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Hockey sur glace

Suisse. Le manque de relève est «alarmant»

Pour l’agent Sven Helfenstein, la situation du hockey suisse est problématique et le système de formation insuffisant.

Sven Helfenstein, ici en 2012 sous les couleurs de Lausanne, tire la sonnette d’alarme.Keystone

Sascha Fey

Sascha Fey

Aujourd’hui à 17:22

Temps de lecture : 3 min

Vice-champion du monde en mai avec la Suisse, Nino Niederreiter avait déjà mis en garde contre le problème de la relève de son sport: l’équipe de Patrick Fischer affichait la deuxième plus haute moyenne d’âge du tournoi en République tchèque. Agent de Janis Moser, parmi d’autres, et ancien professionnel passé notamment par Kloten, Berne, Davos et Lausanne, Sven Helfenstein partage ce constat et ne mâche pas ses mots. «Selon moi, c’est même alarmant», affirme-t-il dans un entretien accordé à Keystone-ATS. «Le problème dans notre pays, c’est ce qui se fait chez les plus jeunes, au niveau des M9 et des M13. C’est l’horreur ultime.»

Parmi les incompréhensions formulées par l’agent, la cadence des entraînements. Les moins de 9 ans ne bénéficient généralement que de deux séances hebdomadaires. En République tchèque, les enfants s’entraînent déjà quatre fois par semaine à cet âge tandis qu’en Amérique du Nord, l’entraînement sur glace ne s’arrête pas durant l’été. «Le retard pris après les M13 est devenu si grand en Suisse qu’il est presque impossible à rattraper.»

Pour Helfenstein, le problème réside dans le fait que le système n’est pas vraiment remis en question. «Il faudrait avoir le courage d’introduire de nouvelles choses et ne pas dire qu’il n’y a pas assez d’argent pour cela.» A Zoug, plus d’un million de francs de sponsoring a été trouvé pour l’équipe féminine. Pourquoi ne serait-il pas possible d’en faire autant pour la relève? «On n’en fait pas assez à ce sujet», affirme-t-il.

« Combien de Suisses jouent encore un rôle important en attaque? Très peu »
Sven Helfenstein·Ancien hockeyeur et agent de joueurs

L’agent trouverait aussi souhaitable que les joueurs évoluant en M17 élite aient la possibilité de s’entraîner individuellement en été. «Car chacun a besoin de quelque chose de différent, mais les clubs ne veulent pas perdre le contrôle. Il y a tellement de choses qui n’ont aucun sens. Mais quand on arrive avec de la nouveauté, c’est souvent non. Les clubs préfèrent le statu quo.» Helfenstein affiche également une opinion claire sur le nombre de six étrangers autorisés par équipe de National League. «Combien de Suisses jouent encore un rôle important en attaque? Très peu. Je suis très sceptique, et je pense qu’il faudrait réduire à cinq étrangers.»

A ses yeux, le talent n’existe pas. «Pour moi, il y a des conditions préalables. Un avantage musculaire ou une certaine taille aident forcément, mais d’autres facteurs entrent ensuite en ligne de compte», soutient Helfenstein. «Souvent, un jeune qui a» du talent «est simplement un joueur qui en a fait plus que les autres.»

A partir du niveau M15 élite, tous les grands clubs s’entraînent à peu près à la même fréquence. Dès lors, il s’agit de réfléchir à ce qu’il est possible de faire pour progresser plus vite. «Comprendre cela et le mettre en pratique conduirait à une grande différence», conclut Helfenstein.