Retrouvailles sur la scène européenne
Entraîneur assistant à Munich, Pierre Allard a été le préparateur physique de Kamerzin, Desharnais et Diaz
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Patricia Morand
23 novembre 2021 à 19:57
Hockey sur glace » Il y a, du côté de Munich, un visage bien connu de certains Dragons. Avec l’équipe de France de Cristobal Huet, Philippe Bozon ou encore Laurent Meunier, Pierre Allard l’attaquant a affronté le gardien David Aebischer, le préparateur actuel des portiers de Gottéron, à la fin des années nonante. Mais il a surtout été le préparateur physique de Jérémie Kamerzin à titre privé, puis de David Desharnais – et brièvement Raphael Diaz – à Montréal. Le Québécois a rejoint l’été dernier la capitale bavaroise en qualité d’entraîneur assistant. Il est l’adversaire des Fribourgeois en huitièmes de finale de la Ligue des champions.
«Après avoir arrêté de jouer (2005), j’ai passé un bac en kinésiologie et j’ai lancé ma propre entreprise», explique Pierre Allard (49 ans). C’est à son fitness qu’il a découvert Jérémie Kamerzin. «J’avais 19 ans et j’étais à Bienne», explique le défenseur de 33 ans. «Il n’y avait pas encore d’entraînement d’été très adapté. Je cherchais un endroit où faire du physique et du hockey. J’ai découvert un gars, auteur d’une thèse sur le sujet. C’était Pierre Allard. Je l’ai contacté sur Facebook. Il m’a invité à une semaine de tests.»
Etudes en veilleuse
Le Valaisan a pu se joindre au groupe durant un mois et demi, entre juillet et août. «J’ai même habité chez lui et je suis revenu les trois étés suivants. Parmi la dizaine de joueurs présents, il y en avait vraiment de très bons, comme Kris Letang ou Bruno Gervais. Pour moi, c’était une chance énorme. En Suisse, à l’époque, il n’y avait pas de glace pour s’entraîner avec les clubs en été. C’était un investissement. En même temps, il s’agissait de mes vacances…» L’entraîneur se souvient: «Il était très réservé, mais très motivé aussi. Il travaillait très fort.»
Pierre Allard a rejoint l’organisation des Canadiens de Montréal en 2010. «J’ai eu de la chance. Je suis passé (en 2017, ndlr) de préparateur physique à directeur des sciences du sport et des performances. J’ai obtenu un master et j’ai commencé ensuite un doctorat, que j’ai interrompu pour rejoindre Munich. Il me reste un travail de recherches à terminer», glisse celui qui est également un triathlète adepte d’Ironman.
Le départ du Franco-Canadien a suscité de nombreuses questions, d’autant que Montréal venait de jouer la finale de la Coupe Stanley. «Après avoir aidé les entraîneurs à maximiser le rendement des joueurs, j’étais prêt à un changement de carrière. J’avais de bons contacts avec Salzbourg (sous la bannière du même investisseur, la marque au taureau ailé, ndlr) et je connaissais Don Jackson. J’étais prêt à partager mes connaissances.» Et d’ajouter: «J’aime les défis et sortir de ma zone de confort. Avec Don Jackson (65 ans, à Munich depuis 2014, ndlr), j’en apprends tous les jours sur le métier d’entraîneur. Je suis curieux de nature. C’est mon choix, mais je ne sais pas où cela va me mener.»
Pas rancunier
La semaine dernière lors du match aller à Fribourg, Pierre Allard, Jérémie Kamerzin et David Desharnais ont pris le temps de discuter, comme ils le feront encore mercredi. «Pierre Allard est derrière le banc de Munich et je suis très content pour lui», assure l’attaquant de Gottéron, pas rancunier envers celui qui, lorsqu’il avait été son préparateur physique, l’avait… blessé, en janvier 2017! «J’avais oublié. Son rôle était de nous pousser quand il fallait. Je devais retrouver l’équipe ce jour-là. On était sur la glace avec Pierre pour tester mon genou. Il m’a touché en reculant et je me suis refait mal. J’étais fâché, mais, en même temps, cela voulait dire que je n’étais pas prêt.»
Pierre Allard se souvient mieux de cette mésaventure. «Le genre de scénario qui vous empêche de dormir», réagit-il. «C’est le cauchemar de tout préparateur. On essaie de ramener David au jeu et on fait des mises en échec. Il y a eu cette collision, le moment où mon cœur s’arrête de battre. David avait été super dans sa réaction. Cela fait partie du hockey, mais cela avait été peut-être la pire expérience durant mes 11 ans avec les Canadiens. Le point positif, c’est que nous avions réuni tout le staff pour rappeler que la préparation pour un retour au jeu pouvait comporter des risques, mais qu’il était indispensable de tester des choses avant de revenir au jeu.»
«On se taquine»
L’incident est devenu anecdote. Lorsque leurs chemins se recroisent, les anciens coéquipiers taillent une bavette. «Le monde du hockey est petit. Même entre adversaires, il existe une certaine fraternité», rappelle Pierre Allard. Et David Desharnais de préciser: «Au Canadien, comme nous étions les deux francophones, nous avions de bons rapports. Par contre, nous restions professionnels. Il vient de Saint-Hyacinthe, près de Montréal, moi je suis de Québec… Entre les deux, on se taquine, mais avec respect», conclut l’attaquant de 35 ans, qui n’avait jamais beaucoup de coéquipiers francophones au Tricolore, avant d’être échangé à Edmonton en février 2017, puis de passer par New York, Omsk et, depuis 2019, Gottéron.
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