Beat Feuz à deux descentes de la retraite

Ski alpin » Beat Feuz va se retirer samedi de la compétition. Il le fera à Kitzbühel après deux descentes sur la Streif, qui pour lui représente de grandes émotions et de grandes victoires.

Pourtant, ce ne fut pas évident d’entrée. Longtemps, la Streif s’est refusée à Beat Feuz. Cette piste qui a été le théâtre de nombreuses tragédies, qui pouvaient se terminer sur la table d’opération et obliger à de longues pauses forcées. Elle fut le bourreau de plusieurs carrières. L’Emmentalois est resté épargné de graves dommages physiques sur le Hahnenkamm. Mais il y a quand même connu quelques désillusions. En 2017, une année après avoir terminé une première fois deuxième, il avait vu la victoire lui passer sous le nez. Il comptait pourtant une avance de 72 centièmes à la Hausbergkante sur le futur vainqueur Dominik Paris. Mais l’improbable se passa quand il manqua complètement le passage de la Traverse et dut abandonner ses rêves de victoire.

Les trois hivers qui suivirent, Beat Feuz fut à nouveau proche du Graal, mais a terminé trois fois deuxième. Ces «défaites» ne l’ont pas abattu. Au contraire, elles l’ont renforcé dans sa confiance de pouvoir un jour réaliser son grand rêve. Ce jour est arrivé il y a deux ans. L’apprivoisement de la rebelle était réussi. Au onzième essai, il a enfin dompté la Streif. Le Bernois s’est imposé une première fois – et 48 heures plus tard, il a même fêté un doublé. Et la saison dernière, il a ajouté une troisième victoire à Kitzbühel. Trois succès: un triple bonheur pour quelqu’un comme Beat Feuz qui place des victoires sur la Streif ou au Lauberhorn au-dessus de tout.

Sa décision de mettre fin à sa carrière est l’expression de sa haute estime qu’il porte à Kitzbühel. C’est également un choix dicté par la raison. Il n’est plus prêt à vivre le risque. L’athlète de Schengnau a le sentiment qu’il a atteint les limites de son corps. Il veut désormais passer plus de temps avec sa famille, sa compagne Katrin Triendl et ses filles Clea et Luisa.

Beat Feuz décrit ses souvenirs de sa «première fois»: «J’étais nerveux. On se retrouve au départ et on pense que c’est vraiment raide et difficile. Puis vient la sensation qu’on peut descendre cette piste. Mais quand on voit les premiers coureurs au départ, on n’est plus sûr de rien.» Le Bernois avait terminé cette première expérience 31e à 2’’41 du vainqueur, Didier Cuche. Avec environ 35 descentes sur la Streif tout au long de sa carrière, Kugelblitz fait partie des plus expérimentés à Kitzbühel. Il lui reste deux opportunités de grossir son palmarès. ATS