Une question de style

Les grandes chaleurs vont bientôt s’abattre sur l’ouest du Japon, et malgré elles, une règle sera comme toujours de mise : découvrir le moins de peau possible, par tout temps. Certaines femmes ne sortent qu’avec leur ombrelle. Au Japon, on craint le soleil (presque) comme la peste – comme dans d’autres pays d’Asie d’ailleurs. On vous dira que le soleil, c’est mauvais pour la peau, ce qui n’est pas faux, mais réalité, on veut surtout avoir la peau la plus blanche possible. Les shorts et des jupes courtes sont tout de même assez courants. Les épaules, en revanche, plus sexualisées que les jambes, sont rarement découvertes. Bref, vous l’aurez compris : autre culture, autres codes.

La mode masculine, beaucoup plus développée que dans les pays européens que j’ai visités, est un autre point qui m’a frappée. Un ami en Suisse m’a dit un jour qu’il trouvait les rayons de vêtements classés « hommes » ennuyeux et qu’il allait parfois dans les rayons féminins pour trouver ses vêtements de soirée. Au Japon, pas besoin de fouiller ciel et terre pour trouver chaussure à son pied ; les magasins dédiés, parfois même exclusivement, à la mode masculine, sont pléthore. Les boutiques de seconde main, nombreuses elles aussi, sont souvent unisexes. Et puis, les looks androgynes sont plutôt bien perçus. Ça peut étonner dans une société aussi patriarchale, mais là encore, ce sont juste les codes qui sont différents. Ainsi, maquillage et longues boucles d’oreille ne seront pas perçus comme non-masculins au Japon, alors que ne pas prendre en charge l’entièreté des coûts d’un rendez-vous galant ou laisser sa petite-amie marcher du côté de la route sur un trottoir sera considéré comme une négligence. 

Revenons à la mode. Au Japon, on adore l’oversize, le street style à l’américaine, et la mode coréenne qui reflète le style des stars de k-pop (pop coréenne). Ça, c’est pour ce que j’ai pu constater par moi-même, mais la réalité est bien plus diverse. Le youtubeur JESSEOGN a interviewé de jeunes tokyoïtes en leur posant la question : « qu’est-ce que tu portes ? » et sa vidéo donne un très bon aperçu de différents styles et du soin que portent les jeunes à leurs tenues.

Le Japon, c’est l’amour du détail et des choses bien faites, même quand elles vont à l’encontre du bon sens. C’est très embêtant quand on parle de paperasse administrative – je vénère celles et ceux qui ont le courage d’acheter une maison au Japon ! – mais plutôt sympa quand il s’agit de vêtements ou de nourriture. Oui, vous avez bien lu, nourriture. Je mettrais ma main à couper que des ingénieurs se cachent derrière la conception des bentō du nouvel an. Et puis, on ne passe pas une journée sans parler nourriture au Japon, donc ce commentaire a tout à fait sa place dans cet article.

Nous parlions mode. Dans cette autre vidéo, le youtubeur interviewe des jeunes dans le quartier d’Harajuku à Tokyo, connu pour sa mode décalée et excentrique. Dans un Japon fondu dans des règles strictes où l’on n’est pas encouragé à se démarquer en tant qu’individu, surtout sur son lieu de travail, ces looks décalés extrêmes témoignent souvent d’une prise de liberté individuelle et d’un épanouissement personnel.

Le format obligeant, j’ai beaucoup généralisé dans les paragraphes précédents. Mais comme toujours, à chaque règle ses mille exceptions. Prenez le temps de faire du people watching à Osaka ou Tokyo et appréciez la diversité de la foule ! Et surtout : restez stylés !