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«Chez nous, c’est portes ouvertes!»

Charlotte et Patrick Schaller offrent gîte et nourriture. Si Tavel devait gagner le titre, il serait aussi le leur

A leur manière, Patrick et Charlotte Schaller donnent un coup de main au club où jouent leurs trois enfants.

 Pierre Salinas

Pierre Salinas

6 mai 2023 à 04:01

Badminton » Ils sont les parents de Nicole, Oliver et Benedikt, trois piliers de l’Union Tavel-Fribourg. Un club qui, cet après-midi dès 14 h à domicile, demain à la même heure à Lausanne, cherchera à remporter le premier titre de son histoire. Si les enfants ont quitté le domicile familial depuis longtemps, Charlotte et Patrick Schaller, mariés depuis 31 ans, ne sont pas seuls pour autant.

Vendredi, veille de match: Alex Dunn débarque généralement le premier. L’Ecossais mouille le maillot singinois depuis trois saisons: Schmitten, c’est un peu sa deuxième maison. «Il m’appelle sa maman suisse», sourit madame. Le Danois Rasmus Messerschmidt a l’habitude de poser ses valises un peu plus tard, mais avec cette même impatience des retrouvailles. «Alex prend quatre œufs au déjeuner, Rasmus deux. Chacun est différent, mais ils sont les deux très sympathiques», précise monsieur dans un français quasi parfait. Et d’ajouter: «Depuis le temps que nous faisons ça, nous n’avons jamais eu de mauvaises expériences. Certains ont des habitudes un peu spéciales, c’est vrai. Les Anglais mélangent la salade avec les pâtes, qu’ils mangent sans sauce. Mais ils ont toujours été les bienvenus. Chez nous, c’est portes ouvertes.»

Pâtes et riz Casimir

Charlotte et Patrick Schaller sont les hébergeurs officiels du BC Tavel, un club qui, au contraire d’autres écuries de ligue A, n’aurait pas les moyens de faire dormir ces renforts étrangers à l’hôtel. Le couple fournit le gîte mais aussi la nourriture. Combien de kilos de pâtes la cuisinière a-t-elle fait bouillir? «Les féculents sont importants. Mais ma spécialité, c’est le riz Casimir, avec des fruits frais. Toute l’équipe en raffole», rigole-t-elle. Précision N°1: les jours de match, les parents Schaller ne ravitaillent pas seulement les mercenaires de l’effectif, qui n’en sont pas en l’occurrence, mais l’ensemble des joueurs. Précision N°2: les repas ont le plus souvent lieu à la salle même, deux heures et demie avant le coup d’envoi. «Mais il est arrivé qu’il y ait jusqu’à 12 personnes autour de la table de la salle à manger, fait remarquer Patrick Schaller. C’est beaucoup de monde, mais c’est aussi beaucoup de cultures qui se confondent car nous avons accueilli, en plus des Britanniques et des Danois, des Bulgares ou des Israéliens.»

Plus étonnant encore: les petites attentions culinaires de la cheffe sont connues loin à la ronde, jusqu’à dépasser les frontières du pays. Si si! «Un jour, raconte-t-elle, j’ai vu qu’un joueur anglais faisait la grimace au moment du dessert. Je lui ai demandé: what’s wrong? (qu’est-ce qui ne va pas? ndlr). Il m’a répondu qu’au centre de performance national, on lui avait dit que chez les Schaller tu recevais toujours une bonne glace. Sauf que je n’avais pas de glace ce jour-là…»

Une fois par mois en moyenne, d’octobre à mai, il est une villa jumelée qui grouille de vie, ce qui n’est pas pour déplaire à ses propriétaires. La générosité de la professeure en pédagogie curative et de son mari vétérinaire n’est plus à démontrer. Elle est la garante d’une tradition. Il faut savoir que dans la partie alémanique du canton encore plus qu’ailleurs, le badminton repose essentiellement sur l’engagement de divers foyers. Chacun à sa manière, les Andrey, Wäfler, Andri et autres Dietrich ont contribué à faire vivre un sport qui reste mineur et où il n’y a pas de petites économies. A leur tour, Charlotte et Patrick Schaller mettent la main à la pâte et au porte-monnaie. Sans rien attendre en retour.

«Nous recevons un petit quelque chose, mais jamais ce que nous investissons réellement. Le principal n’est de toute façon pas là. Nous faisons cela avec le cœur», lancent les sexagénaires dans un même élan. «C’est notre manière de rendre au badminton ce qu’il a donné à nos enfants. Plus jeune, Nicole a par exemple séjourné chez la mère de Pierre (Pelupessy, son ancien entraîneur), aux Pays-Bas. Elle n’avait que 15-16 ans, était loin de chez elle, mais nous savions qu’elle était en sécurité. Parfois, nous mettions des biscuits dans sa valise, mais nous n’avons jamais rien payé. Aujourd’hui, c’est nous qui sommes dans cette position et, à bien y réfléchir, c’est normal…»

Minh Quang Pham

Jamais le terme «famille» n’avait été aussi à propos. Si Nicole, Oliver, Benedikt et les autres devaient écrire l’histoire, demain, nul doute que ce premier titre serait aussi celui de maman et papa. Et si d’aventure Lausanne devait faire parler la logique du papier, Charlotte et Patrick Schaller pourraient le revendiquer en partie aussi. N’ont-ils pas accueilli le Vaudois et champion de Suisse en titre du double mixte Minh Quang Pham pendant quelque temps?

Ligue A

Play-off, finale (matches aller-retour). Samedi (14 h à la salle du CO de Tavel): Tavel-Fribourg - Lausanne. Dimanche (14 h à Malley): Lausanne - Tavel-Fribourg.

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