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Unihockey. Jonathan Stirnimann ne parle pas de revanche, mais de bonus

Après avoir dû réapprendre à marcher, l’attaquant vaudois a retrouvé un rôle en vue au sein de Floorball Fribourg. A son actif, quatre buts lors des deux dernières journées.

Portrait de Jonhatan Stirniman joueur de Floorball Fribourg qui revient sur les terrains après une grave maladie.Jean-Baptiste Morel

Pierre Salinas

Pierre Salinas

6 décembre 2023 à 09:20

Temps de lecture : 1 min

Samedi passé, Jonathan Stirnimann, 31 ans, est revenu de Davos avec, sur sa feuille de statistiques, deux nouveaux buts qui, ajoutés aux deux qu’il avait déjà inscrits une semaine plus tôt à Kloten, portent son total saisonnier à quatre. Il y a les Grisons et la banlieue zurichoise, deux longs déplacements. Mais l’attaquant de Floorball Fribourg, club qui compte parmi les trois meilleurs de ligue B, revient de plus loin encore, lui qui, il y a une année et demie, a dû réapprendre à marcher et à courir, qui plus est avec une canne d’unihockey entre les doigts.

«Marquer? C’est toujours sympa, je ne vais pas le cacher. Mais je ne vois pas cela comme une revanche, plutôt comme un bonus», lâche-t-il, une infusion de camomille posée sur la table devant lui. Et d’ajouter: «J’ai fait deux bons matches, mais j’y vais avec beaucoup d’humilité. Parce que la situation exige que l’on soit mesuré.»

Covid? Mononucléose?

Avril 2022. Un monde s’écroule. «Il y a eu cette longue grippe, dont je n’arrivais pas à me remettre, raconte Jonathan Stirnimann. J’avais comme un manque de tonicité, à tel point que je ne parvenais plus à marcher, ou seulement lentement.» Covid long? Mononucléose peut-être? Le diagnostic tombera trois mois plus tard: myasthénie, maladie auto-immune rare dont les symptômes traduisent un défaut de transmission entre le nerf et le muscle. «L'interaction entre les nerfs et les muscles est bloquée par le système immunitaire car détectée comme potentiellement dangereuse», explique-t-il avec d'autres mots. Les siens. 

Impossible de se tenir debout, encore moins de mettre un pied devant l’autre. Aujourd’hui encore, une diplopie entrave son champ de vision «à l’extrémité en haut à droite». «Quand, après avoir effectué une batterie de tests au CHUV, j’ai appris ce dont je souffrais réellement, j’étais presque rassuré, même si je savais que le plus dur m’attendait», reprend Jonathan Stirnimann, qui a dû «se réapproprier son corps», dit-il. Pire: «Une partie de moi est morte, lâche froidement le joueur originaire de La Sarraz, dans le Gros-de-Vaud. Quand tu ne marches plus, tu restes chez toi et tu n’as quasiment plus de vie sociale. J’ai pu faire un mégatri parmi mes amis. J’en ai moins qu’avant mais je sais qu’ils seront toujours présents.»

Des rechutes

Se relever, mais comment? Car qui dit myasthénie dit aussi, et malheureusement, rechutes. «J’en ai déjà eu sept ou huit. Combien de fois ai-je pleuré dans mon lit parce que je devais tout recommencer de zéro? Mais le message que je veux faire passer à travers cet article est surtout un message d’espoir. Il faut savoir qu’il y a autant de myasthénies que d’individus et, dans mon cas, elle ne m’interdit pas de faire ou refaire des choses. Autrement dit, il y a toujours et pour tout le monde une possibilité d’aller de l’avant.»

Jonathan Stirnimann se réfugie dans les méthodes de méditation du Dr. Joe Dispenza, «pour revenir à l’essentiel», et s’astreint à des séances journalières de stretching. Il se déleste de 10 kg, enlève les céréales et les sucres transformés de son assiette, abolit l’alcool – «de toute façon, je n’en avais plus envie.» L’unihockey? «Au début de ma convalescence, je n’y pensais même pas car j’avais perdu trop de muscles, confie-t-il. Puis, j’ai eu besoin de me fixer un objectif, ou plutôt un rêve. Je me suis visualisé en train de fouler un terrain. Je me voyais faire un back-hand, un shoot, contrôler une balle, tenter un dribble indien. De manière générale, j’ai travaillé le mental et développé diverses techniques, que j’ai mises en pratique petit à petit. Ça commence par l’index. Comment je me reconnecte à mon index? Et ainsi de suite…»

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