Payerne. une start-up veut révolutionner l'aviation
Basée dans la Broye, l’entreprise Destinus veut embarquer des passagers dans des avions-fusées à hydrogène liquide dès 2030
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9 février 2023 à 12:58
Innovation » Long de 10 mètres et d’une envergure de 3,50 mètres, avec ses couleurs criardes, le prototype Eiger ne passe pas inaperçu. Installé dans un vaste hangar au Swiss Aeropole de Payerne l’engin est de retour de Munich (D) où il a effectué plusieurs vols tests. Il est le fruit de longs mois de travail des équipes de l’entreprise Destinus, qui ambitionne ni plus ni moins de révolutionner l’aviation.
Fondée en 2021 par l’entrepreneur russe Mikhail Kokorich et basée à Payerne, la société tente de développer des avions-fusées hypersoniques carburant à l’hydrogène liquide. Ils pourraient atteindre plus de 6000 km/h, «soit faire le tour du globe en 4 heures au niveau de la stratosphère», note Martina Löfqvist en charge du développement commercial.
Elle mène la visite ce jour-là, Mikhail Kokorich étant absent. Le marché visé est celui des vols longs-courriers intercontinentaux. Destinus espère embarquer ses premiers passagers dès 2030. Alors, coup de génie ou de folie? Récemment, Eiger a atteint 250 km/h lors d’essais d’une durée d’environ 5 minutes avec un moteur alimenté au kérosène. Le chemin à parcourir semble encore long.
Un site de test
Sur les 80 personnes travaillant pour l’entreprise, 25 sont engagées sur le site de Payerne. «Nous avons des bureaux en Espagne, en France et en Allemagne car nous souhaitons avant tout être une société européenne», explique Martina Löfqvist. Une stratégie permettant également «de ne pas être soumis aux règlements d’un seul pays. Il était plus facile, par exemple, de faire les essais en Allemagne qu’en Suisse», remarque-t-elle encore.
Si les prototypes ne décollent pas de la piste payernoise, de nombreux tests sont effectués à l’Aeropole. A l’extérieur du hangar, un container abrite un moteur d’avion. «C’est ici que nous avons testé pour la première fois un système de postcombustion ajouté à un moteur carburant à l’hydrogène», indique Martina Löfqvist. Son collègue Julio Marcelino, ingénieur en charge de la production renchérit: «C'est l'association de ces deux éléments, l'hydrogène et la postcombustion qui est innovante.» Notons que la postcombustion désigne un système principalement utilisé sur les avions militaires, qui a pour objectif d’accroître temporairement la poussée notamment en enflammant le kérosène. L'hydrogène est le carburant utilisé dans les fusées. Plus puissant que le kérosène, il permet de voler plus loin, plus longtemps. «Il s’agira ensuite d’installer de tels moteurs sur des prototypes afin de les faire voler à une vitesse supersonique, au-delà de 1000km/h et cela d’ici une année», souligne Martina Löfqvist.
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