«La meilleure équipe a gagné»
Consultant pour la TV française à Pékin, Laurent Meunier revient sur le sacre de la Finlande aux JO
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Pierre Schouwey, Pékin
21 février 2022 à 02:01
Hockey sur glace » Laurent Meunier a commenté hier son 29e (!) et dernier match de ces Jeux 2022. Consultant pour France Télévisions, l’ancien attaquant de Fribourg-Gottéron a conclu son marathon de Pékin par le triomphe de la Finlande hier après-midi. Toujours placée mais jamais gagnante (2 médailles d’argent et 4 de bronze lors des 9 dernières éditions), la «Suomi» a conquis son premier titre olympique en renversant le Comité olympique russe (ROC).
A l’heure de mettre un point final à ses secondes Olympiades, 20 ans tout pile après avoir disputé ceux de Salt Lake City avec l’équipe de France, l’ingénieur établi à Corminbœuf a pris le temps de tirer le bilan d’un tournoi «intéressant mais trop fermé», qui s’est déroulé pour rappel sans les meilleurs joueurs du monde.
La Finlande, un beau vainqueur?
Laurent Meunier: Beau non, mais la victoire est méritée. La meilleure équipe de ce tournoi a gagné. Cela dit, je trouve que la Finlande a trop joué défensif alors qu’elle a pourtant la qualité pour proposer un autre hockey. Ce n’est pas la meilleure des publicités pour notre sport que de voir une équipe aller au bout en fermant le jeu. Tactiquement, défensivement, rien à redire. Mais personnellement, en tant que spectateur, je m’attends à autre chose que des matches qui se finissent à 1-0 ou 2-1. Quand je pense au spectacle que propose la NHL ou même le championnat de Suisse… Bien sûr, je suis conscient que les coachs sont jugés sur les résultats. Et puis, la Finlande n’est pas la seule à avoir choisi cette voie. La Russie et la Suède ont fait pareil, en sélectionnant des joueurs pour défendre plutôt que pour attaquer. Résultat, nous avons eu droit à une purge en finale.
La Finlande, une habituée du podium olympique, compte moins d’habitants que la Suisse. Comment expliquer le succès d’un si petit pays?
Quand ils organisent un championnat du monde, une bonne partie de l’argent qu’ils récoltent est investie dans des superentraîneurs. Ces derniers vont de club en club pour former les coachs des équipes juniors, qui sont bien souvent des parents ou de simples bénévoles. Il y a toute une philosophie derrière. C’est un modèle à prendre en exemple. Je critique leur approche défensive sur ce tournoi, mais il faut laisser aux Finlandais qu’ils sont redoutables quand il s’agit de sortir des jeunes talents aussi à l’aise techniquement qu’en patinage.
Décevante, la Suisse pourra toujours se consoler en se disant qu’elle a été éliminée par le futur champion…
Cette issue ne changera rien à la déception des joueurs, croyez-moi. C’est dommage pour la Suisse qu’elle ait eu besoin d’un tiers et demi pour mettre de la vitesse dans son jeu. Car sur un demi-match, c’est peut-être l’équipe qui a le plus bousculé cette solide Finlande. De quoi avoir des regrets.
La Suisse n’est-elle pas tout simplement à sa place en s’arrêtant en quart de finale?
Non, je ne crois pas. Sur un tournoi comme celui-ci, avec le talent qu’ils ont désormais, les Suisses doivent prendre confiance en eux et avoir plus d’ambition dans le jeu.
Votre coup de cœur de la quinzaine olympique?
La Slovaquie, comme tout le monde j’imagine. Je l’ai pourtant trouvée mauvaise et lente au premier match. Les Slovaques sont apparus transfigurés à partir du deuxième et ont fait souffler un vent de fraîcheur bienvenu sur la compétition. Personne ne l’incarne mieux que Juraj Slafkovsky (élu MVP du tournoi, ndlr). Du haut de son 1,92 m et de ses 99 kg, ce gamin de 17 ans sort de nulle part et plante 7 buts. Il a joué avec la spontanéité qui a manqué à d’autres nations.
A vous entendre, cette cuvée 2022 est donc une petite cuvée?
Ce fut un tournoi intéressant mais beaucoup trop fermé à mon goût. C’était déjà le cas au dernier championnat du monde… Il manquait du talent et tout simplement l’envie d’aller de l’avant. Les Etats-Unis m’ont plu, les Canadiens ont été décevants tandis que la Finlande comme la Suède a construit son roster (effectif) en assurant ses arrières.
Un dernier mot sur la taille réduite des patinoires. Convaincu?
Je suis pour, j’aime bien. Ce format a tout pour offrir un hockey plus attractif et amène plus de contacts. Il y a moins d’endroits où se cacher sur la glace. Mais pour en avoir parlé avec son président (le Français Luc Tardif, ndlr), la fédération internationale n’a pas l’intention d’imposer les dimensions nord-américaines aux Européens.
Finlande - Team ROC 2-1 (0-1 1-0 1-0)
National Indoor Stadium. 1288 spectateurs. Arbitres: Björk/Bruggeman (SWE/USA), Hancock/McCrank (USA/CAN). Buts: 8e Grigorenko (Nesterov, Gusev/à 5 contre 4) 0-1, 24e Pokka (Björninen, Ohtamaa) 1-1, 41e Björninen (Anttila, Ohtamaa) 2-1.
Pénalités: 1 x 2’contre la Finlande, 3 x 2’contre la Team ROC.
Finlande: Säteri; Pokka, Ohtamaa; Lehtonen, Hietanen; Vatanen, Lindbohm; Kemiläinen, Friman; Anttila, Björninen, Mäenalanen; Hartikainen, Manninen, Granlund; Pakarinen, Filppula, Pesonen; Komarov, Nättinen, Aaltonen.
Team ROC: Fedotov; Yelesin, Yakovlev; Nikishin, Nesterov; Voinov, Telegin; Sharipzyanov; Slepyshev, Karnaukhov, Voronkov; Semyonov, Shipachyov, Chibisov; Gritsyuk, Tkachyov, Gusev; Grigorenko, Andronov, Plotnikov; Kayumov.
Notes: la Finlande sans Rajala (Bienne/surnuméraire).
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