Un Euro M21 à la portée de la Suisse?

Football » Alors que l’Euro M21 organisé conjointement par la Géorgie et la Roumanie commence pour elle ce soir à Cluj contre la Norvège (18 h), jamais l’équipe de Suisse espoirs n’avait paru aussi équilibrée et bien achalandée. D’aucuns n’hésitent d’ailleurs pas à la qualifier de la plus forte de son histoire. «Ce n’est pas présomptueux de l’affirmer, mais est-ce bien adéquat de comparer les générations?» commence par interroger Bernard Challandes. «Ceci dit, c’est certainement l’une des équipes les plus talentueuses, c’est sûr», complète-t-il aussitôt.

Ancien entraîneur des Rougets auxquels il a donné ses lettres de noblesse en atteignant les demi-finales de l’Euro 2002 en Suisse, le Neuchâtelois se prête malgré tout au jeu des comparaisons: «Dans mon équipe, j’avais aussi de bons joueurs. Il y avait des Frei, des Magnin, des Grichting, des Cabanas qui ont tous réussi une belle carrière, énumère-t-il. Mais il y avait aussi des joueurs comme le Fribourgeois Roman Friedli, pour ne citer que lui mais il y en a d’autres, qui ont ensuite un peu disparu… Ce n’était pas des talents à proprement parler, mais des joueurs d’équipe avec des capacités de se surpasser.»

L’ex-coach national jette un regard avisé sur la volée présente à cet Euro 2023: «Si tu prends la liste des onze titulaires, tu vois qu’il y a un peu plus de potentiel. Dans cette sélection, il y a cinq-six joueurs qui ont tout pour faire une belle carrière. Là, on a une génération exceptionnelle», s’exclame-t-il.

L’expérience en plus

Un petit coup d’œil sur les 23 Rougets présents en Roumanie suffit pour s’en convaincre. Avec, en tête de liste, Ardon Jashari (FC Lucerne) et Fabian Rieder (Young Boys): deux pépites emmenées par Murat Yakin à la dernière Coupe du monde au Qatar… Sans oublier, bien sûr, Zeki Amdouni (FC Bâle): LA révélation de ce début d’année, le serial-buteur qui, après ses deux réussites contre la Roumanie mardi soir à Lucerne, affiche le ratio parfait de cinq goals en cinq sélections sous le chandail de l’équipe A.

Et ce n’est pas tout. Patrick Rahmen pourra encore compter sur cinq autres éléments ayant déjà été appelés par Murat Yakin: Leonidas Stergiou, Simon Sohm, Dan Ndoye, Becir Omeragic et Kastriot Imeri. La confiance est donc de mise pour cette sélection dont l’objectif avoué est l’une des trois premières places synonymes de billet pour les JO. «Nous voulons que la campagne actuelle ne s’achève pas avec l’Euro, mais que cette génération puisse disputer un autre tournoi, celui des Jeux olympiques 2024 de Paris», avait d’ailleurs déclaré Patrick Rahmen à l’annonce de sa liste des 23 joueurs.

Voilà qui est dit, et bien dit. Et ce, sans forfanterie, selon Bernard Challandes: «C’est une équipe qui a de l’expérience avec des joueurs évoluant à l’étranger. Avec aussi des joueurs comme Rieder et Amdouni qui ont l’habitude d’évoluer sous pression à Young Boys et à Bâle, si je pense à son parcours en Conference League (les Rhénans ont atteint les demi-finales, ndlr). C’est ce qui fait son petit plus…» Le Chaulier résume alors: «C’est une équipe équilibrée et qui a du potentiel, surtout offensivement.»

Attention toutefois à l’excès de confiance dans ce groupe D où, outre la Norvège, les jeunes Helvètes affronteront l’Italie et la France. L’élimination prématurée lors de l’Euro 2021, alors qu’ils nourrissaient déjà de grandes ambitions, est là pour le rappeler. «L’équipe n’était pas sortie de la phase de groupes mais il ne faut pas oublier qu’elle était tombée avec le Portugal, la Croatie et l’Angleterre, rappelle Bernard Challandes. Et là, on est dans la même situation. Ce groupe D, c’est très fort», prévient-il.

«Le potentiel est là»

Prudent, le Neuchâtelois tient à remettre la sélection suisse au milieu du village: «Pour passer dans un groupe comme ça (les deux premiers sont qualifiés pour les quarts de finale, ndlr), il faudra faire des matches exceptionnels. Tu ne peux pas battre l’Italie, la France, voire la Norvège sans livrer de très grandes prestations.»

L’équation est posée. Reste désormais à la résoudre, à commencer par ce soir contre la Norvège. «Le potentiel pour faire un exploit est là, mais il faut prendre la chose à l’inverse, souligne Bernard Challandes. La Suisse a le potentiel pour le réussir, mais il ne faudra pas dire que c’est une déception si elle n’y parvient pas.»

Groupe D

Le programme de la Suisse:

Norvège - Suisseje 18 h

Suisse - Italiedi 18 h

Suisse - Franceme 20 h 45