Symbole vivant de la capitale
Il revient gentiment s’établir en Suisse, mais à Berne, cela fait bien longtemps que l’ours est une star
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Jessica Dubois
17 juillet 2021 à 04:01
Helvètes à poils (6/6) » L’Australie et son kangourou. Le Pérou et son lama. La Suisse aussi a ses animaux de cartes postales. Rencontre avec six Suisses aussi sympathiques que charismatiques.
Sur le drapeau, mais dans les cœurs surtout. A Berne, l’ours est incontournable. Le chef du parc des ours, Peter Schlup, en a de nombreuses preuves. «Si l’un de nos ours a un problème, je reçois des dizaines de messages de personnes qui s’inquiètent pour eux», raconte-t-il. «La population a plutôt mal vécu le déménagement des ours durant quelques mois à Vallorbe en 2015, le temps de réaliser des rénovations dans le parc. C’était la première fois depuis plus de 200 ans qu’il n’y avait plus d’ours, et ça c’est difficile pour les Bernois!»
En témoignent aussi les pots de miel que le parc reçoit régulièrement en cadeau pour Finn, Björk et Ursina… Car non, ce n’est pas une légende, les ours raffolent bel et bien de ce plaisir sucré! La légende est plutôt à chercher du côté de l’histoire qui lie la ville aux plantigrades. La plus connue raconte que la ville tire son nom du fait que le fondateur de la ville (Berne a été créée en 1191), le duc Berchtold von Zähringen, y aurait tué un ours. «Mais l’origine vient plutôt du terme celtique berna qui signifie gorge, car l’Aar fait comme une gorge à cet endroit. Mais libre à chacun de choisir la légende qu’il préfère», sourit Peter Schlup.
Voleurs d’ours
Dans la capitale fédérale, le terme d’ours renvoie presque systématiquement à celui de fosse. Là aussi, l’histoire est ancienne. En 1513, les Bernois, alors vainqueurs de la bataille de Novare (dans le Piémont), ramènent un ours vivant comme butin et l’exhibent dans un fossé de la ville. La première fosse aux ours se trouvait sur ce que l’on appelle encore aujourd’hui la Bärenplatz. Elle y restera jusqu’en 1764.
En 1798, les Bernois perdent la bataille contre la France. «Les Français ont pris de l’argent aux Bernois, mais ils ont aussi pris les ours et les ont emmenés à Paris. Cela a été un événement dramatique pour les Bernois. On peut dire que le fait que les Français leur aient volé ces ours était bien plus grave que les pillages», raconte Peter Schlup. Il faudra attendre 1810 pour que les plantigrades reviennent dans la ville.
Un parc, et non une fosse
Une nouvelle fosse voit le jour en 1857: c’est celle que l’on connaît, qui jouxte le nouveau parc aux ours, ouvert en 2009. «La fosse avait été rénovée en 1996-1997, les conditions de vie des ours étaient un peu meilleures, mais pas encore suffisantes», note le responsable du parc. La vie de Finn, Björk et Ursina a bien changé en 2009, lors de l’ouverture du parc: l’enclos a une grandeur de 6000 m2 et un projet d’agrandissement est à l’étude.
Le terme de fosse est pourtant encore bien présent dans les esprits, même si Peter Schlup et son équipe aimeraient s’en défaire. Le terme «Bärengraben» disparaît gentiment des panneaux de signalisation, de randonnées pédestres, mais aussi de l’arrêt de bus au profit de celui de «BärenPark». «Davantage de place pour moins d’animaux » est d’ailleurs le slogan du parc aux ours et du parc Dählhölzli. Quoi qu’il en soit, les trois pensionnaires visitent encore leur ancienne demeure chaque jour, permettant ainsi aux gardiens de procéder au nettoyage du parc.
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