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The Idol laisse perplexe

The Idol était attendue cet été comme un successeur à Euphoria. Entre scénario faible, un message douteux et une morale ambigue, il n’y a pas grand-chose pour sauver la nouvelle production de HBO.


Amédée Hirt

Amédée Hirt

11 septembre 2023 à 02:26

L’Article en ligne – critique série » Dans le sillage du succès d’Euphoria, The Idol est une nouvelle production HBO avec Sam Levinson aux commandes, sortie en juin 2023. Il est cette fois-ci accompagné de Reza Fahim et Abel Tesfaye, dit The Weeknd comme co-créateurs. Ce dernier tient également l’un des principaux rôles, le personnage de Tedros, qui prend sous son emprise l’icône de la pop Jocelyne (Lily-Rose Depp), victime d’une dépression nerveuse conséquente au décès de sa mère. Entre Tedros, les producteurs et les managers, difficile faire la différence entre ceux qui cherchent véritablement à aider Jocelyne à retrouver sa créativité et sa santé et ceux qui cherchent à la faire remonter sur scène pour leurs propres intérêts.

Dans ce contexte, cette nouvelle série de Levinson, plonge au cœur du star-system américain et en dépeint les travers les plus sombres. Entre manipulation, emprise, abus psychologiques et physiques et endoctrinement quasi-sectaire, The Idol met à l’écran des mécanismes malsains et dérangeant. Et cela n’est franchement pas un succès. Si l’on comprend que la série cherche à dénoncer ces aspects, cela n’est pas toujours clair. La limite entre critique et fantasme voyeuriste est parfois difficile à saisir. Finalement, difficile de dire si la série encourage le sacrifice de sa santé, de sa personne, au profit d’une production artistique bénéficiant au monde, ou si, au contraire, elle dénonce la destruction des aspects humains d’artistes sacrifiée sur l’autel de la création.

Un message douteux

La morale ambivalente de cette production met le doute sur le message que cherchent à faire passer les créateurs. Des thèmes comme la sur-sexualisation des femmes artistes, le slut-shaming ou l’autodétermination corporelle sont traités. Un male gaze trop présent vient cependant faire s’effondrer toute tentative de se saisir de ces thématiques de manière critique. La série donne l’impression de faire exactement ce qu’elle semblait vouloir dénoncer : le personnage qu’incarne Lily-Rose Depp est sur-sexualisé et la nudité féminine est surreprésentée sans que le scénario ne semble le justifier. 

Malgré tout Lily-Rose Depp réussit à tirer son épingle du jeu et son interprétation de star torturée, manipulée et utilisée, est crédible. À ses côtés, on soulignera les apparitions réussies de Suzanna Son (Chloé), Da'Vine Joy Randolph (Destiny) et Hank Azaria (Chaim). Le reste du casting fait le job sans plus. Quant à The Weeknd, son jeu limité à un seul registre rend sa prestation presque autant insipide que son personnage est détestable.

La musique comme point positif

L’esthétique de la série est réussie et rappelle celle de Euphoria et porte ainsi bien la patte de Sam Levinson. Cependant, à force de trop vouloir rendre l’image belle, l’esthétique prend trop de place, alourdissant un scénario déjà faible. Le rythme devient ainsi très lent et il faut s’accrocher durant les trois premiers épisodes, sur les cinq que compte The Idol.
Au rayon des réelles satisfactions, on ne peut trouver que la bande originale, signée The Weeknd et Mike Dean, un des anciens producteurs de Kanye West. La musique offre une nappe sonore aux harmonies riches typiques de The Weeknd et est utilisée intelligemment pour dialoguer avec l’histoire. Pourtant, même pour de grands fans de The Weeknd, cela n’est pas suffisant pour sauver une série au scénario faible qui laisse perplexe, à la morale ambivalente et au message douteux.
 

 

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