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Société

Une professeure de l'UNIFR vient au secours des intellectuels et activistes afghans

Professeure à Fribourg, Sabine Haupt s’engage pour évacuer intellectuels et activistes d’Afghanistan


Anne Pitteloud, Le Courrier

Anne Pitteloud, Le Courrier

16 janvier 2023 à 13:21

Asile » Son énergie et son engagement impressionnent. Depuis un an et demi, Sabine Haupt, professeure de littérature à l’Université de Fribourg, remue ciel et terre pour faire sortir d’Afghanistan des intellectuels menacés par le retour au pouvoir des talibans en août 2021. Près de 100 personnes font partie de ce «plan de sauvetage», écrivains et poètes, mais surtout journalistes, essayistes, éditeurs politiques, philosophes ou professeurs.

Grâce à son combat, la Suisse a octroyé à ce jour un permis B à 43 personnes, dont 15 enfants. La collaboration avec des ONG a permis d’évacuer treize autres Afghans, quatre vers l’Allemagne et neuf vers l’Espagne. «Actuellement, je m’efforce, avec une ONG allemande, d’envoyer encore environ 35 autres personnes vers l’Allemagne» – Etat dont l’objectif est d’accueillir 1000 réfugiés afghans par mois.

«Une culpabilité historique gigantesque est en train de se créer»
Sabine Haupt

Cette volonté politique n’est pas partagée par la Suisse. L’action de Sabine Haupt se fait contre la politique des autorités fédérales. Mais qu’est-ce qui a mené cette écrivaine et universitaire à s’investir ainsi? Ce qui se passe en Afghanistan, comme les drames de la migration en Méditerranée, «c’est l’enfer. J’y suis sensible en tant qu’Allemande, mon enfance a été marquée par l’idée qu’il est normal d’aider. A 63 ans, après avoir beaucoup écrit et réfléchi, je crois qu’il est temps d’agir concrètement. Car une culpabilité historique gigantesque est en train de se créer.»

Fuite in extremis

Tout a commencé le 7 juin 2021. L’auteur et journaliste afghan Atiq Arvand envoie un mail au Centre PEN suisse allemand, dont Sabine Haupt est membre du comité. Le retrait annoncé des troupes américaines d’Afghanistan ainsi que l’avancée des talibans mettent sa vie et celle de ses amis en danger. Il est activiste des droits humains et sa compagne Shabnam Simia, juriste. «Ma principale demande est de quitter le pays immédiatement», écrit-il alors, en vain, aux ambassades, ONG et centres PEN du monde entier. Et puis Sabine Haupt répond.

Pour les faire sortir du pays, elle les invite à un congrès à l’université. En juillet 2021, le couple se rend à Islamabad, au Pakistan, pour demander un visa humanitaire à l’ambassade suisse. Après un premier refus, le SEM ordonne à l’ambassade d’Islamabad d’octroyer un visa au jeune couple. La décision tombe le 10 août, juste avant la chute de Kaboul. Shabnam Simia et Atiq Arvand quittent le pays en cachette et finissent par atterrir à Genève le 8 septembre 2021.

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