Logo

Page jeunes

Le vol retour

Dans ce dernier épisode nippon, notre chroniqueuse fait son grand retour en terre helvétique. 


Lise Schaller

Lise Schaller

9 août 2023 à 01:29

Temps de lecture : 1 min

Chronique Japon » Ça y est, le vol retour approche. Il y a beaucoup d’histoires à raconter. Celle des joies et des appréhensions liées au retour, celle des derniers instants passés avec les ami·e·s au Japon, ou celle, plus ennuyeuse, des ennuis administratifs. Mais voilà, je ne suis pas encore rentrée et me trouve en plein dans ces dernières rencontres, dans ces ennuis administratifs très japonais, et je ne sais pas vraiment où donner de la tête. Il y a cependant un jeu auquel j’aimerais me prendre : comment se passeront les premières heures une fois rentrée au bercail ? Vous l’aurez compris, nous nous trouvons ici dans une pure fiction. Voici donc mon histoire, dans le futur.

Il y a d’abord l’arrivée à l’aéroport de Zurich. Mois d’août, été, tard le soir. Nous nous trouvons en Suisse, donc il fera frais. Enfin une nuit digne de ce nom, où l’on peut porter un pull et avoir des frissons, et rentrer à la maison à vélo sans transpirer des mètres cubes ! C’est merveilleux. J’attends patiemment mes valises et dois tiquer à la vue d’autres voyageurs et voyageuses qui se pressent vers le tapis roulant, me bouchant la vue – décidément, ici, les gens n’ont pas appris les bonnes manières.

Cela fait un an que je n’ai plus vu autant de visages occidentaux autours de moi

Me voici dans le train en direction de la gare centrale. Ce soir, je dors chez un ami. Cela fait un an que je n’ai plus vu autant de visages occidentaux autours de moi – c’est très drôle. Au moins, personne ne me remarque. On me laisse en paix. Une femme est au téléphone. Ça aussi, ça fait longtemps – c’est très malpoli d’être au téléphone dans les transports publics au Japon. La voix des CFF, quant à elle, est bien silencieuse. Elle ne rappelle à personne ni de bien s’assoir, ni que nous allons bientôt démarrer, ni de vérifier si nous n’avons rien oublié avant de quitter le train. À partir de maintenant, j’ai bien intérêt à y penser par moi-même. Arrivée à la gare de Zurich, je veux me précipiter vers un magasin. J’ai déjà une liste dans ma tête : je veux un morceau de gruyère, un vrai sandwich avec du vrai pain, et, tant qu’on y est, une bouteille de vin blanc. Malheur ! Il est 23h30, tout est fermé. Quelle déception. Mais au moins, me dis-je, les gens savent quand s’arrêter de travailler.

Je regarde autour de moi comme une enfant. Tout est plus sobre, plus ennuyeux, mais plus harmonieux. Où est passé Kumamon, la mascotte de Kumamoto ? Et les personnages du manga One Piece tapissés à côté des escaliers roulants ? Ici, le monde des adultes me paraît quand même bien sérieux. Les couleurs sont différentes, elles aussi. Comme c’est drôle ! Dans la lune, je manque de bousculer des jeunes qui zonent devant la gare. Je me confonds en excuses et m’incline quelques fois. Aïe. Il faudra désapprendre les révérences. 

Ici, le monde des adultes me paraît quand même bien sérieux.

J’attends un tram devant la gare. J’ai manqué de m’étouffer en constatant le prix du billet. À côté de moi, deux femmes se tiennent par la main. Ça fait bien un an que je n’ai plus vu de couple s’afficher en public. Je trouve ça plutôt rafraîchissant. 

Le lendemain, le soleil ne s’est pas levé à 5h, accompagné par un tintamarre de cicades ; c’est reposant, pour une fois. Je décide de profiter du beau temps pour faire un saut dans la Limmat avant de rentrer à Fribourg. C’est bourré de monde, mais rien ne m’arrête. Si le Japon est littéralement entouré d’eau, les occasions de se baigner sont moindres. Entre les ports en béton et les murs anti-tsunami, difficile de se baigner près des villes. Et puis, au Japon, la baignade n’est pas une activité très populaire ; qui irait donc de son plein gré se brûler la peau au soleil ? Je hausse les épaules à cette pensée, amusée, avant sauter dans la rivière. Qu’elle est bonne !
 

Ce contenu provient de notre ancien site web. Il est possible que sa mise en page ne soit pas idéale. En savoir plus