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Ukraine. "Se substituer" à l'aide US, un "devoir de civilisation" pour l'UE

La France va s'efforcer de "réunir tous les moyens possibles", avec d'autres pays européens, pour "se substituer" à l'aide militaire US à l'Ukraine, a assuré mardi le Premier ministre français François Bayrou. Il a évoqué un "devoir de civilisation" pour l'UE.

"Le mot de suspension ne trompe personne. La suspension dans la guerre de l'aide à un pays agressé, ça signifie qu'on abandonne le pays agressé et qu'on accepte ou qu'on souhaite que son agresseur l'emporte", a lancé Françaois Bayrou devant les sénateurs.KEYSTONE/EPA/YOAN VALAT

ATS
AFP

ATS et AFP

4 mars 2025 à 20:34, mis à jour à 20:42

Temps de lecture : 2 min

Devant l'Assemblée nationale puis le Sénat, le chef du gouvernement français a haussé le ton face à Donald Trump, après l'annonce par Washington de la suspension de son aide militaire à l'Ukraine.

"Le mot de suspension ne trompe personne. La suspension dans la guerre de l'aide à un pays agressé, ça signifie qu'on abandonne le pays agressé et qu'on accepte ou qu'on souhaite que son agresseur l'emporte", a lancé M. Bayrou devant les sénateurs. "C'est évidemment absolument insupportable" pour la France et les Européens, "attachés à la Charte des Nations unies", a-t-il ajouté.

Un peu plus tôt devant les députés, le Premier ministre avait déjà assuré que "l'enjeu" pour la France sera de "réunir tous les moyens possibles pour se substituer autant que possible à une aide internationale qui aurait été arrêtée", et venir en aide à l'Ukraine en matière de munitions, d'"un certain nombre de systèmes pour le renseignement" ou encore d'accès "à des réseaux et à la connectivité".

"Trains entiers stoppés"

"C'est un effort considérable que les Européens, en tout cas ceux parmi les Européens qui sont décidés à aider l'Ukraine, doivent réunir", a-t-il ajouté.

Le Premier ministre a assuré que les livraisons d'aide américaine sont déjà en train de cesser: "Des trains entiers qui étaient chargés à destination de l'Ukraine sont stoppés et interdits de se rendre à leur objectif", a-t-il affirmé.

"Coalition des armées européennes"

Devant cet "abandon des principes", "beaucoup d'entre nos concitoyens se trouvent désespérés" mais "le message et la vision du gouvernement, c'est que nous ne pouvons pas désespérer", a martelé le Premier ministre au Sénat, évoquant "une heure de vérité" pour l'Europe. "C'est un devoir de civilisation que nous avons à remplir", a-t-il ajouté.

Sur le même ton que lors d'un débat similaire la veille devant les députés, François Bayrou a salué la réaction du président ukrainien Volodymyr Zelensky devant "l'intimidation" de Donald Trump à la Maison Blanche, lorsque ce dernier avait menacé de "laisser tomber" l'Ukraine. Des mots "extrêmement violents" prononcés de "manière brutale et méprisante" par le locataire de la Maison Blanche, selon lui.

Balayant l'idée d'une "armée européenne", François Bayrou a néanmoins affirmé que l'UE ne devra pas "s'en remettre perpétuellement à d'autres", appelant à "l'organisation, la coordination, le rapprochement des armées européennes", avec "au bout de ce chemin, si la volonté s'exprime (...) une mutualisation des armements".

"Cette coalition des armées européennes, partageant leurs avancées, c'est la clé de l'avenir", a-t-il insisté.