Carnaval. Sous le signe de Poséidon, Nice lance son carnaval
Un Roi de plusieurs mètres de haut aux allures de Poséidon, une Reine transformée en sirène, une dizaine de chars rivalisant d'inventivité: Nice a lancé samedi soir son carnaval, l'un des plus importants au monde, avec un dispositif de sécurité renforcé.
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ATS et AFP
16 février 2025 à 15:20, mis à jour à 15:28
Fort de 25'000 spectateurs, ce corso carnavalesque, qui ouvre quinze jours de festivité dans la ville française de la Côte d'Azur, affichait complet. Le carnaval de Nice, l'un des trois plus grands au monde avec Rio de Janeiro et Venise, attire chaque année quelque 200'000 visiteurs.
Placé sous le signe de Neptune, le dieu des mers, le corso a tout entier fait sien le thème de la préservation du milieu marin, référence au troisième Sommet des Nations Unies pour l'océan que la ville s'apprête à accueillir en juin prochain.
Ainsi de la création "Au coeur des abysses", qui présente un monstre noir et gluant dévorant les entrailles des océans en faisant toutefois apparaître, "dans cette obscurité", expliquent ses concepteurs, "des âmes passionnées, gardiennes des mers et des océans" qui s'érigent en "chevaliers des tempêtes".
De son côté, l'artiste niçois Sylvian the Fishman, qui ne peint que des poissons, a pu évoquer le combat qu'il mène depuis vingt ans contre les déchets plastiques.
D'autres carnavaliers avaient eux choisi de dénoncer, non sans ironie, dans "La croisière s'amuse", "les grands climatosceptiques, ces héros des temps modernes qui consacrent leur vie à prouver que le réchauffement climatique est une invention de l'homme". Avec une morale cruelle: "Nous sommes tous des noyés du rire, dérivant à la merci des vagues, dans un océan d'insouciance".
Le Costa Rica, qui co-organise avec la France le prochain sommet de l'océan à Nice, a de son côté défilé avec danseurs et musiciens, et une proposition "cherchant à sensibiliser le public à la nécessité de protéger nos écosystèmes".
Parade gratuite et populaire
L'après-midi avait eu lieu dans la ville un premier défilé plus populaire et accessible - car ne nécessitant pas de billet payant - qui avait l'ambition de renouer avec la tradition des carnavals d'antan.
Quelque 450 participants, professionnels ou associations, ont ainsi déambulé sur l'avenue Jean-Médecin, artère emblématique de la ville, dans une ambiance joyeuse et colorée avec, là aussi, force évocations du monde marin, entre méduses, fanfares en marinière et échassières aux allures de poulpes géants.
Le carnaval bénéficie cette année, a expliqué un responsable de la police, d'un "dispositif renforcé et adapté", avec de nombreuses unités de policiers ou de militaires de l'opération de veille antiterroriste Sentinelle, venues en renfort des effectifs locaux de police nationale ou municipale, pour un total de 300 personnels mobilisés.
"Même l'événement plus ouvert aux piétons de l'après-midi, s'il n'a pas donné lieu à des fouilles et des palpations systématiques, bénéficiait d'un dispositif de sécurisation très fort qui a d'ailleurs permis, au-delà de la lutte contre le terrorisme, l'interpellation de pickpockets", a indiqué une représentante de la préfecture.
"C'est sympa qu'on puisse voir quelque chose parce que sinon, nous les Niçois, on ne peut plus y aller", s'est félicitée Georgette Uras, 55 ans, une locale venue, comme plus de 30'000 personnes selon la municipalité, assister sous un franc soleil à cette première "carnavalina", nom donné par les organisateurs à la parade gratuite.
"Les chars, les grosses têtes, les fleurs, les confettis, les artistes... et le sourire du public, c'est ça l'ADN du carnaval de Nice", a estimé Caroline Constantin, sa directrice.
La volonté affichée est de "renouer avec le tissu associatif pour l'inscrire dans un projet à long terme de 'carnaval à l'année ̈' permettant, en lien avec des artistes professionnels, de créer des passerelles et des vocations".