Découverte authentique de la Gaspésie

Après avoir commencé mon voyage à Montréal où j’y suis resté durant 1 mois et demi, j’ai décidé de parcourir le Québec afin de découvrir les territoires du nord. Afin de voyager dans cet immense pays, j’ai employé des applications de covoiturage de manière à économiser et rencontrer des gens. Grâce à cela, j’ai fait la connaissance de personnes vraiment intéressantes, telle que Josiane, étudiante de 24 ans en sexologie à l’Université du Québec à Montréal (UQAM). En effet, une des particularités qui peut choquer les Européens est les distances à parcourir. Effectivement, le pays étant énorme, les moyens de transport sont peu développés dans certaines régions.

Après un premier arrêt à Québec chez des amies, j’ai pris quand même un bus pour me rendre à la Matapédia, dans le bas Saint-Laurent, près de Rimouski. J’ai logé alors dans une communauté dans un village de 200 habitants. Cette communauté appelée Los Platos consiste en une grande colocation de 15 individus permanents. Los Platos a été formé surtout par des jeunes, qui ont décidé de quitter la grande ville après la crise du covid. La grande bâtisse où demeure le groupe est en fait un ancien magasin. L’espace est donc énorme, ce qui laisse la place à la créativité des membres et des workawayers (ndlr : un voyageur qui veut s'investir dans les communautés et les lieux qu’il visite) que les jeunes reçoivent.

Mon séjour m’a permis d’apprendre à connaître ces belles personnes, tout en expérimentant le vivre-ensemble, des valeurs telles que le partage, la curiosité, l’empathie. La collectivité partage également certains idéaux comme l’anarchisme, l’écologie, le féminisme, l’anticapitalisme. Un des points les plus intéressants a été de consommer le moins possible, en mangeant les restes des restaurants, les aliments en bon état jetés dans les poubelles en raison de leur date de péremption. J’ai aussi appris à faire du kombucha, de la lactofermentation, reconnaître les herbes médicinales et les faire sécher, cultiver un jardin.

En compagnie de Théo, Sam, Nico et Ico, j’ai appris ce que voulait dire l’entraide. En effet, bien intégrés dans le village, le groupe rend service à la société en contrepartie de nourriture, de jus, confitures, objets dont ils ont besoin.

En outre, au son des musiques québécoises, je me suis intégré dans leur culture : Petit Belliveau, Khlo Pellgan. Los Platos apprécie les soirées d’échange musical en tout genre. Ses membres jouent de l’harmonica, de la guitare, du piano et chantent à tue-tête les différents registres de la musique régionale autour d’un feu de bois. Du côté littéraire, au contact de Laure, j’ai enrichi mes connaissances en littérature québécoise, anarchiste et queer avec des essais novateurs comme Testo Junkie de Paul B. Preciado. Je me suis initié également à la danse contact, valorisant l’équilibre des corps en mouvement, la sensualité des corps entremêlés dans des mouvements circulaires. J’ai rencontré des gens qui se questionnaient sur leur manière de vivre, qui interrogeaient nos rapports à l’autre, notre rapport à nous-même (parce que vivre en communauté, c’est aussi faire des compromis avec soi-même, mais aussi en apprendre plus sur nous-mêmes et nous enrichir), et tout simplement notre rapport au monde. En ce qui concerne la cuisine locale, j’ai pu goûter à la fameuse poutine aux fruits de mer et au barbecue à base d’orignaux et d’ours.

Finalement, à la fin de mon expérience à Los Platos, j’ai fait la connaissance de Clara, une lyonnaise de 22 ans, qui fait le tour du monde durant 2 ans. Le destin semble s’en être mêlé. Clara a le même âge que moi, elle voyage aussi, elle a commencé par le Canada et a décidé de se rendre au Mexique. Au vu de notre bonne entente, nous avons décidé de découvrir le pays des sombreros ensemble début octobre.