Tous les chemins mènent à Berne
En première ligue il y a un an encore, Sandro Brügger porte le maillot des Ours durant les play-off
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Pierre Salinas, Berne
18 mars 2019 à 21:47
Hockey sur glace » Berne, à qui Genève-Servette se plaît à mener la vie dure en quarts de finale des play-off de National League, en est encore loin. Mais, qui sait, avec ce brin de chance indissociable de toute épopée victorieuse, un Singinois de 27 ans qui végétait deux étages plus bas la saison passée pourrait devenir champion de Suisse en avril prochain. «Ce serait incroyable!» rigolait Sandro Brügger au sortir de l’entraînement matinal, ce lundi. Depuis deux semaines et l’élimination de Viège, battu en quatre petits matches par Olten, le gamin d’Alterswil porte les couleurs du club de la capitale, qui s’est attaché ses services par le biais d’une licence B. Au cas où.
Car Sandro Brügger aurait pu ne jamais jouer pour le grand SCB. La suspension d’Alain Berger en a décidé autrement. Promu titulaire lors de l’acte IV, samedi au bout du lac, l’ancien junior de Gottéron a quitté la patinoire des Vernets avec la satisfaction du devoir accompli. Bilan: 9’13 de temps de jeu et le grand mérite d’avoir été sur la glace lorsque Daniele Grassi a ouvert le score. «J’ai d’abord eu du mal à trouver le rythme. Mais plus la rencontre avançait et mieux je me sentais», souffle-t-il, soulagé. Alain Berger de retour, la triplette Grassi-Heim-Brügger ne sera pas reconduite ce mardi soir à la PosteFinance Arena (20h). Dès lors, quel sort sera réservé à celui qui a quitté le Haut-Valais pour revenir vivre chez ses parents le temps de sa pige fédérale? Prendra-t-il place en tribunes ou sera-t-il inscrit en tant que 13e attaquant? La décision tombera ce mardi matin, élude le directeur sportif Alex Chatelain.
Se pincer pour y croire
Si ses épais gants de hockey le lui permettaient, Sandro Brügger se pincerait pour y croire. Et dire qu’il y a un an, l’ailier aux cheveux qui dépassent du casque portait encore le maillot de Bâle/Petit-Huningue, en troisième division suisse! «Alors, je travaillais à 50% dans une agence immobilière, au bureau, mais je n’avais pas tiré un trait sur le hockey professionnel, explique-t-il. Simplement, après que la faillite de Red Ice Martigny a été prononcée (en juin 2017, ndlr), je n’ai pas retrouvé de place en ligue B (Swiss League) tout de suite.» Sandro Brügger n’est pas le seul à être resté sur le carreau. Comme lui, Alain Birbaum a dû faire ses offres. «Finalement, Bâle n’était pas une mauvaise solution car c’est une équipe ambitieuse qui espère être promue à court terme. Là-bas, j’ai reçu beaucoup de responsabilités.»
La pause olympique
Sandro Brügger crache d’autant moins dans la soupe que sans cet exil rhénan, il ne serait pas aujourd’hui le coéquipier de Mark Arcobello et autre Tristan Scherwey, qu’il connaît pour avoir évolué à ses côtés au sein du mouvement jeunesse de Gottéron. «En février de l’année passée, durant la pause olympique, Berne cherchait des gens pour s’entraîner car pas moins de 13 de ses joueurs étaient partis pour les JO de PyeongChang. Des gars de Guin, Seewen et Bâle sont venus. Sans doute ai-je dû faire bonne impression, je ne sais pas.» Alex Chatelain confirme: «Il nous avait donné un coup de main à une période délicate de la saison. Depuis, de par le partenariat que nous avons avec Viège, nous l’avons suivi d’un œil. Personnellement, j’ai vu beaucoup de ses matches. Kari Jalonen (l’entraîneur finlandais de Berne) aussi.»
Sandro Brügger n’a pas été choisi pour ses statistiques – 11 points en 34 matches – mais pour ses qualités de patinage et son intelligence de jeu. «Son style rapide et son sens aiguisé du hockey conviennent parfaitement à notre système», abonde Alex Chatelain. «De plus, Sandro a l’avantage d’avoir tâté de la ligue A, ce qui s’est vu à Genève où il n’a pas été nerveux. Plus que de défendre, il n’a pas hésité à garder la rondelle dans sa canne et à créer le danger.»
Retour à Viège
Tous les chemins mènent à Berne. Aussi solide fût-il samedi sous son nouveau chandail, le Fribourgeois ne se fait guère d’illusions: l’histoire est belle mais elle ne résistera pas à l’arrivée du printemps. «Je viens de prolonger de deux ans mon contrat avec Viège. C’est donc là-bas que je retournerai même si l’idée de revenir un jour en ligue A reste dans un coin de ma tête.» En attendant, Sandro Brügger a un titre à aller chercher. «Ça aussi, c’est dans un coin de ma tête. Vraiment, ce serait incroyable!»
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