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Que reste-t-il du souvenir ?

L’article en ligne – BD » Avec Tout ce qui reste de nous, l’autrice américaine Rosemary Valerd-O’Connell nous offre trois perles de poésie et de questionnement sur le souvenir.


Lise Schaller

Lise Schaller

4 février 2021 à 19:52

Dans Tout ce qui reste de nous, ce sont non pas dans une seule, mais bien dans trois histoires courtes que le lecteur est embarqué. Les trois parties sont à la fois indépendantes et interconnectées, offrant au lecteur une réflexion autour de l’amour, du souvenir et de la mémoire, de la vie et de la mort, de la technologie, de la nature, du moment présent, de l’avenir et de la solitude.

Les illustrations couleur pastel, plus délicates et plus intelligemment composées les unes que les autres, nous plongent dans un monde onirique. Ici, deux amoureuses se cherchent. Là, les souvenirs servent de carburant à un vaisseau qui s’écrase. Ailleurs, un village vit dans l’attente du réveil de la géante endormie qui ombrage le village depuis des générations.

Incompréhensible, vous dites ?

C’est la critique qui peut être faite au scénario qui pose un décor soit de fantaisie, soit de science-fiction. L’œuvre propose au lecteur des clés de compréhension, tout ça pour le perdre deux pages plus loin. Néanmoins, il est certain que les habitués du conte se perdront volontiers dans ces trois récits mystérieux. C’est justement cette liberté laissée à l’interprétation du lecteur qui, à mon avis, a le mérite de rendre chaque histoire très personnelle. Qui sait les sentiments que réveilleront en vous la rencontre d’Isla et Kelo ? Peut-être aurons-nous l’impression, en tentant une interprétation, de ne pas avoir lu la même BD.

Si l’on peut louer l’ambiance créée par ce flou volontaire du scénario, on sera plus critique face au cadre de science-fiction très fragile qui perturbe plus qu’il n’aide le lecteur soit à s’abandonner à l’histoire, soit à comprendre les tenants et les aboutissants de celle-ci. Peut-être aurait-il été plus judicieux de se décider pour un genre et de s’y tenir : trois contes fantastiques dans un univers non réel assumé. Ou alors, n’ai-je rien compris ?

Cette remise en cause du genre n’a cependant pas gâché ma lecture. Et si les illustrations convainquent, le texte n’est pas en reste non plus. Les dialogues sont fluides et surprenants, la chute de chaque histoire bien choisie. La troisième partie, celle de la géante, portée par un discours narratif sans dialogues digne d’un conte de fée, se démarque en cela des deux autres.

Quant à la géante… Ses origines et ses intentions, si tant est qu’elles nous aient été révélées, sont à jamais perdues dans la mémoire des morts. Les mythes, théories et spéculations traversent les générations comme un fleuve.
 


Tout ce qui reste de nous

Rosemary Valerd-O’Connell (scénario, dessin)

Hors Collection Dargaud

Paru janvier 2021

120 pages

https://www.dargaud.com/bd/tout-ce-qui-reste-de-nous-bda5354800

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