Un exploit pour rêver en grand
L’équipe de Suisse a réalisé samedi la plus grosse performance de son histoire en battant la Serbie
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François Rossier
29 novembre 2020 à 22:29
Basketball » La vie sait se montrer malicieuse. Il y a cinq ans presque jour pour jour, la fédération suisse annonçait son projet de mettre en veilleuse la sélection nationale masculine avant de faire machine arrière quelques jours plus tard. Pour créer une nouvelle dynamique, elle a alors poussé à la retraite tous les «anciens», dont un certain… Dusan Mladjan. Cinq ans après ce triste épisode, la Suisse a réalisé le plus gros exploit de son histoire en battant la Serbie 92-90 grâce à un tir de… Dusan Mladjan, revenu en grâce après quelques années de purgatoire!
A Espoo, en Finlande, dans une bulle sanitaire pleine de surprises, la Suisse n’a rien volé face à la cinquième nation mondiale. «Les meilleurs joueurs serbes n’étaient pas là, mais battre la Serbie, qui a été vice-championne olympique et vice-championne du monde, ça équivaut à gagner contre le Brésil, l’Italie ou l’Allemagne en football», compare Dusan Mladjan, joint par téléphone au lendemain de l’exploit helvétique. Auteur du panier de la victoire à cinq dixièmes du buzzer, le Tessinois, 34 ans et toujours aussi décisif, apprécie tout particulièrement la performance, que ses origines serbes rendent encore plus savoureuse. «C’est le plus beau moment de ma carrière. Ce shoot va rester dans l’histoire du basket suisse!»
Question de confiance
Pour réussir un tel exploit, la Suisse a surfé sur une confiance au beau fixe. Les victoires de l’été 2019 sur le Portugal et l’Islande et les excellentes performances de février passé face à la Géorgie et la Finlande ont gonflé le moral des troupes. «Nous sommes entrés sur le parquet en nous disant que nous avions une chance. Nous avions été compétitifs en février, pourquoi ne l’aurions-nous pas été contre la Serbie?» s’interroge Jonathan Kazadi, ancien capitaine d’Olympic, qui a été l’un des grands hommes du match avec 16 points, 8 rebonds, 7 assists et un différentiel de +14.
Le début de match a été déterminant. «Notre objectif était de rester au contact lors des dix, quinze premières minutes. Les tirs primés réussis nous ont donné confiance», dévoile Dusan Mladjan. Dans le sillage de Kazadi, Roberto Kovac et des frères Mladjan, toute l’équipe de Suisse s’est mise au diapason. Grâce à un état d’esprit exemplaire, la blessure de Natan Jurkovitz et les soucis de fautes des intérieurs Arnaud Cotture et Jonathan Dubas sont quasiment passés inaperçus. «Nous nous battons tous pour le même but. Cela fait plaisir de voir que, derrière le cinq de base, il y a des gars qui répondent présent», apprécie Jonathan Kazadi.
Vite tourner la page
Après un dimanche consacré à la récupération, les Suisses doivent déjà tourner la page. Lundi après-midi, toujours dans la bulle finlandaise, ils défient en effet la Géorgie, leader invaincu de ce groupe E. «Personne n’a encore battu cette équipe. Si on parvient à le faire, cela nous placera en bonne position avant la dernière fenêtre internationale en février prochain», expose Kazadi.
Lors de la conférence de presse d’après-match, le sélectionneur Gianluca Barilari se réjouissait du comportement de son équipe depuis le début des qualifications. «Nous avons prouvé que nous méritions notre place dans ce groupe», a-t-il insisté. Battue après prolongation en février dernier en Géorgie (96-88), la Suisse veut sa revanche. Car son exploit de samedi ne doit pas rester sans lendemain. «Ça serait dommage de battre la Serbie et de ne pas se qualifier», résume Kazadi.
La Suisse, qui n’a plus participé à un Euro depuis… 1955 (!), n’a jamais été aussi bien placée qu’aujourd’hui. Elle arrive gentiment à maturité et peut rêver en grand, mais elle reste un Petit Poucet dans ce monde de géants. «Nous affrontons des adversaires meilleurs que nous. Les autres pays ont plein de joueurs en NBA ou en Euroligue. Dans les 30 dernières années, la Suisse n’a eu qu’une poignée de joueurs qui a évolué à haut niveau. Il y a Sefolosha et Capela en NBA, Harold Mrazek et moi qui avons joué en Europe, c’est tout. Pour gagner, la Suisse doit toujours réussir le match parfait», rappelle Dusan Mladjan. Elle l’a fait samedi. Sera-t-elle capable de rééditer pareil exploit lundi après-midi?
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