Le guide de l'Euro. les Bleus dans le rouge

Le huitième de finale entre la France et la Suisse n’en a pas fini de nourrir nos songes d’une nuit d’été. Parce que oui, il y a des nuits comme ça, des dates comme ça que l’on n’oublie pas, même au crépuscule de sa vie. Le lundi 28 juin 2021 est de cette veine-là. La nuit de Bucarest? Un polar à rebondissements, avec du suspense, du pathos, de l’émotion et où, à la fin du dernier envoi, Kylian Mbappé ne fait pas mouche. La nuit de Bucarest? Une chanson de geste à la Cyrano, un roman épique à la gloire du football helvétique. Enfants de la patrie, bombons le torse, dressons-nous sur nos ergots! Pour une fois soyons cocardiers: Cocoricoo!

A la frontière :

« Bienvenue au pays du foot »

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— (@GabrielSoaresI) June 29, 2021

«Tête basse et en pleurs, les champions du monde ont quitté l'Euro et Bucarest par la plus petite des portes, pour ce qui restera l'un des plus grands fiascos de l'histoire de la sélection. L'heure des comptes et des bilans arrivera très vite, mais les hommes de Didier Deschamps n'ont pas été à la hauteur des attentes, encore moins de leur statut»... Piqué au vol sur le site d’un grand journal tricolore, ce commentaire rejoint les autres récoltés dans notre revue de presse non-exhaustive des médias français. Ce matin, les Bleus sont dans le rouge. Ce matin, les Bleus ont la gueule de bois. Leur élimination? Une onde de choc dans un Hexagone qui, ce n’est pas son meilleur angle, s’apprête à incendier ce qu’il avait vénéré en 2018: Kylian Mbappé, Didier Deschamps et sa sélection «mal dirigée ayant perdu son âme». Dans ce concert de dézingage à tout vent: hormis Bixente Lizarazu et l’équipe du Mag de l’Euro sur TF1, peu, voire pas de bravos à la Suisse.

Mélange de délectation, de béatitude et, bientôt, de nostalgie, cette soirée du 28 juin 2021 sera, on le répète, à jamais gravée dans nos mémoires. Alors, forcément, on n’a pas fini d’en parler. Mais ça, c’est du «à long terme». Et nous, comme on aime bien vivre dans le présent et que l’appétit vient en mangeant: nos regards sont déjà tournés vers Saint-Pétersbourg où, vendredi, la Suisse s’offre le quart contre l’Espagne. Saint-Pétersbourg, Espagne: un duo avec lequel il reste un contentieux à régler. Saint-Pétersbourg, parce que c’est là où, le 3 juillet 2018, la bande à Petko s’était cassé les dents sur la Suède en huitième de finale de la Coupe du monde. L’Espagne, parce que, malgré la victoire 1-0 en phase de poules du mondial 2010 en Afrique du Sud, la Suisse du capitaine Ciriaco Sforza, d’Alain Geiger, Stéphane Chapuisat, Alain Sutter et Georges Bregy n’a jamais pansé la plaie de la défaite 3-0 en huitième de finale -toujours- de la «World Cup» 1994 aux Etats-Unis. L’auteur du 2-0 ibère? On vous le donne en mille: Luis Enrique, actuel entraîneur de la Roja! Ne dit-on pas que la vengeance est un plat qui se mange froid?

Si ce soir, une envie subite vous prend de plomber l’apéro avant Angleterre-Allemagne et un huitième de finale pas piqué des ver(re)s, ce conseil à ne pas mettre entre toutes les mains: demandez à vos amis d’évaluer les chances de la Suisse contre l’Espagne vendredi. Et si, emportés par la fougue du succès historique de Bucarest, ils vous répondent: «On va passer les doigts dans le nez», vous pourrez alors asséner ce méchant tacle: Granit Xhaka sera suspendu. Granit, le roc de l’empire suisse du milieu, la version messianique de l’homme qui a marché sur l’eau lundi. Mais comme à l’apéro, on boit rarement de l’eau, pas sûr que l’argument de la suspension tienne... l’eau.