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Société

«Economie réelle», tu parles!

La nouvelle exposition du Musée d’ethnographie de Neuchâtel déconstruit les mythes de la société d’abondance et autres prophéties.

Une relecture de l’économie mondialisée est actuellement proposée au MEN. © Noé Cotter/Musée d’ethnographie de Neuchâtel

Gilles Labarthe

Gilles Labarthe

15 janvier 2024 à 17:40

Temps de lecture : 1 min

Société » Les fêtes de fin d’année sont terminées, les repas consommés, les cadeaux distribués… et dans les rues, les poubelles et leurs contenus débordent, témoins multicolores de notre société d’abondance. A quoi rime tout cet étalage de richesses matérielles? Et pourquoi cette richesse n’est-elle pas mieux répartie sur la surface du globe, après tant de promesses de progrès, de développement?

Pour entamer 2024 avec de nouvelles clés de lecture, un détour par le Musée d’ethnographie de Neuchâtel (MEN) s’impose. Voyez son affiche, impossible à ignorer avec ses bandes rouges, bleues et jaunes tirant l’œil et ses symboles monétaires clinquants: dollars, euros, mais aussi yen japonais. Et son titre énigmatique, explosant en toutes lettres: Cargo Cults Unlimited. L’expression renvoie aux «cultes du cargo», désignant un ensemble de rites apparus en Mélanésie chez des communautés autochtones confrontées à la violence — physique, mais aussi symbolique — de la colonisation dès le XIXe siècle. Stupéfaites, elles observent le déversement continu par navires, cargos puis avions entiers, de tonnes de marchandises sur les rives de leurs lointaines îles du Pacifique.

Le phénomène leur paraît si incompréhensible que seule une manifestation divine semble pouvoir l’expliquer. Pour s’attirer à elles aussi ces faveurs du Ciel, des leaders de communautés recommandent d’imiter ces comportements occidentaux, avec les moyens du bord: arrangements floraux, simulacres de zones portuaires, de pistes d’atterrissage et de tours de contrôle, alignements de branchages et guérites de bambou tressé.

Et si notre propre rapport à l’économie mondialisée, que nous pensons rationnel, mécanique et maîtrisé, était lui aussi empli de rituels, de croyances, de pensée magique? Comment interpréter une telle fétichisation des grandes marques, la soif d’imitation et d’ostentation des signes extérieurs de richesse?

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