Logo

Sur les pas

Phanee de Pool, balade enchanteresse

Ancienne policière devenue «slapeuse», la Biennoise nous conduit vers le lac des Fées, à La Neuveville

Phanee de Pool nous l’assure, «on a vraiment l’impression de voir des fées dans le miroitement des cascades».

 Catherine Favre

Catherine Favre

29 juillet 2021 à 04:01

Sur les pas (4/6) » Pour ce quatrième volet consacré à des lieux inspirants, des fées et des sorcières s’invitent dans la balade proposée par la chanteuse. Et ça se passe à La Neuveville, au bord du lac de Bienne.

Avec son chignon de guingois, sa guitare, ses pitreries et ses rimes rigolotes, Phanee de Pool a fait une entrée fulgurante sur la scène musicale romande. Sa bonne étoile ne la quitte plus depuis qu’un soir de cafard de 2016, l’ancienne policière a posté sur les réseaux sociaux une petite chanson composée dans sa cuisine, Luis Mariano.

Aujourd’hui, la Biennoise ne maîtrise toujours pas le solfège «malgré une maman pianiste concertiste», mais elle a sorti deux albums très remarqués, elle s’est produite au Paléo Festival en 2019, chante accompagnée d’un orchestre symphonique et ne regrette pas le moins du monde d’avoir quitté l’uniforme.

Les sentiers des chamois

Alors, un lieu qui l’inspire? La trentenaire pense immédiatement à la balade de la Sorcière, à La Neuveville, un sentier qui grimpe depuis la bourgade médiévale jusqu’au lac des Fées à travers les vignes, la forêt et des petits ponts enjambant des cascades. «Ici, il y a tout ce dont j’ai besoin, la tranquillité, l’eau, la terre, confie l’ex-policière dans un soupir heureux. Vous pouvez prendre le chemin classique avec les escaliers ou les sentiers sauvages des chamois si vous êtes d’humeur plus aventurière.» Et, juré promis, au petit matin, «on a vraiment l’impression de voir des fées dans le miroitement des cascades…, même si vous êtes complètement clean dans votre tête!»

Fanny Diercksen pour l’état civil, 32 ans, sept ans de bons et loyaux services dans la police bernoise, assume complètement son côté décalé: «C’est un truc hypercool de se retrouver dans des lieux remplis d’imaginaire. Ma vie, c’est un peu ça, un dessin animé de Tex Avery.»

La «slapeuse» – un mot de son invention pour évoquer le mélange de slam et de rap de sa musique – n’a pas abandonné ses jeux d’enfant: «En promenade, je m’amuse à regarder quelque chose en me disant que je suis la seule personne au monde à l’avoir vu, par exemple la plus minuscule des fleurs cachées sous un caillou.»

Ses chansons aussi fonctionnent sur des associations de mots incongrus. Elle nous scande l’un de ses tubes «slapé» à la mitraillette: «Y avait des cheveux dans le lavabo, deux brosses à dents entrelacées, un dentifrice saveur coco, quelques bouteilles de parfum alignées comme des dominos…» «C’est bête, reprend-elle en rigolant, mais j’étais fière d’avoir fait rimer un mot aussi moche que lavabo.»

«Petit krach personnel»

Ce qui n’empêche pas les passages à vide «pour de vrai». Avec la pudeur de l’Auguste, elle avoue «un petit krach boursier moral» enregistré lors de la deuxième vague de la pandémie: «Je sortais mon nouvel album, Amstram, quand j’ai dû annuler tous mes concerts, ça m’a fait un choc, l’impression de tourner à vide.»

Aujourd’hui, tout va bien. Elle travaille à nouveau «à 100 à l’heure», les billets pour ses prochains concerts s’écoulent à toute vitesse et, après trois reports, elle espère enfin pouvoir vernir son album le 6 novembre 2021 à l’Auditorium Stravinski de Montreux.

Même si l’aventure devait s’arrêter un jour, elle ne réintégrerait pas la police: «Mon métier de flic, c’était la drogue, la mort, la misère… Je n’en pouvais plus.» Humant à pleins poumons les senteurs des sous-bois, elle ajoute: «Si j’avais eu cette balade pour me ressourcer, peut-être que j’aurais continué. Mais à l’époque, je n’avais pas cette soupape de décompression, je n’avais pratiquement pas de hobby, je ne voyais pas tous les trucs magnifiques qui me font du bien aujourd’hui.»

La police reste toutefois omniprésente dans ses textes. Tendre et caustique, Amstram, la chanson titre de son récent album, raconte «les méandres de la drogue». Hologramme, son premier disque, jouait sur «la schizophrénie» de son ancienne vie de flic. «J’ai encore besoin de ces élastiques qui me ramènent à ce que j’ai vécu autrefois, avoue-t-elle. Finalement, cette balade de la Sorcière retrace assez bien ma vie. Il y a des montées, des sommets, des descentes, des bas-fonds, des points très colorés avec une vue dégagée et des recoins sombres avec de la roche dure et des fougères.»

Regarder la vie

Avant de nous quitter, cette grande petite fille qui a grandi «dans un cocon d’amour» nous confie la clé de son royaume enchanté: «Quand j’étais petite, au moment d’aller au lit, on se mettait à la fenêtre de ma chambre avec maman et on regardait la vie. Il n’y avait rien à voir, on habitait à la campagne, ma chambre donnait sur un petit jardin et une montagne. Mais ça m’a appris à apprécier chaque moment.»

Ce contenu provient de notre ancien site web. Il est possible que sa mise en page ne soit pas idéale. En savoir plus