Ski alpin. Défago: "On ne peut pas comparer Saalbach à Crans-Montana"
Après les Championnats du monde de Saalbach, place à ceux de Crans-Montana.
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ATS
18 février 2025 à 05:00, mis à jour à 05:10
Didier Défago, CEO des Mondiaux 2027, évoque dans une interview accordée à Keystone-ATS les oppositions contre la construction du stade d'arrivée, les problèmes d'hébergement et des Championnats du monde de 1987.
- Didier Défago, les Mondiaux de Saalbach font partie de l'histoire. Vous avez vous-même passé la première semaine de ces Championnats du monde 2025 dans la vallée de Glemm. En tant qu'organisateur, sur quoi s'est portée votre attention ?
"Je me suis surtout intéressé aux aspects sportifs, j'ai visité la piste, j'ai eu des contacts avec des personnes de la FIS et j'ai discuté avec elles du déroulement d'un Championnat du monde. Il s'agissait moins d'emmagasiner des infos que de se faire une idée générale. Parallèlement, les responsables de mon équipe étaient également sur place. Ils ont pris leurs responsabilités et ont examiné de près leur domaine d'activité."
- Qu'est-ce que les Salzbourgeois ont bien fait, et où voyez-vous encore un potentiel d'amélioration ?
"Chaque site de compétition est différent, et c'est pourquoi on ne peut pas comparer Saalbach à Crans-Montana. Il faut s'adapter à la géographie, ce qui rend les choses un peu plus complexes pour nous. Un grand défi est la mobilité. Dans ce domaine, nous pouvons certainement nous inspirer de Saalbach. Là aussi, c'était étroit, ils n'avaient pas trop de places de parking à proximité de l'arrivée."
- La mobilité est une chose, l'hébergement en est une autre. Crans-Montana atteint déjà ses limites de capacité lors des épreuves de Coupe du monde. Comment cela pourrait-il fonctionner pour des Championnats du monde ?
"L'un est lié à l'autre. Nous devons accorder plus de poids à la mobilité et la développer, ne pas seulement envisager la destination, mais penser plus grand. Les spectateurs doivent pouvoir se rendre plus rapidement aux courses depuis la région élargie. On peut aussi voir les choses du bon côté, cela montre que les gens veulent assister à cet événement."
- On ne s'avance pas trop en disant que ces Mondiaux de Crans-Montana se trouvent sous une mauvaise étoile. D'abord, la FIS a menacé de vous retirer l'organisation en raison d'un manque de garanties financières, maintenant des oppositions contre la construction du nouveau stade d'arrivée menacent sa tenue. Où en est-on actuellement ?
"Les discussions sont en cours. Ces Mondiaux ont été confirmés plusieurs fois par la FIS au cours des derniers mois, ce qui est rassurant pour nous. Bien sûr, la FIS regarde différentes choses, pas seulement l'infrastructure, mais aussi la piste. Car le sport doit rester le spectacle principal."
- Il n'y a pas de plan B, a déclaré le président de la commune Nicolas Féraud. Est-ce à dire qu'il y aura les Championnats du monde avec le nouveau stade d'arrivée ou alors pas de Championnats du tout?
"Je ne le formulerais pas de manière aussi extrême. Mais il est vrai que pour l'instant, il n'y a pas de plan B pour nous. Nous avons besoin de la place. J'espère qu'une solution sera trouvée avec le voisinage dans les semaines ou les mois à venir. D'après ce que j'ai entendu, les discussions sont pour l'instant relativement positives."
- Le délai pour la recherche d'une solution court jusqu'à la mi-mars, précise M. Féraud. Et si aucune solution n'est trouvée d'ici là ?
"Nous en discuterons le moment venu. Dans une telle situation, nous devons prendre jour après jour."
- Est-ce envisageable qu'il n'y ait pas de Championnats du monde à Crans-Montana dans deux ans ?
- "Non."
- Les Championnats du monde de ski alpin ont une grande tradition en Suisse. En 1931, les premiers avaient eu lieu à Mürren, en 2017 les derniers jusqu'à présent à St-Moritz. En tant qu'organisateur, ressentez-vous une pression particulière ?
"Bien sûr, mais j'espère que chaque organisateur le ressent. Car on est responsable de l'image de la Suisse, on la porte dans le monde entier. Qui parle de Saalbach parle automatiquement de l'Autriche, et ce ne sera pas différent à Crans-Montana. Pour nous Suisses, Crans-Montana est en Valais, mais pour tous le reste du monde, Crans-Montana est en Suisse. Pouvoir organiser un événement d'une telle envergure est important non seulement pour la région, mais aussi pour toute la Suisse."
- En 1987, Crans-Montana avait déjà accueilli des Championnats du monde. Ceux-ci sont entrés dans l'histoire de Swiss-Ski comme les plus réussis avec 14 médailles dont 8 en or. Vous aviez neuf ans à l'époque, quels sont vos souvenirs ?
"Je me souviens surtout des performances des athlètes. Lors du slalom des messieurs, j'étais sur place, car un skieur de mon village (red: Morgins), Joël Gaspoz, était au départ. J'ai également suivi le combiné dans la zone d'arrivée."
- Vous-même, 16 ans plus tard, avez participé à des Mondiaux à domicile à St-Moritz...
"Participer à des Championnats du monde à domicile en tant qu'athlète est déjà très spécial. Chez soi, on veut rendre les gens heureux, sa famille, ses supporters et ses sponsors. C'est l'occasion de montrer quelque chose. Les émotions sont différentes de celles d'un championnat à l'étranger, où tu ne te souviens généralement plus que des résultats. En Suisse, à la maison, tu te souviens surtout des émotions et de la communion avec le public."
- Récemment, vous avez organisé des courses de Coupe d'Europe à Crans-Montana, et le week-end prochain, le circuit masculin de Coupe du monde sera de retour sur le Haut-Plateau pour la première fois depuis treize ans. Êtes-vous prêts à accueillir un grand nombre de spectateurs ?
"Oui, nous sommes très bien partis. Ce sera un grand événement pour nous, d'autant plus qu'il aura lieu juste après les Championnats du monde. Les attentes sont grandes pour tout le monde: pour les athlètes, les spectateurs, mais aussi pour nous."