La Fondation Swiss Sport Integrity est submergée par les cas d’abus
Pour sa première année d’activité, la Fondation Swiss Sport Integrity a enregistré 264 signalements
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Julian Cerviño
20 avril 2023 à 04:01
Bilan » En 2022, Swiss Sport Integrity (SSI), qui s’occupait à la base de la lutte contre le dopage, a été submergée par les requêtes concernant sa nouvelle mission: celle concernant les manquements à l’éthique et les abus dans le sport. Markus Pfisterer et ses collaborateurs (cinq en tout) ont dû traiter 264 signalements. «Cela démontre que la mise en place de ce service répond à une nécessité», a souligné Ulrich Kurmann, président de SSI, hier matin en conférence de presse. Cela démontre aussi que les sportifs suisses ont reçu le message et savent désormais comment alerter les autorités compétentes pour signaler de tels abus.
«Dans la grande majorité des cas, des atteintes à l’intégrité psychique sont dénoncées», précise Markus Pfisterer. «Il y a aussi quelques cas d’atteintes physiques et sexuelles.» La plupart de ces affaires se déroulent au sein de clubs, dont au moins un assez important. Deux fédérations sportives sont aussi concernées.
Un déficit de 52’000 francs
D’ailleurs, SSI et Swiss Olympic n’ont pas manqué, dernièrement, de rappeler aux fédérations sportives que leurs statuts doivent être conformes aux nouvelles normes en matière d’éthique. Le Parlement du sport a aussi autorisé SSI à élaborer des solutions consensuelles avec les parties, «car une procédure d’enquête ne constitue pas une solution judicieuse pour chaque conflit», lit-on dans le rapport annuel de SSI.
137
signalements ont été classés sans suite
Face à cette avalanche de cas, SSI a reçu des soutiens financiers supplémentaires de la part de la Confédération, de Swiss Olympic et de l’Office fédéral du sport. Cela n’a toutefois pas suffi à régler toutes ces affaires. Sur les 264 signalements enregistrés en 2022, 137 ont été clôturés sans suite et 127 étaient encore en cours à la fin de l’année dernière. Dans quatre cas, des mesures provisoires ont été prises, dont la suspension provisoire de Luiz Souza, ex-entraîneur de VBC Val-de-Travers, en février 2022.
Le budget annuel de Swiss Sport Integrity s’élève à 6,435 millions de francs. La contribution de la Confédération et de Swiss Olympic, de 1,1 million de fr., pour la création de la cellule d’enquête sur les manquements à l’éthique fait partie de cette somme, tout comme les 400’000 francs supplémentaires versés pour la lutte antidopage. Ce qui n’empêche pas SSI de clôturer ses comptes 2022 sur un déficit de 52’000 francs.
Jugement pas public
Quarante-deux cas ont fait l’objet d’une procédure d’enquête. Parmi elles, trois ont été bouclées, dont celle concernant l’affaire Luiz Souza et le VBC Val-de-Travers. Ces rapports d’enquête ont été remis à la chambre disciplinaire de Swiss Olympic, qui n’a pas encore rendu public son jugement, puisqu’il est susceptible d’un recours.
Cela paraît long, trop long pour les victimes potentielles de ces abus. Markus Pfisterer comprend et explique: «Ces procédures sont complexes, elles impliquent souvent beaucoup de personnes que nous devons toutes écouter. Chaque partie a le droit de se défendre. Toutefois, il est important pour nous de rester en contact avec les personnes impliquées.»
On se doute aussi que les responsables de Swiss Olympic et de SSI s’attachent scrupuleusement à ce que leur premier jugement dans ce domaine soit inattaquable d’un point de vue juridique. Même si un droit de recours au Tribunal arbitral du sport (TAS) existe, même lorsque certains cas sont classés sans suite. Arcinfo
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