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Football

«Le football peut changer une vie»

Après deux ans et demi passés à Fribourg, Manuel Kanté joue à Vevey, qui affronte Bulle ce soir (17 h 30)

Manuel Kanté: «Au FC Fribourg, le brassard devenait trop lourd à porter. J’avais besoin de partir, voir autre chose.»

 Patrick Biolley

Patrick Biolley

19 octobre 2019 à 04:01

Première ligue » Il existe des gens qu’on n’oublie pas. Qui marquent un club de football par leur passage. Que cet épisode soit bref ou s’étale sur plusieurs années, ces joueurs restent dans les mémoires. Manuel Kanté est de ceux-ci. Arrivé au FC Fribourg en janvier 2015, il en a été le capitaine lors de la saison 2016-2017 et l’a quitté en juin 2017. Son ombre continue néanmoins de planer au-dessus du stade Saint-Léonard. C’est d’ailleurs assez fréquent de voir débouler son mètre 87 lors d’un match ou l’autre.

Pas seulement dans la capitale cantonale: Manuel Kanté tisse tellement bien ses liens que partout où il passe, l’amitié reste. Et ce n’est pas à la veille d’affronter Bulle avec son club actuel de Vevey (ce soir 17 h 30) que le Parisien oublie ses potes. «J’étais au téléphone avec Flavio (Cassarà, ndlr) il y a deux jours, je suis allé manger avec Arthur (Deschenaux, ndlr) il n’y a pas si longtemps», détaille le défenseur central de 33 ans, avant d’éclater de rire: «J’ai vu qu’il avait mis un triplé lors du dernier match. Je l’ai déjà averti que ça ne se passerait pas comme ça contre nous!»

Les jeunes dans le viseur

Manuel Kanté a quitté les Pingouins après qu’ils avaient été sauvés sur tapis vert. «Je n’en pouvais plus. J’avais déjà reçu des sollicitations en hiver, mais je suis un homme de parole, donc je suis resté jusqu’à la fin, se rappelle-t-il. C’était une accumulation de petites choses, mais le renvoi de Monsieur Zermatten a été le coup de trop. Le brassard devenait trop lourd à porter. J’avais besoin de partir, voir autre chose.»

Si le Français, qui a presque fait le tour du monde balle au pied (lire ci-dessous), aurait voulu tenter sa chance plus haut, c’est Vevey qui est venu avec la meilleure offre à ce moment-là. Une possibilité de préparer aussi son après-carrière. Si les genoux crissent et ses tendons le font souffrir, Manuel Kanté a toujours faim de ballon, mais il n’oublie pas qu’il y a une vie après les terrains. «C’était une opportunité, un projet auquel prendre part. On me proposait l’école de foot et de coacher les féminines, explique-t-il. A Fribourg, on m’avait poussé à me lancer, à faire mes diplômes. Au début, j’y étais allé un peu à reculons, mais dès le premier cours je me suis pris au jeu.»

Son but: entraîner l’élite. Mais les jeunes, pour pouvoir transmettre son expérience et sa ferveur. «Le football peut changer une vie, il a changé la mienne. J’ai voyagé, j’ai rencontré des gens formidables partout où je suis passé. Le foot m’a tout donné, je lui dois tout.» Ses yeux s’illuminent. «Au début j’étais un peu égoïste en me disant que je tournerai le dos au ballon une fois ma carrière finie. Mais c’est impossible, c’est toute ma vie! J’aimerais former des jeunes ici ou ailleurs. Mais je préférerais en Suisse, car je m’y sens bien, le vivier est très bon et les infrastructures ne cessent de s’améliorer.»

Ses deux patries

Mais avant cela, une fois qu’il aura rangé les crampons, Manuel Kanté devra décider entre ses deux patries d’adoption: la Suisse et la Croatie, où sa femme et ses deux enfants habitent. «J’y vais dès que je peux, c’est un pays qui m’est très cher et où j’ai des liens forts, dit-il avec émotion. Tu sais, j’ai grandi en banlieue parisienne, où tout n’est que béton. En Croatie, il y a de la verdure, les gens sont agréables et les choses sont simples.» Son fils, d’ailleurs, suit les pas de papa. «Il est fort, plus que moi, rigole Manuel Kanté. Même à distance, je reste très proche de lui et de ma fille, avec qui je voyagerai bientôt au Mali, dans le village de mes parents. Dès que je rentre en Croatie, je passe le maximum de temps avec les deux. Quand je suis là-bas, il n’y a qu’eux qui comptent.»

En Suisse, sa famille est le football et les gens qui gravitent autour. Partout où est passé Manuel Kanté, des amitiés se sont formées. «Chaque fois que je passe par Fribourg je serre des mains. On me disait que mon intégration serait difficile, mais tout le monde m’a pris sous son aile.» Même aujourd’hui qu’il habite à Montreux et joue à Vevey, sa maison est fribourgeoise, c’est d’ailleurs lui qui a insisté pour que l’interview ne se passe pas sur la Riviera vaudoise. «Tant sur le terrain qu’en dehors il y a des amitiés qui se sont créées. Ici, on ne se souvient pas de moi en tant que joueur, mais surtout en tant que personne, et ça me touche. C’est sûrement ce qui fait le charme de cette ville et pourquoi j’y suis tant attaché encore aujourd’hui.»

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