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Religions

Le prêtre Jacques Mourad enlevé par Daech

Le prêtre syro-catholique Jacques Mourad.

22 mai 2015 à 17:42

Syrie

Le prêtre syro-catholique Jacques Mourad (photo DR), supérieur du monastère de Mar Elian, au nord-ouest de la Syrie, a été enlevé jeudi par Daech, le mouvement Etat islamique. Roberto Simona, responsable pour la Suisse romande et italienne de l’œuvre d’entraide catholique Aide à l’Eglise en détresse (AED), l’avait rencontré récemment sur place. Il indique que le prêtre voulait rester, malgré les menaces, pour continuer à aider la population.

Roberto Simona confirme que le monastère de Mar Elian, proche de la cité antique de Palmyre, qui vient d’être conquise par Daech, était depuis peu dans une zone à risque. Le responsable d’AED souligne que le Père Mourad était respecté et aimé de la population, principalement à cause de l’aide humanitaire qu’il apportait à tous, chrétiens comme musulmans chiites ou sunnites. Jusqu’ici, la réputation du prêtre catholique l’avait protégé des attaques, mais l’arrivée de groupes comme Daech, composés surtout d’étrangers, a changé la donne, explique Roberto Simona. Il espère que les ravisseurs ne sont pas dans une logique idéologique et qu’ils l’ont enlevé pour obtenir une rançon.

Selon des sources locales contactées par l’agence vaticane Fides, un diacre du nom de Boutros Hanna aurait été enlevé en même temps que le Père Mourad. D’après les premiers éléments disponibles, le kidnapping a été réalisé par deux hommes armés arrivés en motocyclette au monastère de Mar Elian. Les ravisseurs auraient contraint le prêtre à prendre sa propre voiture et, sous la menace des armes, lui auraient imposé de se diriger vers une destination inconnue. Le monastère représente une filiation du monastère de Deir Mar Moussa al Habashi, refondé par le Père jésuite italien Paolo Dall’Oglio, lui aussi enlevé le 29 juillet 2013 à Raqqa, sous le contrôle de Daech. Le sort du Père Dall’Oglio est encore aujourd’hui incertain. Récemment, le Père Mourad affirmait à Roberto Simona que «si l’on n’a pas la preuve que le Père Paolo est mort, pour nous, il est vivant!»

De retour de Syrie, le responsable d’AED relève que les chefs de Daech n’ont pas de liens avec le territoire qu’ils veulent conquérir, ils ignorent les valeurs culturelles de la société locale. «Les gens sentent que ce sont des étrangers qui veulent imposer leur idéologie. Il ne suffit pas d’être sunnite, aux yeux de Daech, il faut adhérer à son idéologie, sinon, ceux qui ne suivent pas sont persécutés. On a l’impression qu’en Syrie, aujourd’hui, l’Etat s’est désintégré. Le pays est de plus en plus contrôlé par des émirs et des clans.» Selon lui, avec 220 000 morts et 7 millions de déplacés, «les atrocités touchent tout le monde, et pas seulement les chrétiens, car la persécution est transversale…» APIC

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