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La Liberté part en échappée

Ils pédalent de Fribourg à Marseille en moins de 24 h

David Girardet et Julien Barbey ont trouvé un défi à leur démesure. Ils sont partis vendredi dans la soirée

David Girardet (à gauche) et Julien Barbey au départ d’un sacré défi depuis Belfaux.

 Pierre Salinas

Pierre Salinas

1 juillet 2023 à 01:07

Cyclisme » Ils ont trouvé un défi à leur démesure, quelque chose que le commun des mortels n’oserait imaginer. Ou seulement pour le plaisir de flâner le long des champs de lavande, au son des cigales, en fredonnant A bicyclette d’Yves Montand avec cet accent chantant qui n’est pas sans rappeler Le Sud de Nino Ferrer. Vendredi soir, David Girardet, 44 ans, dont on connaît la capacité à avaler le bitume, et Julien Barbey, «rouleur à grosses cuisses» de sept ans son cadet, ont pris la route en direction de Marseille. Juchés sur leur vélo et dans l’espoir d’arriver moins de 24 heures plus tard, soit samedi aux alentours de 19 h.

Bonne mère! Longue de 650 km pour 4600 m de dénivellation positive, l’entreprise interdit toute fausse note, le temps des deux cyclistes étant compté jusqu’au nombre de feux de circulation à Genève, Grenoble ou Chambéry, autant de villes-étapes qu’il s’agit de traverser en évitant autant que faire se peut le trafic et ses ralentissements. Derrière eux, deux soutiens logistiques, qui les suivront en voiture.

Le premier à lever la main

Devant, «un rêve de 20 ans» pour David Girardet, dont l’horloge biologique tourne trop vite à son goût. «Pour moi, c’est un peu la dernière qui sonne. Après, je serai trop vieux pour faire ce genre de bêtises, parce qu’avec l’âge tu perds de la force en pédalant», sourit le Fribourgeois d’adoption, qui a vécu dans le canton de Vaud avant de déménager à Belfaux, où il tient un magasin spécialisé dans la course à pied, sa discipline de prédilection.

Sa Broye natale, Julien Barbey ne l’a jamais quittée, lui qui a grandi à Franex avant de s’installer à Châtillon. Responsable de l’Association suisse des fenêtres et des façades, le trentenaire n’est pas aussi illustre que son aîné, mais il n’est pas moins «habité». Le week-end passé, n’a-t-il pas participé au «Swissman», un Ironman dit extrême qu’il a terminé en 17 heures? «Comment aurai-je récupéré? J’avoue que c’est un petit point qui me stresse. Car si j’ai déjà fait des courses par étapes, jamais je n’ai parcouru plus de 200 km par jour», lâchait le triathlète, un poil inquiet, avant le départ.

David Girardet et Julien Barbey ont scellé leur pacte «au Groupe E Tour, en août de l’année dernière», se souvient le premier. «Nous nous sommes connus au magasin de David, précise le second. J’avais entendu parler de son idée et il cherchait quelqu’un qui puisse tenir le choc. Je n’ai pas son palmarès ni son expérience, mais je me suis dit qu’on pourrait faire une bonne équipe.» David Girardet abonde: «Il a été le premier à lever la main. Après, il y en a beaucoup qui lèvent la main, mais encore faut-il assumer. Julien en est capable. C’est une force de la nature qui n’est pas à sa première aventure et qui a donc déjà fait sauter quelques barrières psychologiques. Tu sais qu’il ne va pas te claquer dans les mains au premier ravitaillement.»

La puissance de Julien Barbey, poisson pilote inestimable sur le plat, conjuguée à l’endurance de David Girardet, jamais aussi costaud que lorsque l’effort se prolonge… De cette complémentarité qu’ils ont nourrie en avril dernier, lors de huit jours de repérages dans des conditions quasi hivernales, dépend le succès de leur projet. «Nous avons pu découvrir les qualités et les faiblesses de chacun», lâche Julien Barbey qui, plus que des sandwiches ou des gels énergétiques, partage avec son partenaire cette volonté de repousser ses limites. «Je me suis parfois amusé à courir d’Estavayer jusqu’à Sierre, où habite mon père, soit 150 km pour 6000 m de dénivelé. Deux fois j’ai réussi, deux fois j’ai abandonné.»

Il y a deux ans, le Broyard a relié le point le plus au nord de la Suisse, Bargen dans le canton de Schaffhouse, à celui le plus au sud: Chiasso. Il raconte: «J’étais parti le 1er août vers 16 h, ai couru pendant toute la nuit dans la campagne zurichoise sous les feux d’artifice, déjeuné le lendemain à Einsiedeln, dîné à Altdorf et soupé au Gothard, où le restaurant était fermé. Mais comme j’avais téléphoné au préalable, le chef avait pris la peine de me préparer une truite.»

Rubrique «Exploit»

Son aîné n’est pas en reste. Double lauréat des 100 km de Bienne, David Girardet n’a jamais été avare en longues sorties à deux-roues non plus. A son actif, la Wysam 333 ou le Tour du Rwanda. Le Tour du lac Léman aussi, «mais plus jeune, à VTT, avec de longs trainings Nike et sous la pluie». Déjà, celui qui n’était encore qu’un adolescent n’était pas parti seul. «Côté français, nous nous étions arrêtés dans un McDo tellement nous étions frigorifiés», se souvient-il, hilare.

On ne s’improvise pas aventurier: on naît aventurier. David Girardet et Julien Barbey parviendront-ils à leurs fins? Réponse dans une prochaine édition. Sous la rubrique «Exploit».

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