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Société

Agroalimentaire. Mark Bittman: «Nous courons vers la catastrophe, sanitaire et climatique»

Agriculture, élevage, alimentation… Un spécialiste américain dénonce les choix suicidaires de nos sociétés occidentales.

«Aux Etats-Unis, 65% de l’alimentation qui est consommée par la population provient de produits ultratransformés», assure Mark Bittman. © Adobe Stock

Gilles Labarthe

Gilles Labarthe

26 février 2024 à 13:00

Temps de lecture : 1 min

L’Histoire aberrante de l’alimentation. 10 000 ans d’impacts sur la santé et l’environnement: voilà le titre alarmiste d’un essai, tout juste traduit en français, publié dans le contexte de grogne des agriculteurs qui traverse l’Europe et la Suisse depuis quelques semaines. Son auteur, un chroniqueur vedette basé à New York, interroge depuis plusieurs années les rapports entre aliments, santé et mode de vie. Mark Bittman reste abasourdi par la capacité de nos sociétés occidentales à produire toujours plus de malbouffe. Au risque de nous détruire, et notre planète avec. Interview.

Vous êtes connu avant tout comme chroniqueur culinaire pour le New York Times et auteur d’une trentaine de livres de recettes de cuisine, mais aussi enseignant aux universités de Berkeley (Californie) et Columbia (New York). Pourquoi vous être lancé dans l’écriture d’un livre aussi dénonciateur?

Mark Bittman: Si nous ne changeons pas radicalement notre rapport à l’alimentation, à sa production et à sa consommation, nous courons vers la catastrophe, sanitaire et climatique. Il nous faudrait à l’avenir trois ou quatre planètes en termes de ressources en énergie, en terres, en eau… pour continuer à produire en suivant le rythme actuel de l’agro-industrie, qui s’est partout imposé dans le monde occidental. Et la situation ne fait qu’empirer, d’année en année, ne serait-ce que par la diminution des ressources en potassium, en phosphore, en terres cultivables encore fertiles, en pétrole et en carburants fossiles, qui aux Etats-Unis est devenue une vraie préoccupation, en plus du changement climatique. On estime ici que ce mode d’agriculture industrielle est à lui seul responsable d’un tiers environ des émissions de CO2, ce qui n’est pas le cas d’autres types d’agricultures dites traditionnelles ou progressives.

Aux Etats-Unis, vous tentez depuis longtemps d’alerter l’opinion publique, comme dans cette conférence Ted où vous avez en 2008 comparé l’invention de l’agro-industrie à la bombe atomique…

C’était il y a une quinzaine d’années, j’étais alors un jeune homme (rires)… Cela dit, dans le milieu académique, des scientifiques devenus très populaires sont arrivés à la même conclusion, comme le biologiste et historien de l’environnement Jared Diamond: pour lui, ce type d’agriculture représente «la pire erreur de l’histoire de l’humanité», comme il l’écrivait déjà à la fin des années 1980.

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