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Netflix au pays des rêves lucides

L’article en ligne – série » Le géant du streaming a une nouvelle fois frappé fort avec Mon amie Adèle. La mini-série britannique vous embarque pour un voyage au pays des rêves lucides, là où les apparences sont trompeuses.


Lara Diserens

Lara Diserens

29 avril 2021 à 14:25

Deux semaines, c’est le temps qu’il a fallu au programme pour être en tête du classement de la plateforme. Présentée comme un thriller psychologique par Netflix, Mon amie Adèle vacille entre l’histoire d’amour toxique et la fiction surnaturelle. Adapté du roman de Sarah Pinborough, la série dessine l’histoire d’une mère célibataire prise dans un triangle amoureux avec son patron et son étrange épouse. Une rencontre hasardeuse, et ainsi débute une longue série d’événements plus surprenants les uns que les autres. Mais les coïncidences n’existent pas dans Mon amie Adèle. Le malaise palpable des premières minutes intrigue, et plonge instantanément le spectateur dans une atmosphère tendue insoutenable. Quand la passion rencontre la folie, l’amour est aveugle.

Le destin de Louise vacille lorsqu’elle percute malencontreusement son futur patron dans un bar. L’alchimie est immédiate, presque trop belle pour être vrai. Un baiser volé qui devait rester un moment d’égarement se déforme en romance interdite. Lorsque la maîtresse et la femme deviennent amies, le cauchemar commence. Pas question de choisir pour Louise : pour une fois, elle décide de penser à elle. C’est le début d’une triangulation amoureuse malsaine, bercée par des jeux de pouvoir subtiles et des non-dits assourdissants.

Prise à son propre jeu, Louise somnole dans l’illusion. Simona Brown incarne naïvement ce bout de femme qui ne demande qu’à vivre et à sortir de son quotidien endormant. La toxicité de la situation est si évidente qu’elle en devient excitante, autant pour Louise que pour le spectateur. Entre les flashbacks suggestifs et les plongeons intrusifs dans la conscience des personnages, on ne parvient plus à différencier l’imaginaire du réel.

Mon amie Adèle emmène au pays des songes, mais pas n’importe lesquels. Les cauchemars intenses de Louise traduisent avec succès la panique des angoisses nocturnes. Hantée par ses vieux démons, la jeune femme subit ses nuits comme ses jours, ses rêves comme les événements …. À moins qu’elle ne parvienne à les maîtriser. Les rêves lucides, ça s’entraîne. Comptez vos doigts, pincez-vous plusieurs fois par jour, et visualisez une porte avant de dormir : vos rêves deviendront réalité.

Rêve ou réalité, c’est la question que nous pose la série. Peut-on faire confiance à ce que l‘on voit, à ce que l’on ressent ? Jour et nuit, les personnages sont tourmentés, par le travail, la famille, les amis, les amours. Pas étonnant que l’intrigue ait autant résonné auprès de l’audience. Mais les émotions refoulées se réveillent tôt ou tard. Mon amie Adèle interroge les limites et le pouvoir de la conscience humaine, et nous renvoie directement à nos propres vies de dormeurs éveillés.

On regrette quand même que la romance ne soit pas plus provocante. La trame frôle parfois d’un peu trop près la fantaisie, sacrifiant une part de crédibilité au scénario. Côté visuel, la scénographie minimaliste et la balance des couleurs glaciale souligne le mystère de la situation. Les jeux d’acteurs de Eve Hewson (Adèle) et de Simona Brown (Louise) sont à saluer… tout comme l’accent écossais sexy du mari infidèle (Tom Batermann). La chute complètement inattendue laisse un goût d’horreur et d’admiration dans la bouche, à ne plus en dormir la nuit. Faites de beaux rêves !

 

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