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Sébastien Clivaz. «Je me fais gentiment à l’idée de devoir arrêter l’arbitrage»

Depuis sa mise à l’écart par Swiss Basket en juin dernier, Sébastien Clivaz n’a sifflé que deux matches d’Euroligue et quelques matches d’Eurocup. Alors qu’il s’apprête à contester son licenciement devant la justice, le Fribourgeois doit réorganiser sa vie. Forcé à changer d’entreprise pour travailler à temps plein, il pense à mettre un terme à sa carrière d’arbitre.


François Rossier

François Rossier

24 novembre 2023 à 23:20

Temps de lecture : 1 min

Basketball » Sébastien Clivaz n’usera pas son sifflet ce week-end. Après 20 années passées sur les parquets de ligue A, puis de SB League, le Fribourgeois a été écarté par la Fédération suisse en juin dernier. L’organe faîtier du basket helvétique lui reproche «le non-respect des règles et de son cahier des charges» ainsi qu’un comportement inadéquat qui perturbe le reste de la corporation.

Cinq mois plus tard, Sébastien Clivaz (39 ans) ne siffle plus qu’au niveau européen. «J’ai dirigé mon 2e match d’Euroligue de la saison jeudi à Lyon après quelques matches d’Eurocup en début de saison», précise l’arbitre, qui était donc aux premières loges pour l’inauguration de la LDLC Arena, la nouvelle salle lyonnaise qui peut accueillir plus de 12 500 spectateurs. Si l’ASVEL a ouvert un nouveau chapitre dans sa riche histoire, en perdant après deux prolongations contre le Bayern Munich (100-101), Sébastien Clivaz, lui, s’apprête certainement à clore celui de l’arbitrage. «Ma mise à l’écart me cause d’énormes préjudices, financiers notamment. Je vais devoir travailler à 100%. Je me fais donc à l’idée que je ne sifflerai plus jamais», lâche-t-il.

Vous ne pouvez plus arbitrer en Suisse mais vous sifflez en Euroligue. N'est-ce pas étrange comme situation?

C’est compliqué surtout. Je manque de rythme. Je me maintiens en forme et me prépare au mieux en regardant des matches et en travaillant avec la vidéo, mais cela ne remplace pas un match.

Comment vivez-vous ce début de saison?

Je le vis avec de l’appréhension. Je me demande jusqu’à quand je pourrai continuer à arbitrer. Je veux bien faire les choses, mais je me dis aussi: «A quoi bon?» Mais quand je rentre sur un terrain, je m’y sens bien.

Qu'est-ce qui a changé dans votre vie depuis l’annonce de Swiss Basketball?

Tout! Depuis 20 ans, j’ai fait tourner ma vie autour de l’arbitrage. Pour assouvir ma passion, j’ai fait des sacrifices professionnels, financiers, familiaux et sociaux. Je travaille à temps partiel pour pouvoir aller arbitrer des matches en semaine, et enchaîner le week-end. Cette mise à l’écart remet tous ces choix en question.

Vous avez toujours dit que vous n’étiez pas d’accord avec la décision de la Fédération. Qu’avez-vous entrepris pour vous défendre depuis juin dernier?

Avec mon avocat, nous avons contesté mon licenciement auprès de Swiss Basketball, mais ce dernier n’a bien sûr pas voulu entrer en matière. Ces prochaines semaines, nous allons donc mener une action en justice pour licenciement abusif. En plus, j’ai été victime d’un acharnement.

Comment ça, un acharnement?

A la Fédération, c’est deux poids, deux mesures. J’ai osé parler en interne pour dire que je n’étais pas d’accord et on me licencie. Le nouveau directeur technique (écarté de la sélection suisse féminine vendredi passé pour des «écarts de langage», ndlr) se retrouve deux fois dans les médias pour mauvais comportement et il est toujours là. Il n’y a pas de remise en question… Giancarlo Sergi (président de Swiss Basketball) et Erik Lehmann (secrétaire général) osent encore dire qu’ils agissent pour le bien du basket suisse. Avec tout ce que l’on voit dans les médias, ils auraient dû donner leur démission depuis longtemps. Il suffit de voir où on en est aujourd’hui. Le constat est catastrophique à tous les niveaux, et je suis triste d’avoir de tels mots.

Avec un peu de recul, avez-vous des regrets?

Oui, celui d’avoir soutenu Giancarlo Sergi avec ces «projets» et celui de n’avoir pas quitté plus vite la Fédération (il était salarié en tant que manager des arbitres jusqu’en octobre 2022, ndlr). J’aurais dû partir en 2019 quand on m’a retiré mon poste de responsable du basket 3x3 en raison, soi-disant, d’un conflit d’intérêts avec les présidents de clubs, alors qu’ensuite, ces mêmes personnes ont engagé Westher Molteni, un joueur en activité… Je ne fais de loin pas tout juste mais au bout d’un moment, il faut arrêter de dire que tout va bien et que tout le monde est ravi, sans daigner écouter les employés, les clubs ou la communauté du basket suisse.

Que va changer la nomination, le 9 décembre prochain, d’un nouveau président qui entrera en fonction en 2024?

Ce changement est plus que nécessaire pour le basket suisse, qui est la risée de tous. Ce n’est plus viable. Les dirigeants ne cessent de dire que tout va très bien et que la renommée d’un sport se juge en fonction des résultats de ses équipes nationales et du niveau de ses ligues. L’échec est total!

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