La gare en crise fait l’unanimité

Rail » L’image restera, tant l’union des forces est rare au sein du Conseil communal (législatif) lausannois. D’Ensemble à gauche jusqu’à l’UDC, tous étaient réunis hier devant la gare de Lausanne pour exprimer mécontentement, colère et revendications après l’annonce vendredi d’un nouveau report à 2037 pour la fin des travaux. Une telle «union sacrée» ne s’était plus vue, semble-t-il, depuis le lancement du chantier Métamorphose et le début de la guerre de la Russie contre l’Ukraine.

Les intervenants l’ont dit chacun à leur manière, mais avec tous un constat qui n’allait malgré tout pas de soi il y a quelques années: Lausanne, Vaud, mais aussi la Suisse romande ne peuvent plus se passer d’infrastructures de transport public performantes. Pour l’instant, les interrogations des politiques ne portent pas sur des considérations plus vastes, et peut-être plus dérangeantes, comme les implications d’une croissance forte (de 800 000 habitants, Vaud devrait atteindre le million vers 2040). La priorité est au développement rapide de la gare de Lausanne et de ce qui s’y rattache, en particulier les liaisons par métro, soit améliorée pour le m2, soit nouvelle pour le m3.

Cohésion nationale

Président du groupe socialiste, Louis Dana a ouvert les feux, en mettant en exergue cette «concorde assez rare» entre les partis décidés cette fois «à parler d’une seule voix». A ses yeux, «les transports publics, les CFF en particulier, sont une des plus grandes richesses de la Suisse, un élément de cohésion nationale, au moins autant qu’une banque d’importance systémique». Le socialiste juge que «l’on s’est senti maltraité par l’Office fédéral des transports (OFT) et les CFF», ce qui a engendré «une colère certaine».

Les retards de la gare ne relèvent pas du désagrément, a martelé Virginie Cavalli, coprésidente des Vert’libéraux du Grand Lausanne. «Ma génération qui abandonne la voiture pour les transports publics va être péjorée ainsi que toute la région par les retards à Lausanne. On nous a menés par le bout du nez, la confiance est rompue», a-t-elle affirmé en parlant de situation «peu reluisante» puisqu’il faut presque «repartir de zéro». Accélérons le mouvement, a lancé la vert’libérale.

Pour Ilias Panchard, coprésident des Verts lausannois, il y a clairement une inégalité de traitement entre les cantons et les communes, alors que les investissements sont «insuffisants» en Suisse romande et que l’on peine à imaginer «un trou de Tolochenaz entre Berne et Zurich».

Le petit commerce est en difficulté, a souligné de son côté Valentin Christe, chef du groupe UDC au Conseil communal qui tance les CFF et l’OFT pour «leur désinvolture, leur irrespect». Il y a des responsabilités quand on dirige des projets de cette taille et «il serait utile que les commissions de gestion à Berne se saisissent de ces questions. Le préjudice est grand», selon lui.

Des habitants ont dû partir, quitter leur logement, abandonner une partie de leur vie, alors qu’aujourd’hui on parle d’années de retard, s’est indigné Johan Pain, élu d’Ensemble à gauche. La gare de Lausanne est «une priorité nationale. Comment peut-on découvrir si tard les problèmes de stabilité et faire de telles erreurs de conception? C’est du travail bâclé! Les CFF doivent compenser de manière adéquate les riverains et les usagers», a-t-il exigé.

Faciliter l’accès

Présidente du PLR lausannois, Mathilde Maillard a parlé «d’atteinte» portée non seulement au développement de Lausanne, mais aussi aux transports publics. Elle a demandé «des garanties» à la Confédération pour des dédommagements de «chaque centime investi par la ville».

D’ici là, les élus souhaitent que rien ne soit entrepris par les autorités qui rende encore plus difficile l’accès à la gare, sujet de polémique récurrent. Des représentants des CFF et de l’OFT ont assisté «en auditeurs» à la conférence de presse. Ils ont invité les responsables des partis à une rencontre d’explications qui doit se tenir prochainement.