Les Fennecs à l’image de leur peuple
Portée par un nouvel état d’esprit, l’équipe nationale d’Algérie renoue enfin avec les demi-finales à la CAN
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Pierre Schouwey
13 juillet 2019 à 04:01
CAN » Les séances de tirs au but se suivent mais ne se ressemblent pas pour Geoffrey Serey Die. Un mois après avoir inscrit à Aarau le penalty sauvant Neuchâtel Xamax des affres de la relégation, l’Ivoirien a «offert» la qualification à l’Algérie en ratant la dernière tentative des Eléphants, par conséquent éliminés de la Coupe d’Afrique des nations. C’était jeudi soir à Suez. La nuit suivant la qualification des Fennecs pour leur première demi-finale à la CAN depuis 2010, les célébrations se sont poursuivies en Egypte, mais aussi en France.
Retourné le temps de la compétition dans sa ville natale d’Alger, Ismaël Djelid, l’ancien entraîneur du FC Fribourg, a tout loisir de mesurer l’engouement croissant de ses compatriotes pour leur sélection. «C’était de la pure folie. Je suis resté bloqué au centre-ville jusqu’à passé minuit (le match s’est terminé à 19 h 30, ndlr). C’est comme si l’Algérie avait gagné la Coupe du monde», s’exclame l’ex-coach des Pingouins, consultant pour diverses télévisions locales.
Un rôle social à assumer
Depuis le mois de février, les Algériens ont pris l’habitude de défiler dans la rue le mardi et le vendredi. Le Hirak, mouvement de contestation contre le régime actuel, a trouvé un écho sportif, lequel s’est encore accentué hier dans les rues de la capitale. Ou quand les revendications politiques inspirent le football. Et réciproquement. «L’équipe nationale aperçue à la CAN est le symbole de cette nouvelle Algérie rêvée par le peuple, constate Ismaël Djelid. L’amour du drapeau y est très fort et la sélection joue sur cette fibre patriotique. Les joueurs se sentent investis d’une mission: celle de mettre un peu de baume au cœur de la population.»
Nerveuse contre la Côte d’Ivoire, «qui était la meilleure des deux équipes sur le terrain», estime le Fribourgeois, la sélection dirigée par Djamel Belmadi risque de l’être à nouveau demain soir au Caire, consciente de son rôle social. En battant le Nigeria, les Fennecs retrouveraient en finale la Tunisie pour le «classico maghrébin» ou le Sénégal dans un remake du match remporté par l’Algérie en phase de groupes. Peu importe l’adversaire, l’occasion serait belle pour cette dernière de remporter, 29 ans après, son deuxième sacre sur le continent africain.
«Dans cette Coupe d’Afrique décevante sur le plan technique, reprend Ismaël Djelid, l’Algérie a fait une grosse impression durant ses quatre premiers matches avec neuf buts marqués et aucun encaissé. Certains gros morceaux, comme l’Egypte ont déçu. Par conséquent, l’Algérie est devenue favorite malgré elle.»
Coaching à la Klopp
A fleur de peau en quart de finale, Riyad Mahrez et Cie ont troqué leur flamboyance contre de la résilience, eux qui ont raté un penalty peu avant l’égalisation ivoirienne. Régulièrement raillée pour son incapacité à vaincre malgré une constellation indéniable d’individualités, l’Algérie a, semble-t-il, trouvé la bonne formule sous la férule de Djamel Belmadi, 43 ans. L’ancien joueur du PSG et de Marseille a dompté la vague de scepticisme qui avait suivi sa nomination en août de l’année passée. «La clé, c’est le changement d’entraîneur, martèle Djelid. Avec son management très proche des joueurs, à la Jürgen Klopp si vous voulez, Djamel Belmadi a convaincu les Mahrez, Feghouli ou autre Bennacer de mettre leur talent au service du collectif. Même des éléments comme Yacine Brahimi (Porto, ndlr) et Islam Slimani (Leicester) acceptent d’être remplaçants, preuve que l’état d’esprit a changé.»
A l’image de son peuple dont elle s’inspire, l’équipe nationale parvient enfin à se mobiliser pour le bien commun. Reste à terminer le boulot.
Au programme
Coupe d’Afrique des nations, demi-finales.
Sénégal - Tunisie di 18 h
Algérie - Nigeria di 21 h
Finale le 19 juillet au Caire.
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