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Histoire vivante

Environnement. Le terrible impact des guerres sur la nature

Déforestation, pollution, empoisonnement, irradiation: la nature paie un lourd tribut aux conflits.

Explosion d’une bombe nucléaire en 1971 dans l’atoll de Mururoa, en Polynésie française. © Keystone

Pascal Fleury

Pascal Fleury

22 février 2024 à 22:05

Temps de lecture : 1 min

Sous Napoléon, il fallait abattre 3000 chênes centenaires pour construire un seul vaisseau de guerre. Durant la guerre du Vietnam, plus de 2 millions d’hectares de forêts et de cultures ont été dévastés par les défoliants et les bulldozers américains. Au Koweït, en 1991, les 700 puits de pétrole incendiés par l’Irak ont anéanti un milliard de barils et provoqué des nuages d’altitude refroidissant l’atmosphère du golfe Persique. En Polynésie française, pas moins de 200 tests nucléaires ont été effectués jusqu’en 1996…

Les guerres et leurs préparatifs sont un fléau pour toute la biosphère. Elles ont causé la mort de 35 à 40 millions de soldats rien qu’au XXe siècle, et probablement cinq fois plus de civils. Mais elles sont aussi une terrible calamité pour l’environnement. Depuis les années 2000, les spécialistes d’histoire militaire, qui s’étaient jusque-là intéressés surtout aux coûts humains, ont commencé à se pencher sur les dégâts que les conflits causaient à la nature. Leur constat est alarmant. Petit tour d’horizon.

Préparatifs dévastateurs

L’atteinte des conflits armés à l’environnement remonte à la nuit des temps. Les champs et les forêts étaient incendiés pour débusquer l’ennemi et l’affamer. Mais ces dégâts disparaissaient en quelques années. Avec l’apparition des armées de masse, dans les années 1790, l’impact environnemental augmente. En 1812, Napoléon rassemble une force d’environ 650 000 hommes. Pourtant, même la bataille de la Moskova, avec ses armées monstrueuses, ses milliers de chevaux et ses innombrables pièces d’artillerie, n’a qu’un modeste impact environnemental.

Tout change au XIXe siècle avec la Révolution industrielle. «Chaque camp mobilise le plus de bois, de métal, de cuir et d’autres matières premières pour construire des fortifications, des lignes de chemin de fer, des armes, des navires», observe l’historien américain John R. McNeill, professeur à l’Université Georgetown à Washington, dans une passionnante Histoire de la guerre1. Durant la guerre civile américaine, qui éclate en 1861, et surtout durant la Première Guerre mondiale, les forêts sont surexploitées, par exemple en France et en Belgique, pour construire les tranchées, les abris et les tunnels. En Grande-Bretagne, la pratique de la culture intensive entraîne une érosion des sols, tandis qu’en Amérique du Nord, le labour des prairies pour y faire pousser du blé dégénère en catastrophe environnementale avec la sécheresse et l’érosion par le vent. Ce Dust Bowl pousse des milliers de paysans à abandonner leurs fermes.

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