Et vous criez. «Vous l’avez en 40?»

C’est ringard!

Notre chroniqueuse lance un regard critique sur la fast fashion. Le porte-monnaie, les bras et même l’odorat peuvent prendre cher.

Fermez les yeux, et imaginez: vous entrez dans un magasin. La lumière est blanche, saturée et vous donne l’impression de manquer de vitamines. La musique est rythmée, elle tambourine à vos tympans, vos oreilles sifflent et vous perdez la voix à demander au vendeur: «Vous l’avez en 40?» Devant vous, des rayons à perte de vue, alignés militairement, de vêtements tous identiques: blancs, beige, gris, noirs, et vous vous croyez original en sélectionnant une pièce bleu foncé.

Et justement, vous faites votre sélection à vous donner des crampes, à vouloir faire exploser votre armoire et alarmer votre banquier. C’est donc les bras encombrés que vous vous ruez vers les cabines d’essayage. Enfin, se ruer, il faut se l’imaginer, puisqu’il y a toujours une file d’attente d’au moins cinq personnes. Donc vous patientez, vous défilez sur votre téléphone, et vous entendez même quelqu’un se plaindre que la cabine du fond, la plus grande, reste occupée plus longtemps que les autres. Laissez-nous en profiter, aussi!

Quand finalement vous y arrivez, dans la cabine, vous enchaînez les essayages. Ça ne sent pas bon, il y a une tache de fond de teint par-ci, une couture de travers par-là. Mais bon, à ce prix-là, la couture de travers, personne ne la verra.

Plus ou moins satisfait, vous rendez les deux tiers des essayages à la sortie – vous laissez les professionnels les ranger. Vous vous dirigez avec le tiers restant à la caisse. Vous payez, parfois un bras, et vous sortez, l’air pauvre. Le lendemain, sans avoir pris la peine de passer vos achats à la machine, parce que trop impatients vous portez les nouvelles acquisitions. Bien sûr, ça sent toujours mauvais. Vous espérez des «oh, c’est nouveau? J’aime bien», mais vous n’obtenez que des «c’est marrant, ma sœur a le même». Alors, toujours aussi content de vos achats? Margot Knechtle