Par les deux bouts de la lorgnette
Supporter assidu et vocal du Fribourg Olympic, Nicolas Ducret, 48 ans, en est aussi l’un des statisticiens
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Pierre Salinas
5 février 2022 à 02:01
SB League » «Merci pour la proposition d’article. C’est rigolo. Mais je tiens à préciser que tout en m’enflammant et en ayant été repéré comme un supporter vocal, jamais je n’ai utilisé de vocabulaire ordurier.» Investi mais respectueux, partisan mais toujours poli, Nicolas Ducret prendra place, ce soir (17 h 30), dans les gradins de la salle Saint-Léonard, où le Fribourg Olympic qu’il soutient depuis 37 ans accueille les Starwings de Bâle. La tribune, dit-il, est l’endroit où, jadis plus qu’aujourd’hui, il a pu «lâcher un peu les chevaux», et il n’était pas rare que certains de ses voisins, excédés par son émotion débordante, ne le remettent à l’ordre – coquetterie purement fribourgeoise dont il s’émeut encore.
Pour la deuxième saison consécutive, il est une casquette que l’homme de 48 ans, psychologue scolaire à Domdidier, coiffe de temps à autre et qui l’oblige à redevenir le Nicolas Ducret «d’un tempérament plutôt calme, pour ne pas dire carrément cérébral parfois.» N’appartient-il pas au pool de sept statisticiens qui, à tour de rôle et par équipes de deux, officient lors des matches de SB League mais aussi de ligue B, catégorie où évolue l’Académie?
Eclairé et instruit
Le basket par les deux bouts de la lorgnette. Côté pile, Nicolas Ducret est ce que l’on appelle un fan, mais un fan éclairé et instruit, ancien joueur de niveau régional et grand consommateur d’images d’Euroligue, notamment. «J’ai chopé le virus lors de la finale de 1985, à la halle Sainte-Croix, dans une ambiance assez incroyable. A l’époque déjà, on n’annonçait pas le bon nombre de spectateurs, mais dans le sens inverse, s’amuse-t-il. Officiellement, il y en avait 3000 (3100 exactement, ndlr), mais nous devions être beaucoup plus.»
Les yeux pleins d’étoiles, le jeune Nicolas Ducret assistait de l’intérieur au sacre d’Olympic face à Vevey. Il ne cessera de soutenir le club fribourgeois depuis, des années Matan Rimac à celles de Petar Aleksic, en passant par l’ère Ken Scalabroni, moins fructueuse mais ô combien intéressante. «J’avais adoré la première année de Scalabroni (1999/2000, ndlr), reprend-il. Patrick Koller et Harold Mrazek partis, l’effectif était particulièrement jeune et touchant. A 23, 24 ans, Alain Dénervaud avait été parachuté vétéran. Olympic n’ira pas plus loin que les demi-finales des play-off, mais il avait éliminé Lugano en Coupe de Suisse. Ce jour-là, le public était debout: l’équipe avait été acclamée comme si elle avait gagné le championnat.»
Les souvenirs sont nombreux, les sautes d’humeur aussi, même si elles relèvent désormais de l’exceptionnel, on l’a dit. «Mon organe, effectivement, peut porter, sourit Nicolas Ducret. Je ne suis pas du tout objectif non plus, à considérer un coup de sifflet arbitral un peu curieux comme une injustice intolérable. Mais au bout d’un moment, on est aussi capable d’analyser la situation et de faire le choix soit de s’emporter contre une décision, soit d’exulter pour une séquence enthousiasmante.»
«Tiens, c’est curieux»
Chassez le naturel, il revient au galop. Sauf que le naturel de Nicolas Ducret est moins celui du supporter de base que celui du statisticien, appelé à rester clairvoyant en toutes circonstances. «La posture est différente, le recul aussi. Mais le match, je le vis pleinement et je réussis à l’apprécier quand même», précise le père de deux enfants. Et de continuer: «En arrivant à la salle, je n’ai pas l’impression de devoir changer de costume car, au fond de moi, je ne peux m’empêcher d’espérer voir Olympic gagner. Si, par exemple, un coup de sifflet me paraît un peu bizarre, j’ai juste le temps de me dire: «Tiens, c’est curieux.» Mais il y a un degré d’attention à garder, ne serait-ce que parce qu’il faut tout de suite annoncer la faute, quel type de faute et qui l’a subie. Peut-être même y a-t-il encore un changement de joueurs.»
Les préposés aux statistiques fonctionnent en binômes: l’«aboyeur» énonce ce que le «marqueur» – ou «cliqueur» – enregistre sur un clavier d’ordinateur. Avec l’âge, Nicolas Ducret s’est assagi. Mais il fait partie de la première catégorie, vous l’aurez compris.
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