundi après-midi sur les pentes de Flaine, en Haute-Savoie. La course individuelle? Le Charmeysan l’a largement dominée, comme prévu. A 28 ans, pour le… premier championnat d’Europe de sa carrière en élites – en 2020, une pandémie avait semé le trouble, puis en 2022, le Gruérien n’avait simplement pas fait le déplacement de Boí Taüll –, Rémi Bonnet a écrasé la concurrence qu’il aurait aimée un peu plus relevée. «Ça n’a pas fighté longtemps, c’était même assez vite plié», réagit-il au bout du fil. La célébration, d’ailleurs, sera restée sobre. Davantage que de la joie, le sentiment du devoir accompli. «La semaine commence bien», dira-t-il simplement.

Pour une fois, cependant, l’express de Charmey n’a pas fait course en tête dès l’entame du parcours de 1230 m de dénivelé positif. «D’habitude, Rémi creuse l’écart dès la première montée avant de gérer son effort, en solitaire, explique Jean-Philippe Fartaria, son entraîneur en équipe nationale. Là, l’épreuve proposait seulement quelque 60 m de dénivelé avant la première descente, insuffisant pour faire le trou.» Le lauréat du jour enchaîne: «Ce n’était pas vraiment un parcours à mon avantage, sans grande montée (la boucle réalisée à trois reprises comptait 410 m de d+, ndlr). J’ai dû faire preuve de prudence en début de course, en raison du dense brouillard dans lequel nous avons été plongés dans la descente. J’ai préféré ne prendre aucun risque en restant derrière le petit peloton devant moi.»

Course intelligente

Avant, évidemment, de rappeler à ses adversaires qu’ils avaient affaire au quadruple champion du monde – pour ne citer qu’une ligne de son palmarès à rallonge. Au coup d’accélérateur que le Fribourgeois a placé dans la première montée, personne n’a su résister. «Il est sorti en tête du portage, avant de maintenir une avance confortable», relate Jean-Philippe Fartaria. Le Valaisan applaudit: «Rémi a couru de manière très intelligente, avec calme. Nous ne doutions pas de ses capacités, il est physiquement le plus fort, sans conteste. Mais il reste toujours une part d’incertitude: le matériel est si léger, personne n’est à l’abri de casser une partie de son équipement, surtout dans une descente difficile, rapide et avec de nombreuses compressions.» Il résume: «Rémi a été parfait, physiquement et mentalement. Pour nous, c’est génial de compter sur un tel leader dans l’équipe, ça motive tout le monde à viser haut.»