La première femme à commenter du foot en direct à la RTS est fribourgeoise
Elodie Crausaz est devenue cet été la première femme à commenter un match de foot en direct à la RTS
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11 août 2023 à 18:17
Coupe du monde » Elodie Crausaz commentera le quart de finale entre l’Australie et la France, ce samedi dès 8 h 50, depuis une cabine à Genève. La Broyarde de 39 ans interviendra pour la sixième et dernière fois de cette Coupe du monde en direct, après avoir notamment œuvré lors du match d’ouverture Australie - Irlande ou du duel au sommet entre la France et le Brésil. Jamais, avant elle, une femme n’avait commenté du foot en direct au micro de la RTS. «Je croyais que Marie-Laure (Viola, ndlr) l’avait déjà fait. Massimo (Lorenzi, son chef) m’a confirmé que j’étais bien la première.» Interview de cette pionnière fribourgeoise.
Comment avez-vous appris votre nouvelle mission?
«Le foot, c’est le sport que j’aime depuis toujours»
Elodie Crausaz
Elodie Crausaz: A mon retour de congé maternité, au printemps, Philippe von Burg m’a demandé quelles étaient mes aspirations pour la saison à venir. Je voulais être à la hauteur de la présentation de Sport Dimanche, un joli défi que je vais relever dans le deuxième semestre. J’ai aussi évoqué la possibilité de m’essayer au commentaire… On m’a dit que cela tombait bien que j’en parle, parce qu’on avait pensé à moi pour la Coupe du monde féminine. Le foot, c’est le sport que j’aime depuis toujours. J’ai fait des tests à blanc sur l’équipe de Suisse M21 et les matches préparatoires des Suissesses. On a débriefé. Et voilà. Je suis partie de loin. Match après match, je me sens plus à l’aise.
Le football est-il à ce point un bastion masculin que vous n’ayez pas demandé à commenter un match en direct?
Le commentaire, ce n’est pas du tout le même exercice que le plateau, la présentation ou le résumé. J’avais peut-être cette idée dans un coin de la tête, mais je n’osais pas me l’avouer ni le demander. Finalement, on m’a mis le pied à l’étrier.
Entendre une femme commenter un match de foot en direct en 2023, n’est-ce pas un peu tard?
Cela aurait sans doute pu arriver plus tôt. Mais nous ne sommes pas si nombreuses à la rédaction des sports: six ou sept femmes sur la quarantaine de journalistes. Je suis la seule dans la rubrique foot. Et puis, le commentaire est un poste exposé. Les supporters sont souvent très impliqués émotionnellement. S’ils ne sont pas d’accord avec ce qu’ils entendent, ils peuvent se permettre des remarques assez dures.
Quand avez-vous rejoint la rédaction sportive de la RTS?
«Je suis la seule femme dans la rubrique foot»
Elodie Crausaz
En 2019, après quatre ans à Teleclub, j’avais besoin d’un break. J’ai demandé un congé non payé pour faire un tour à vélo électrique en Scandinavie. On m’appelle avant mon départ, en me signalant une offre et en m’incitant à postuler. Ce n’était pas mon Graal d’accéder à la RTS, mais la perspective d’un Mondial, d’un Euro ou des Jeux olympiques me titille. Je vais à l’entretien. J’ai l’impression que cela se passe moyennement, mais on me rappelle pour un deuxième rendez-vous. Alors que je suis au milieu des coquelicots au Danemark, on m’informe que je suis choisie. Je demande un jour de réflexion. J’appelle mon ancien chef. Il accepte que mon congé sans solde devienne mes deux mois de dédit. Je reviens pour mon apéro de départ et j’entre à la RTS à la mi-septembre 2019.
Pourquoi n’allez-vous pas commenter la finale de ce Mondial?
Le commentaire, c’est toujours mieux depuis le stade. Et puis, je suis débutante. Mon collègue Jérémie Henriod fera ça à merveille.
Commenter la finale du mondial masculin, c’est un objectif?
Commenter un match masculin, du championnat suisse, ce serait déjà un nouveau palier.
Enfant, n’avez-vous jamais empoigné un micro dans votre chambre pour faire vos commentaires en direct?
«J’étais déjà une présentatrice de sport, alors que j’avais 7 ans»
Elodie Crausaz
J’étais dans ma chambre avec un micro et je… chantais! Je voulais devenir chanteuse. Par contre, pour un spectacle de fin d’année d’école, on avait découpé une télévision en carton. J’étais dans cette télévision. Et je disais: «Tout à fait Thierry, mais cela ne nous regarde pas!» (une référence au duo que formait Thierry Roland avec Jean-Michel Larqué sur TF1 ainsi qu’au sketch mythique des Inconnus, ndlr). J’étais déjà une présentatrice de sport, alors que j’avais 7 ans… Il y avait des signes, mais je ne m’en suis rendu compte que plus tard.
Votre tante, Nadine Crausaz, a été journaliste sportive. Cela a-t-il influencé votre parcours?
Elle m’a emmenée dans des patinoires et des stades de foot quand j’étais gamine. Elle me laissait parfois écrire deux lignes dans son papier. Je l’ai accompagnée dans les vestiaires pour faire des interviews. Je me souviens avoir vu Celestini en serviette et claquettes avec un gros cigare après avoir gagné une Coupe de Suisse. Cela m’a sans doute inspirée.
Que pensez-vous du niveau du Mondial féminin 2023?
Chez les filles, le niveau s’améliore à chaque grande compétition. C’est tout bénef.
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